Le jeune maire centriste Florent Fatin sera-t-il réélu ? Rien est joué. Face à lui, le candidat du RN Grégoire de Fournas est en embuscade et le divers droite William Pouyalet a aussi sa chance. La participation dimanche 28 juin sera décisive.
Le maire centriste Florent Fatin, élu à 29 ans lors des dernières élections municipales en 2014, espère bien une réélection. Le 15 mars dernier, il est arrivé en tête avec 34,64 % des voix. La participation a été faible : 50,95 % soit à peine un électeur sur deux.
Un maire sortant jugé "autoritaire" et très critiqué par ses adversaires
Confiant, Florent Fatin assure avoir lancé une dynamique dans cette petite commune du Médoc et avoir remis la ville sur de bons rails financiers. Ses opposants en revanche lui reprochent une action municipale "autoritaire", "une famille omniprésente" dans la gestion communale et d'avoir tout misé sur le tourisme et l'œnotourisme pour développer Pauillac, la ville au nom internationalement connu.
C'est une erreur d'avoir misé sur le tourisme et l'œnotourisme qui fonctionnent seulement quatre mois de l'année. Les huit autres mois, Pauillac se meurt.
Le candidat RN, Grégoire de Fournas, est arrivé en deuxième position au premier tour avec 27,12% des suffrages soit une centaine de voix d'écart avec le maire sortant. Il mise sur une plus forte participation le 28 juin.
Le RN bénéficie d'une large réserve de voix car la participation a été faible au premier tour.
Pauillac : ses Grands crus, sa précarité et son immigration
Pauillac est le symbole d'une ville à deux vitesses. Château Lafite, Mouton Rothschild, château Latour, des Grands crus qui cachent une autre réalité : plus de 10% de chômage, deux tiers de la population trop précaire pour être imposée. Pauillac, ses châteaux prestigieux d'un côté et de l'autre, ses maisons vides et sa rue commerçante, où les boutiques ferment les unes après les autres. C'est dans ce territoire historiquement à gauche, que le RN (et avant le FN) poursuit sa conquête de l’estuaire de la Gironde, ce croissant de la pauvreté qui connait la crise économique et la mondialisation. Grégoire de Fournas, à la tête d'une exploitation viticole familiale, a profité de cette poussée de l'extrême droite dans le Médoc pour devenir l'un des premiers conseillers départementaux RN lors des dernières élections.
Dans ces élections municipales, le candidat RN surfe sur l'ouverture d'un centre d'accueil pour les migrants mineurs non accompagnés pour introduire dans la campagne "les dangers de l'immigration", sujet de prédilection de Marine Le Pen et de son parti. Ce centre d'accueil n'a rien à voir avec l'immigration dans le Médoc qui a toujours existé car les immigrés y viennent pour travailler dans les vignes et ils se sont toujours bien intégrés. Sauf que la mondialisation a rebattu les cartes et les nouveaux ouvriers agricoles arrivent désormais des pays de l'Est ou d'Espagne depuis la crise de 2008. Une main d'oeuvre toujours moins cher et juste de passage ce qui a accru la concurrence localement dans la vigne, seul secteur d'activité économique dans cette partie du Médoc.
La participation sera déterminante dimanche
William Pouyalet, ancien maire-adjoint aux finances, entend bien prendre sa revanche sur Florent Fatin auquel il repproche "une mauvaise politique de la ville". Le candidat DVD a obtenu 26,67% des voix au premier tour, talonnant le candidat de Marine Le Pen. Et au second tour, il bénéficie du soutien de Hervé Freyssinet, le candidat divers gauche qui a obtenu 11,6 % des voix mais qui a choisi de se retirer. En additionnant les scores de ces deux candidats, le maire sortant serait ainsi battu. Mais le report de voix va-t-il fonctionner de la gauche vers la droite ? Rien est moins sûr...
►VIDEO : Retrouvez les arguments des 3 candidats en lice dans notre reportage sur la bataille de Pauillac pour les élections municipales 2020 : rien est joué !