"On a peur des représailles". Deux établissements de Libourne visés par des menaces de mort, un lycée reste fermé

Deux établissements de Libourne ont été visés par des menaces de mort, dont certaines à caractère raciste, envers des membres de l’équipe pédagogique. Lundi 4 décembre, les professeurs ont exercé leur droit de retrait. Si le collège Marguerite Duras a repris les cours ce mardi, le lycée Jean Monnet garde ses portes closes.

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Il n’y aura pas de cours ce mardi au lycée Jean Monnet, de Libourne. Les professeurs ont exercé leur droit de retrait après la découverte lundi d’une lettre manuscrite insultant une professeure de "sale bougnoule" et la menaçant, ainsi que "tous les élèves arabes", de les "égorger". 

Plainte déposée

Une plainte a été déposée par l’établissement dans la foulée. De son côté, l'équipe enseignante attend désormais la marche à suivre du rectorat. "Nous avons reconduit notre droit de retrait aujourd'hui mais dès demain, cela pourrait basculer en droit de grève. Sauf qu'aujourd'hui, les conditions ne sont pas réunies pour retourner en cours", indique un professeur du lycée, membre de la CGT.

Une enquête a été ouverte, et est menée par la gendarmerie de Libourne pour identifier le ou les auteurs des menaces. "On est tous effarés, on n'a pas dormi de la nuit", indique cependant cet enseignant.

On ne peut pas retourner en classe dans ces conditions, et gérer les animosités qui pointent déjà entre les élèves.

un professeur du lycée Jean Monnet

Au collège Marguerite Duras, également visé par des menaces de morts, depuis vendredi 1ᵉʳ décembre, l’ambiance est particulière ce mardi matin. À l’entrée, des policiers opèrent des fouilles de sacs, auprès de chaque élève et membre des équipes pédagogiques. "Le rectorat a dépêché une personne de l’équipe mobile de sécurité du rectorat. Il est encore sur place aujourd’hui et navigue entre les deux établissements. Nous attendons également une audience auprès de la DASEN”, nous confie une professeure. Un élève avait en effet menacé un de ses professeurs.

Pour autant, enseignants et personnels de la vie scolaire ne sont pas surpris. “Nous avons une vraie montée des violences. Deux femmes ont été victimes d’agressions physiques et sont aujourd'hui en arrêt maladie. On avait reçu une première menace quelques jours avant”, détaille une enseignante, membre du SNES. 

 “On a des collèges qui ont peur"

Ce climat tendu n’est donc pas récent. “Il y a une forme d’impunité pour les élèves. Les sanctions pédagogiques ne sont pas suffisamment sévères, ils se disent qu’ils ne seront exclus que deux jours”, regrette l’enseignante. De quoi transformer la salle des professeurs en lieu de décharge des inquiétudes. “On a des collègues qui ont peur de faire leur métier et que certains élèves mettent en place des représailles quand ils sont mécontents”, indique cette professeure.

Même constat au lycée Jean Monnet. "Lorsqu'on demande aux élèves d'avoir leur matériel, ou d'être présent, il faut se battre", indique un enseignant. Si de telles menaces sont rares dans l'établissement, les tensions sont omniprésentes. "Quand on vient en cours à 8 h le matin, on ne sait pas comment ça va se passer. Ça peut déraper en un clin d'œil", regrette un autre enseignant de l'établissement.

Face à la situation, les syndicats demandent à augmenter les moyens, pour assurer la sécurité des cours, ainsi qu’une reconnaissance de l’établissement en REP. Une demande que l’établissement formule depuis plusieurs années.  “Nous sommes face à un public de plus en plus difficile sur ce collège. Il faut pouvoir remplacer les personnes arrêtées, augmenter le nombre d’AESH, trop peu nombreuses”, liste la syndicaliste du SNES. 

Rencontré à la mi-journée, le rectorat affirme soutenir les deux communautés éducatives. Au collège Marguerite Duras, l'élève concerné ainsi que ses parents ont été convoqués. Un conseil de discipline est prévu. "Nous avons également répondu à la demande d'un rendez-vous avec l'équipe enseignante", affirme Marie-Christine Hebrard, la DASEN de Gironde.

Fuite des bons élèves

Ce contexte a d’ailleurs un double effet négatif sur l’établissement. “Les élèves en difficulté se sentent abandonnés et peuvent ressentir une forme de frustration, qui se traduit parfois par de la violence. Et en parallèle, cette réputation que le collège commence à avoir, fait fuir les bons élèves vers des établissements privés”, soupire l’enseignante.

Sur Twitter, le maire de Libourne, Philippe Buisson a indiqué que "les motivations" de l'élève auteur des menaces "d'égorger son professeur comme un cochon", "ne sont absolument pas dérivées d'une radicalisation islamiste". "Il s'agirait plutôt d'un racisme d'ultra-droite".

Si le maire indique soutenir les équipes pédagogiques des deux établissements, il a également rappelé que, malgré l'intervalle de quelques jours entre les deux faits, "ces derniers sont déconnectés de la vie quotidienne et scolaire dans ces établissements". 

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