Depuis la mise en place du confinement, près de 300 groupes Emmaüs en France ne peuvent plus récupérer et vendre les dons des particuliers. Ces aides sont la seule source de revenus pour l'association fondée par l'Abbé Pierre. Le point avec la communauté de Haute-Vienne à Saint-Priest-Taurion...
Plus aucun ramassage de dons de particuliers, plus aucune livraison, la communauté Emmaüs87 de Saint-Priest-Taurion souffre de l'impossibilité de travailler depuis plus d'un mois, depuis le début du confinement dû à l'épidémie du Covid-19.
On a suffisamment de trésorerie pour tenir encore quelques semaines. Mais nous ne bénéficions d'aucune subvention d'Etat, nous vivons uniquement grâce aux dons des particuliers. On risque de se retrouver dans une situation compliquée. (Richard Herry, co-responsable communauté Emmaüs87 Saint-Priest-Taurion)
La communauté Emmaüs de Saint-Priest-Taurion et ses 35 compagnons pâtissent de la crise sanitaire. C'est la 1re fois que l'association de l'Abbé Pierre, qui existe depuis 71 ans, lance un appel à l'aide. Une souscription pour continuer sa mission de lutte contre la précarité, l'exclusion.
Une salle des ventes toujours fermée
Depuis le 16 mars, la salle des ventes d'Emmaüs87 située à Limoges a fermé ses portes. Un manque à gagner de plusieurs milliers d'euros qui fragilise financièrement cette communauté existant depuis 47 ans à Saint-Priest-Taurion.L'association est également à la recherche de bonnes âmes, car nombre de ses bénévoles ont plus de 60 ans et pourraient rester confinés après le mois de mai.
Nous avons une soixantaine de bénévoles, une vingtaine très actifs mais beaucoup sont à la retraite. Nous risquons de nous retrouver en manque de bras. (Richard Herry, co-responsable communauté Emmaüs87 Saint-Priest-Taurion)
Paroles de compagnons
Les 15 premiers jours, le confinement total a été appliqué. Les compagnons sont restés cloîtrés dans leur chambre, y mangeant également. L'équipe en cuisine est équipée de gants, de masques, de charlottes, du gel hydroalcoolique est disponible.
Depuis quelques jours, en attendant le déconfinement, plusieurs compagnons tondent l'herbe, rangent, nettoient les différents espaces de la communauté (ateliers menuiserie, vêtements, livres, informatique ou encore bric à brac).
D'habitude, tous les mois, on fait une centaine de ramassages, environ 25 livraisons et puis on a les magasins à Limoges ou ici. Alors oui, on fait du nettoyage de printemps mais ce n'est pas ça qui nous rapporte de quoi vivre. C'est préoccupant...(Gwenaël, 38 ans, compagnon Emmaüs Saint-Priest-Taurion depuis un an et demi)
Des compagnons qui, dans leur communauté de Saint-Priest-Taurion, protègent les plus anciens, confinés dans leur chambre, en leur apportant leur repas, en faisant leur lessive, en discutant.Ce qui me manque le plus, c'est de travailler. Et puis, normalement, toutes les 2 semaines, on fait la maraude à Limoges. On distribue des vêtements aux plus pauvres. On vient en aide à ceux qui sont dans la rue. C'est triste de ne plus pouvoir le faire.(Franck, 27 ans, compagnon Emmaüs Saint-Priest-Taurion depuis un an et 7 mois)
Instants de solidarité avant des jours meilleurs, pour que vive le précepte de l'abbé Pierre "on peut refaire le monde, en s'y mettant tous, chacun à sa mesure".