Dans la nuit du 27 au 28 décembre 1999, la tempête Martin frappait durement le Sud-Ouest et en particulier la Gironde, provoquant la mort de deux personnes et détruisant une grande partie de son massif forestier. Comment la forêt s'est-elle remise 20 ans après ?
Lors de la tempête Martin 28,2 millions de mètres cubes d'arbres ont été abattus dans le massif aquitain, dont 20 millions pour la seule Gironde (la moitié dans le Médoc).
Je me souviens encore de mon pauvre père de 70 ans, agard, découvrant les dégâts et il était complètement paumé. Avec cette tempête, le paysage avait changé du jour au lendemain. Bruno Lafon, sylviculteur girondin.
Trois ans de récolte d'arbres perdus
Bruno Lafon est le président de la COBAN ( la communauté de communes du bassin d'Arcachon) et maire de Biganos. Il est aussi propriétaire de 60 ha de forêt, des pins maritimes et des chênes plantés sur les communes de Biganos et Audenge, près du bassin d'Arcachon. En 1999, Il était vice-président du syndicat des sylviculteurs et il se souvient très bien de cet épisode "très traumatisant" pour lui, son père, également sylviculteur, et pour toute la filière bois locale.
"Lors de la tempête Martin des vents violents et tourbillonants ont souflé à plus de 170 km/h sur la forêt. Le sol était détrempé car il avait beaucoup plu les semaines précedentes. Du coup, beaucoup de pins sont tombés, couchés au sol, d'autres ont eu leur cime décapitée et leur tronc vrillé", raconte Brunon Lafon.Je me souviens que la forêt était méconnaissable. quand on est sorti de chez nous et qu'on a vu l'ampleur des dégâts, on ne se reconnaissait plus sur nos parcelles. C'était l'apocalypse sur nos propriétés. Bruno Lafon.
►VIDEO : voir notre reportage réalisé au lendemain de la tempête de 1999 dans le Médoc :
"C'est un préjudice économique énorme et aussi psychologique"
Jean-Jacques Heyraud est sylviculteur sur la commune de Hourtin dans le Médoc. La tempête de 1999 a détruit ses arbres et représente "une perte finacière de 400 000 euros".
On ne s'en remet pas totalement. Au-delà de la perte économique, il y a l'aspect psychologique. Je suis très attaché à mes arbres, alors une tempête comme celle de 1999, on n'a vraiment pas envie de revivre ça. Aujourd'hui, je ne suis pas sûr d'avoir le courage de tout reboiser si cela devait à nouveau arriver. Jea-Jacques Heyraud, sylviculteur.
►VIDEO : Voir notre reportage sur la tempête de 1999, 20 ans après. quel souvenir en garde Jean-Jacques Heyraud, sylviculteur à Hourtin dans la Médoc. Quels sont les grands enseignements tirés par la filière bois papier . Réponses avec Bruno Lafon, ancien président du syndicat des sylviculteur de Gironde.
Quels sont les enseignements tirés de la tempête de 1999 ?
La filère bois a été particulièremnt sinistrée après la tempête Martin et elle s'est retrouvée démunie face à l'ampleur des dégâts. Pour rebondir et sauver le bois commercialement qui était à terre, les professionnels ont tiré deux enseignements.Le premier a été de s'équiper de machines d'abbatage. "Avant la tempête, il n'y en avait que trois pour tout le massif forestier car le travail été fait par des bûcherons. Aujourd'hui, la filière dispose de 350 machines. Le métier de bûcheron disparaît peu à peu, mais à la place nous avons créé quatre emplois qui sont nécessaires pour faire fonctionner les engins", explique Bruno Lafon.
Le second enseignement a été la conservation du bois. "Aujourd'hui nous savons conserver des troncs coupés durant plusieurs années grâce à un système d'arrosage du bois qui permet de stocker et de le préserver durablement en bon état".
En janvier 2009, encore plus de dégâts avec la tempête Klaus
La forêt est une culture à risque car on est jamais à l'abri d'une tempête et on plante pour récolter sur une génération. Sans compter les incendies et les insectes favorisés par la sécheresse. Bruno Lafon, sylviculteur.
Ce week-end encore, les sylviculteurs n'ont pas dormi tranquilles avec la tempête Amélie, première tempête de l'autonome. "Les vents ont atteint 163 km/h sur le bassin d'Arcachon mais les dégâts sont restés limités et très éparses. Ce sont des pins déjà fragiles qui sont tombés. En revanche, j'ai perdu plusieurs chênes dans un airial", témoigne Bruno Lafon.
Mais en 2009, les sylviculteurs ont à nouveau vécu un très mauvaise épisode avec la tempête Klaus qui a été particulièrement virulente dans notre région. Cette fois, ce sont 210 000 ha de forêt qui ont été détruits soit 40 millions de m3 à terre. Ce fut pire qu'en 1999 (170 000 ha détruits).
La forêt a su se relever des tempêtes de 1999 et de 2009
Selon le syndicat des sylviculteurs," la forêt a su se relever. Tout a été reboisé sauf 30 000 ha qui sont perdus". Mais les conséquences ont été très lourdes pour certains propriétaires forestiers qui comptaient sur la vente du bois pour financer leur mince retraite agricole. Dans le Médoc qui fut durement frappé en 1999, la tempête a laissé des traces...
►VIDEO : voir cet autre reportage sur les dégâts subis par les sylviculteurs et la filière bois, suivi de l'interview de Bruno Lafon en 1999 :
►VIDEO : retour sur les images marquantes du 27 et 28 décembre 1999 en Aquitaine