C'est une tour étrange, surmontée de bras articulés. À Gradignan, près de Bordeaux, la Tour Chappe, du nom de son inventeur français, est l'ancêtre de nos moyens modernes de télécommunications. On vous explique comment elle fonctionnait, tout en ingéniosité.
Max Remazeilles est le guide d'une drôle de tour. Une Tour Chappe témoignant de la création du premier réseau de télécommunications au monde en 1794. Des bras articulés, un système de code, tout cela est bien mystérieux, mais ça marchait.
La manipulation n'est pas très aisée. À l'époque, ils devaient avoir de gros bras, je suppose.
Max Remazeilles,Pdt de l’Association pour la sauvegarde du matériel et de l’histoire des télécommunications d’Aquitaine (Amhitel)France 3 Aquitaine
Des codes bien curieux
Mais de quoi s'agit-il ? Lorsque le Français Claude Chappe invente le télégraphe optique au XVIIIᵉ siècle, il met au point un système de codage à partir de deux bras articulés.
Les mots codés sont relayés de tour en tour. Objectif : accélérer la transmission des messages.
Par exemple, il ne fallait plus que 4 heures au lieu de 4 jours pour envoyer des informations de Paris à Bordeaux. Autant dire une petite révolution !
Le système de poulies, grâce à un répétiteur, permettait de reproduire la position des bras. Les stationnaires, chargés de cette mission, ignoraient la plupart du temps le sens des messages qu'ils envoyaient.
Sous Napoléon 1er, la codification secrète fut beaucoup employée par les militaires. Les tours fonctionnèrent jusqu'en 1855, détrônées par le télégraphe électrique et l'arrivée du Morse. Le tracé des tours servira plus tard de base au réseau hertzien.
Le Musée des Techniques, à Beautiran au sud de Bordeaux, propose actuellement une exposition sur l'histoire des Télécommunications. Il est possible d'y voir des maquettes pour mieux comprendre le mécanisme des Tours Chappe.
Un patrimoine à préserver
Avec son association, l'Amhitel, ce passionné s'est battu pour la sauvegarde de ce vestige rare : il n'existe plus qu'une vingtaine de tours en France.
Cinq seulement ont été restaurées sur les 500 existantes, avec un mécanisme fonctionnel, dont celle de Gradignan.
Elles sont aujourd'hui classées monuments historiques. Max Remazeilles rêverait de l'ouvrir au public tous les jours. Pour le moment, l'accès se fait uniquement sur rendez-vous.