Conseil municipal et vote du budget jeudi 8 avril 2021 à Bellac en Haute-Vienne. Le déficit impressionnant, plus de 400 000 euros, annoncé en début d'année a été resorbé. Au prix de nombreux sacrifices et d'une profonde divison entre la nouvelle et l'ancienne majortié.
Une heure et demie de séance. Le vote du budget voté en quelques minutes. On est loin de la surchauffe constatée lors du débat d'orientation budgétaire en début d'année. Pendant la présentation, l'opposition semble serrer les dents derrière les masques chirurgicaux. L'ancienne édile sans étiquette, Corine Hourcade-Hatte, ne laisse rien passer. Maitrisant son dossier, elle vérifie, scrute les erreurs, demande des précisions avec beaucoup d'intransigeance. Sans surprise, les cinq conseillers municipaux d'opposition votent contre. Le budget est tout de même approuvé.
La fin d'un épisode cauchemardesque pour Bellac ? En début d'année, la nouvelle équipe annonce un déficit de plus de 400 000 euros et accuse l'ancienne majortié de mauvaise gestion. Hier soir, elle présente en définitive un déficit de 43 000 euros.
Comment l'équipe municipale a-t-elle résorbée ce trou béant dans les finances ?
A l'origine, ce n'était pas vraiment un trou mais plutôt un prêt de 720 000 euros qu'il fallait obtenir auprès des banques pour présenter un budget à l'équilibre. Sauf qu'aucune banque ne voulait prêter cet argent à Bellac eu égard à l'état dégradé des finances de la ville. Même en ramenant cet emprunt autour de 400 000 euros en grattant les fonds de tiroir. Et c'est là que deux versions irréconciliables s'affrontent. Pour l'équipe de Claude Peyronnet, c'est l'ancienne majorité qui a mal géré les finances. Pour Corine Hourcade-Hatte, l'ex-maire, c'est au contraire la majorité actuelle qui a perdu la confiance des banques.
"Contrairement à ce qui était dit ce n'est pas la maison de santé qui plombait le budget mais des investissements que l'ancienne équipe aurait pu différer dans le temps : le tiers lieu numérique, la vidéo protection et l'éclairage du stade Jolibois. A force les banques n'ont plus voulu suivre. J'ai des courriers qui prouvent qu'elles avaient alerté l'ancienne majorité. Je suis élu à Bellac depuis 1973 et c'est la première fois que j'ai vu un budget sans emprunt" explique le maire Claude Peyronnet.
"Pas du tout rétorque Corine Hourcade-Hatte. C'est bien la maison de santé qui pose problème. Nous avions prévu d'en transférer la concession à la SELI, une société d'économie mixte. L'idée était de payer le terrain quand la SELI assumait le reste à charge après les subventions. Mais Claude Peyronnet a mis fin à cet accord, se retrouvant à devoir payer à la place de la SELI et perdant la confiance des banques."
Pour faire face à l'impossibilité d'emprunter en 2020, la recette n'a pas été miraculeuse. Pas question d'augmenter les impôts. La municipalité a donc du consentir de gros efforts. Pas d'investissement en 2020 sauf ceux pour lesquels elle était engagée. Il n'y en aura pas beaucoup non plus en 2021. Et il y a surtout eu beaucoup d'économies sur le fonctionnement. "Un sacrifice monumental, huit personnes parties en retraite ou mutées ailleurs n'ont pas été remplacées soit 10% de l'effectif de la commune. Je dois être le seul maire de France d'une commune de cette taille à ne pas avoir de directeur général des services" explique Claude Peyronnet. Les subventions aux associations ont aussi été sabrées. Celle du théâtre notamment a été divisée par deux.
"2020 a été affreuse, 2021 sera aussi difficile"
Aucun recrutement ne sera prévu en 2021. Est-ce à dire qu'il ne va rien se passer pendant la mandature ?
"Non, dans notre malheur, Bellac a été labelisée petite ville de demain. Grâce à cela la banque des territoires va nous prêter 300 000 euros à faible taux qu'on ne commencera à rembourser qu'en 2024. En 2022, deux gros emprunts, notamment celui de la réfection de la piscine tombent et vont nous redonner des marges de manoeuvre de plus de 200 000 euros". Elles permettront de lancer la réfection de la salle culturelle et la création d'une halle sportive. Un projet de halle pour le marché est aussi dans les tuyaux de même que l'aménagement d'une zone de loisir près du Vincou. Le maire espère donc tourner la page " Je ne veux plus entendre parler des finances !"
Pourtant, le budget présenté hier soir risque de laisser des séquelles. L'opposition ne l'a toujours pas digéré et maintient sa version des faits. "Nous avons laissé des finances avec tous les signaux au vert et des marges de manoeuvre et subitement tout est passé au rouge. Si nous avions été élus nous aurions eu nos emprunts comme tous les ans. Entre 2014 et 2020 nous avons emprunté de 450 à 850 000 euros sans difficultés et tout cela est vérifiable. Le budget présenté hier soir est utopique et plein de zones d'ombre." s'entête Corine Hourcade-Hatte.
Le différend qui oppose les deux partis risque d'être bientôt tranché. La chambre régionale des comptes se penche actuellement sur le budget de Bellac et devrait participer à démêler le vrai du faux.