La vidéo a été mise en ligne le 2 mai 2019 sur YouTube par un "enquêteur du paranormal". On y voit ce "chasseur de fantômes" tenter d'entrer en contact avec les victimes du massacre du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane. Une ineptie de plus commise dans ce lieu de mémoire.
Le village martyr d'Oradour-sur-Glane est un lieu de mémoire ouvert au public. Dans un précédent article, nous avions évoqué le comportement de certains visiteurs se prenant en photo dans des postures parfois inadéquates. Cette fois-ci, il s'agit d'une vidéo mise en ligne sur YouTube le 2 mai 2019 par un internaute se présentant comme "enquêteur du paranormal". Chercher des fantômes à Oradour ? Sérieusement ?
Qui est Jery ?
Depuis plusieurs années, ce "chasseur de fantômes" explore toutes sortes de lieux à la recherche d'esprits en errance. Une centaine de vidéos sur sa chaîne YouTube qui inspirent au mieux l'amusement, au pire le scepticisme. Mais la dernière en date a été tournée dans le village martyr d'Oradour-sur-Glane et donc là, on ne sourit plus, on ne frissonne plus, on se dit que ce n'est pas possible. Et pourtant si.Dans ce film de 35 minutes, le fameux Jery est accompagné d'une jeune femme (portant un tee-shirt à tête-de-mort, mais on ne va rien dire…). Il est équipé d'une double caméra au bout d'une perche posée sur son épaule. Il filme tantôt son visage, tantôt ce qui se trouve devant lui. La vidéo commence par un rappel historique (plutôt juste) et par une déambulation dans les rues, des plans sur les plaques commémoratives, sur la voiture sur le champ de foire…
"Touchez mon K2 s'il vous plait"
Puis, l'équipe entre dans l'église. "Je ne sais pas si c'est psychologique, mais…". Attention nous y sommes. Après les poncifs historiques, l'émotion en bandoulière, le reflet d'un rayon de soleil sur la croix, le diaporama presque larmoyant, voici donc LA réflexion intelligente : "Je ne sais pas si c'est psychologique, mais… ça sent le cramé." Voilà. Et ce n'est pas fini, car Jery va sortir son K-II. Servant à détecter les radiations électromagnétiques, il s'agit d'un appareil très prisé par les chasseurs de fantômes qui peuvent s'en procurer un pour une trentaine d'euros sur internet.
Sur un ton très maîtrisé (ou pas), le chasseur de fantôme va s'adresser alors "aux personnes invisibles" qui pourraient se trouver dans l'église : "Je suis Jery, enquêteur du paranormal, touchez mon K-II, ça fera alors des petites lumières…". Il répètera l'opération à plusieurs endroits du village. A-t-on besoin, à ce moment-là du récit, de vous préciser qu'aucune lumière ne s'est allumée ? Non, le seul allumé, c'est peut-être bien Jery.
Décidement...
Ne vous méprenez pas. Le paranormal, on peut y croire ou ne pas y croire et laisser chacun se faire un avis. Il ne s'agit donc pas là de juger l'activité de chasseur de fantôme. Mais on peut s'interroger sur le choix de ce lieu : comment faire coïncider devoir de mémoire et paranormal ? Comment allier respect et futilité ? Comment peut-on parler d'émotion face au drame et sortir un dosimètre à fantômes pour parler aux esprits ?Des selfies déplacés, la photo d'un homme nu et maintenant un ghostbuster : décidément, les ruines d'Oradour-sur-Glane ne méritent pas cela.