Sanctuaire d’Arliquet : cent cinquante ans d’histoire

Ce 8 décembre 2018, on célèbre le cent cinquantenaire du sanctuaire d’Arliquet. La chapelle de brique rouge, unique en Limousin, abrite une « Vierge de Pitié » du 16è siècle, témoin du passé ancien de ce site religieux situé au bord de l’Aurence, non loin d’Aixe-sur-Vienne (87).
 

"Lieu retiré", "lieu contenant des reliques"... Si l’origine du nom "Arliquet" est incertaine, les historiens s’accordent à dire que le site est, depuis longtemps, voué au culte.

Non loin de l’actuelle chapelle, existe une fontaine à dévotion et selon une légende, c’est là qu’au Moyen-Âge un ermite a sculpté une statuette de la Vierge, peut-être la première représentation de Notre-Dame d’Arliquet.

Au 14è siècle, le nom d’Arliquet apparaît dans des documents paroissiaux d’Aixe-sur-Vienne.
Il y est question d’une chapelle, "carré long, que sa toiture écrase et dont quelques pas mesurent sa largeur", avec son cimetière.
 


Jusqu’à la Révolution, Arliquet conserve cette fonction de chapelle funéraire et de lieu de sépulture pour les habitants des quartiers et villages environnants mais on vient aussi y vénérer la Vierge.

L’épreuve de la Révolution

Dès le 16è siècle, une Piéta en bois polychrome est posé sur l’autel de la modeste chapelle.

Cette "Vierge de Pitié" soutenant le corps du Christ, qui a traversé les siècles jusqu’à nous, les fidèles viennent d’Aixe-sur-Vienne, plus rarement d’au-delà, prier celle que l’on appelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs mais aussi, Notre-Dame-des-Reliques.

Une dévotion qui, en 1789, sauve la statue : lorsque la Révolution éclate, des riverains la  retirent de la chapelle, l’emportent et la cachent jusqu’à la fin de la période révolutionnaire.

La chapelle subit, elle, le sort de tous les lieux de culte : la cloche est fondue et le 15 décembre 1791, Arliquet est vendu aux enchères.

C’est un notaire d’Aixe qui l’achète, avant de partager sa propriété en créant, le 21 juillet 1793, une association de huit membres qui devient propriétaire et sauve ainsi la chapelle de la destruction.  

Il faut attendre le Concordat de 1801 pour que la chapelle d’Arliquet retrouve sa vocation religieuse.

19è siècle : le renouveau

1858 est une grande année pour Arliquet : le mardi de Pâques est celui de l’agrégation du sanctuaire à Notre-Dame-de-Loretto, la "maison de Marie", en Italie.
Arliquet obtient des privilèges spirituels identiques à ceux du plus grand sanctuaire marial de l’époque. 

Artisans de ce rapprochement : l’abbé Chapelle, curé d’Aixe depuis 1851, et l’abbé Rouard de Card, un prêtre dominicain qui voue une grande dévotion à la Madone de l’Aurence.

Ce dernier, lors d’un pèlerinage à Notre-Dame-de-Loretto, est frappé par la ressemblance entre les deux chapelles.
Il demande alors et obtient du Vatican l’agrégation d’Arliquet au sanctuaire italien.
 
Plusieurs centaines de personnes assistent à la fête de l’agrégation, la vieille chapelle est trop petite pour contenir tous les paroissiens

En 1863, l’abbé Chapelle annonce la construction d’une nouvelle chapelle, la première pierre est posée le 19 avril 1865.  

Mais la souscription auprès des habitants d’Aixe-sur-Vienne ne permet pas de concrétiser le projet d’une grande église en granit. Trop cher…

L’abbé Cheval, prêtre du diocèse de Montauban chargé de la réfection du sanctuaire de Rocamadour, convainc les Aixois de construire autrement :
"Vous voyez grand et  vous n’en n’avez pas les moyens ! Regardez donc vers le Nord et le Sud de la France. Il s’y construit des églises en brique et pierre calcaire dont le prix de revient est nettement moins élevé que la construction en pierre. Cette option me permettrait de présenter une solution qui entrerait dans le cadre de votre financement."

Car la matière première est là, dans la terre d’Aixe-sur-Vienne, la pierre blanche vient de Chancelade, en Dordogne.

Mais en Limousin, on ne sait pas construire en brique.
Ce sont des ouvriers du nord de la France et de Belgique qui vont bâtir la chapelle d’Arliquet, cuisant sur place un million de briques pressées et moulurées.

Le 8 décembre 1868, Notre-Dame d’Arliquet entre dans son nouveau sanctuaire.

Pour l’anecdote…
Quelques heures avant la cérémonie, une statue haute de trois mètres, pesant mille cinq cents kilos, doit être hissée au sommet du frontispice mais l’échafaudage permettant de la soulever s’effondre.
La statue s’écrase devant la chapelle, sans faire aucune victime parmi les ouvriers.

Le lendemain, l’abbé Chapelle trouve dans sa boite aux lettres une enveloppe anonyme contenant 800 francs, prix d’une nouvelle statue qui est, aujourd’hui encore, tout en haut de la chapelle.  
 

Arliquet, suite de l’histoire… Et péripéties…

L’abbé Chapelle s’éteint le 15 décembre 1873, sans voir l’achèvement du sanctuaire d’Arliquet.  

Le 10 juin 1890, au lendemain de la clôture des ostensions d’Aixe-Arliquet, Monseigneur Renouard, l’évêque du diocèse, consacre la chapelle et bénit le Calvaire et le Chemin de Croix, inaugurés en 1875.

Le dimanche 25 septembre 1892, Notre-Dame d’Arliquet est couronnée.

C’est une faveur exceptionnelle, accordée par les autorités vaticanes selon des critères rigoureux : ancienneté de la vénération par les fidèles, importance du pèlerinage et affirmation du caractère miraculeux de la statue.

La couronne, créée par un orfèvre limougeaud avec des bijoux donnés par plus de quatre-vingt familles aixoises, orne toujours le front de la Vierge des Douleurs à chaque pèlerinage et lors des ostensions septennales.
 

Lieu cher au cœur des Aixois et des Limousins, Arliquet subit en 1905 les affres de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Ses biens sont mis sous séquestres avant que le sanctuaire retrouve sa place au sein de la paroisse, une dizaine d’années plus tard.

Et en août 1944, les vitraux de Gesta sont soufflés lorsque le pont de chemin de fer est dynamité.
Dès 1945, ils sont remplacés par des vitraux signés Francis Chigot que, soixante-dix ans plus tard, il est toujours possible d'admirer en visitant le sanctuaire d’Arliquet.


Documentation :
- livre "Notre Dame d’Arliquet : histoire d’une œuvre chrétienne au XIXe siècle", auteur : Vitold de Chodzko, éditeur : F.F. Ardant Frères (1872)
- Joseph Hamon, historien amateur, spécialiste d’Arliquet
- Association « Les Amis d’Arliquet »


 
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