Alors que l'hiver a été rude sur l'ensemble du littoral aquitain, touché par une érosion de plusieurs mètres, les habitants de la cité balnéaire de Lacanau ne comprennent pas que les autorités laissent construire deux nouveaux immeubles, boulevard de la plage.
Les permis de construire ont été accordés par l'ancienne municipalité en Décembre 2012. C'était bien avant les tempêtes dévastatrices de l'hiver dernier.
Deux grandes maisons typiquement canaulaises vont être détruites, pour laisser la place à deux immeubles de 7 et 15 logements, face à la plage, avec vue imprenable sur la mer.
"Mon prédecesseur s'est basé sur le plan d'occupation des sols, il a suivi les recommandations des services de l'Etat" explique le maire actuel de la commune, Laurent Peyrondet.
Ces constructions sont tout à fait légales mais les riverains ne comprennent pas.
"Ca paraît complètement aberrant. Les gens sont attérés qu'on puisse imaginer de construire à un endroit qui risque d'être détruit dans les 30, 40 ans" nous confie l'un d'entre eux.
Car la commune de Lacanau a été sévèrement abîmée par l'érosion, avec un recul de son trait de côte de 10 à 20 mètres par endroit. Un phénomène naturel, qui semble irréversible, et qui devrait se poursuivre dans les décennies à venir.
"Les gens nous voient faire des travaux, se disent ma foi, on est sauvés" mais on sait très bien que dans 40 ans, notre plage centrale n'existera plus. Il faut se préparer à relocaliser, peut-être défendre, mais il faut que ça rentre dans l'esprit des gens: l'érosion n'est pas un vain mot", précise le maire.
Il envisage différents scénarii, allant d'une "défense dure" du front de mer, qui sacrifierait la plage, à des "relocalisations", avec une dune laissée plus ou moins sauvage.
Au final, ce sont sans doute les coûts induits dans ces hypothèses de repli pour Lacanau, qui pourraient dépasser les 300 millions d'euros, qui décideront, ou dissuaderont des travaux.
La plage prête pour la saison
Ces derniers mois, 30 000 tonnes de roches ont été charriées à Lacanau pour renforcer les fondations de la dune, afin que la saison estivale avec ses milliers de touristes, puisse se dérouler sans faille.
"On a ouvert nos plages depuis le 1er mai au nord et au sud. On est prêt à recevoir tout le monde et on ouvrira la plage centrale le 1er juillet", affirme Laurent Peyrondet. "Sans ces trois mois de travaux d'urgence, on n'aurait pas pu faire la saison", souligne l'élu, qui estime la facture à 2,8 millions d'euros et mise aussi sur le "réengraissement naturel" de la plage en cette période, espérant au moins 2 m de sable.
A l'échelle du littoral aquitain, 7,2 millions d'euros de ces travaux "d'urgence" ont été engagés, l'Etat en assumant 30%.