"Ce qui frappe, c'est la perversion, les tortures" : les actes de violence envers les animaux, plus cruels qu'auparavant

Un homme est jugé par le tribunal judiciaire de Limoges pour avoir noyé sa chienne, attachée vivante à un parpaing. Ces actes de violences envers les animaux sont fréquents : plus de 200 cas sont traités chaque année par la SPA de Couzeix. Des actes de plus en plus cruels, qui peuvent souvent être corrélés à des violences intrafamiliales. On vous en dit plus.

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Le cou et les pattes attachés par une corde à un parpaing. Voilà comment un homme a noyé sa chienne le 23 mars 2024 dans un étang privé de Peyrilhac en Haute-Vienne. La chienne, de race Shih Tzu, était encore vivante lorsqu’elle a été mise à l’eau. Le propriétaire, retrouvé grâce à la puce électronique de l’animal, a reconnu les faits. 

Malheureusement, il s’agit d'un des nombreux cas de maltraitance animale traités par les associations. Près de 200 dossiers de maltraitance sont traités chaque année par l'association de protection des animaux de Couzeix, en Haute-Vienne.

À ce jour, le 25 septembre, 142 dossiers sont enregistrés pour l’année 2024, qui n’est pas terminée. 226 dossiers pour l’année 2022, 200 cas en 2020.

En France, les cas de maltraitance animale ont bondi en seulement cinq ans : + 30% entre 2016 et 2021, selon une étude du Ministère de l'intérieur. Un tiers au moins concerne des sévices graves et qui touchent tous les animaux : les chiens, les chats, les chevaux, les ânes, les lapins ou encore les poules.

Aujourd’hui ce qui frappe, c’est la perversion, les tortures ; nous avons même des cas de zoophilie.

Stéphanie Dumont

Coordinatrice de la protection animale, SPA de Couzeix

De plus, aujourd’hui, la maltraitance a changé de visage, comme le rapporte Stéphanie Dumont, coordinatrice de la protection animale à la SPA de Couzeix : “avant, cela concernait surtout de la maltraitance dite “maladroite”, comme négliger son animal, ne pas lui donner à boire ou à manger. Aujourd’hui ce qui frappe, c’est la perversion, les tortures ; nous avons même des cas de zoophilie. Les gens se vengent sur les animaux, c’est de la violence pour faire du mal. C’est perturbant car on se dit qu’ils peuvent le faire sur des humains”. 

Le téléphone sonne. La référente affectée aux maltraitances animales au sein de la police contacte Stéphanie Dumont pour un nouveau cas. Cette dernière raccroche et raconte : “voilà, nous sommes appelés tous les jours pour des cas cruels. Aujourd’hui, ce sont des chatons morts, la tête écrasée, jetés à la poubelle. Ils avaient seulement un jour, ils ont encore leur cordon ombilical.

Comment expliquer cette volonté de faire souffrir l'animal ? "Difficile de savoir pourquoi les auteurs sont plus cruels, mais ce que l'on remarque c'est que le développement des réseaux sociaux a banalisé ce type de violences. Les auteurs n'hésitent plus à s'afficher en train de maltraiter un animal", s'indigne Séverine Nadaud, maître de conférences en droit public et coresponsable du Diplôme Universitaire de Droit animalier de l'Université de Limoges.

Ces cas sordides sont donc de plus en plus fréquents, mais Stéphanie Dumont souligne que “ce qui a changé, et en positif, c'est l’intégration de ces référents protection animale au sein des forces de l’ordre (police et gendarmerie). Nous avons une écoute, des contacts et donc plus de résultats avec des gardes à vue et des procès”. 

Quelles sanctions ? 

Si l'auteur est inquiété par la police, sa sanction dépendra du type de maltraitance. 

  • Il y a d'abord, les mauvais traitements : priver un animal de nourriture et d’eau, le laisser sans soins ou encore utiliser - sauf en cas de nécessité absolue - des dispositifs d'attache, de contention, de clôture, des cages ou tout mode de détention inadapté à l’animal ou pouvant provoquer des blessures. L'amende peut s'élever à 750 euros, jusqu'à 75 000 euros et un an de prison si l'auteur est un professionnel. 
  • Les sévices graves : l'auteur encourt jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende, si les sévices ont entraîné la mort de l'animal. 
  • Les atteintes sexuelles : jusqu'à 4 ans de prison et 60 000 euros d'amende. 

Toutes ces peines sont évidemment alourdies lorsque des images pornographiques  impliquant des animaux sont fabriquées et/ou diffusées, et si les faits sont commis en réunion et/ou en présence d’un mineur. 

Quid des abandons ? 

Chaque année, la SPA alerte : les abandons de chiens et de chats ne cessent d'augmenter. Stéphanie Dumont constate : "avant, nous étions saturés à la fin de l'été, à cause des départs en vacances et les traditionnels abandons. Mais aujourd'hui, tout a augmenté ; les gens ont moins d'argent, et choisir entre se nourrir ou acheter des croquettes, le choix est vite fait". 

Les personnes abandonnant leur animal encourent 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Lorsque cela entraîne un risque de mort, cela peut aller jusqu'à 4 ans de prison et 60 000 euros d'amende. 

Quant aux animaux sauvages...

Le droit animal est très récent, et il ne couvre pas toutes les espèces. Il n'existe pas de Code pénal, d'infractions pour les animaux sauvages. Selon Séverine Nadaud, également spécialisée en droit de l'environnement, "seuls les actes de violences sur les espèces protégées peuvent conduire à des poursuites. Mais cela est une atteinte sur une espèce et non sur un animal en tant que tel. C'est dommageable puisque domestiqué ou non, cela reste un animal". 

D'autant que, malgré la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale, plusieurs associations estiment que cette dernière n'est pas encore assez appliquée : "les peines de prison sont très rarement prononcées, et les amendes ne sont jamais très élevées", témoignent plusieurs membres d'associations de protection animale. 

La société sépare les maltraitances animales des violences intrafamiliales. Pourtant, elles sont intrinsèquement liées.

Muriel Arnal

Présidente de One Voice

De plus, ces associations insistent sur le fait que les violences exercées à l'encontre des animaux sont corrélées aux violences exercées contre les personnes vulnérables.

Les animaux sont "déconsidérés par rapport aux humains", indique Muriel Arnal, présidente de l'association de défense des animaux One Voice. "La problématique c'est que la société sépare les maltraitances animales des violences intrafamiliales. Ces violences devraient être traitées comme des signaux qui laissent suspecter d'autres violences. Certains pays travaillent sur cette question depuis plus de 20 ans, mais ce n'est pas le cas de la France. Le FBI part par exemple du principe que lorsqu'il y a de la maltraitance envers un animal, il faut ensuite surveiller l'auteur, qui pourrait être violent avec les membres de sa famille. En France en revanche, la société pense qu'intégrer les animaux "rabaisse" la cause des enfants et des femmes battues".

Que faire si je suis témoin d'un acte de maltraitance animale ?

Si vous assistez à un acte de violence ou une privation de soins sur la durée, "essayez de recueillir des preuves, comme des photos ou des vidéos", conseille Stéphanie Dumont. "Cela peut permettre de retrouver le propriétaire et surtout de peser lors du procès (NDLR : la SPA peut porter plainte et se constituer partie civile lors des affaires judiciaires)".

Ensuite, vous pouvez appeler la SPA de votre secteur : un membre de l'association pourra agir en concertation avec les forces de l'ordre. S'il s'agit d'une extrême urgence, vous pouvez directement appeler la police au 17.

Vous pouvez également signaler l'acte de maltraitance animale sur le site internet du Ministère de l'intérieur.

Les associations sont unanimes : l'important est de dénoncer ces actes pour sauver l’animal, d'autant que cet acte citoyen peut se faire de manière anonyme.

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