Mardi 25 janvier 2022, le président de la République remettra la médaille de commandeur de l’ordre national du mérite à Robert Hébras, dernier survivant du massacre d’Oradour-Sur-Glane.
Robert Hébras sait depuis un an qu’il doit recevoir la médaille de commandeur de l’ordre national du mérite.
Il a confié à Philippe Lacroix, maire d’Oradour-Sur-Glane : “Ca me ferait plaisir que ce soit le président qui me la remette”.
A 97 ans, le dernier survivant du massacre du 10 juin 1944 habite seul dans un appartement pour personne à mobilité réduite, dans le centre d’Oradour.
Aujourd’hui, les forces lui manquent pour continuer à témoigner et il a dû se résoudre à passer le relai à Agathe, sa petite fille.
Mon grand-père sait bien qu’il n’est pas éternel. En ce moment, il réfléchit beaucoup sur sa vie. Il est très honoré que ce soit le président de la République en personne qui se déplace.
Agathe Hébras, petite-fille de Robert Hébras
Rencontre
Emmanuel Macron et Robert Hébras se sont croisés pour la première fois le 28 avril 2017. Ce fut l’un des moments marquants de la campagne du futur président de la République.
Dès le début de la visite, le passeur de mémoire s’est adressé au candidat en ces termes : "Je ne sais pas si vous serez président, ce que je vous souhaite vivement, mais si vous êtes président, je voudrais que vous conserviez ce village".
Emmanuel Macron a répondu : "Vous pouvez compter sur moi. Si je suis élu Président, je reviendrai le 10 juin"
Citant le philosophe Vladimir Jankélévitch, le candidat a dit son émotion après sa 1ère visite du village martyr : “Oradour est un viatique pour l’éternité, celle de ces vies qui ont été fauchées par la barbarie et la lâcheté"
Commémoration
Une fois élu, Emmanuel Macron a tenu promesse. Il est effectivement revenu à Oradour le 10 juin 2017. Une visite officielle placée sous le signe de la jeunesse qui devra bientôt perpétuer elle aussi la mémoire des exactions des nazis.
Sur le livre d’Or du village, il a inscrit : “Ici, la France a vécu le pire et a su se relever.” Au cours de son discours, il s’est adressé directement aux enfants :
Je sais que cette journée restera pour vous un moment singulier. Parce que vous aurez vu ces lieux, de vos yeux. Parce que vous aurez serré la main du dernier rescapé. C’est ainsi que se perpétue le fil de l’histoire.
Emmanuel Macron, le 10 juin 2017
Deux hommes, un village
Robert Hébras continue à avoir quelques doutes sur la préservation des ruines. En juin 2019, il nous déclarait : “L’histoire passera, comme toutes les histoires. J’espère que la mémoire restera, mais comme elle est très souvent déformée, on ne saura plus quelle est la bonne version”.
Philippe Lacroix, maire d’Oradour-Sur-Glane, a eu l’occasion de croiser le président de la République à plusieurs reprises depuis 2017 : “Quand je vois Emmanuel Macron, il me demande toujours des nouvelles de Robert. Il a beaucoup d’affection pour lui. Et il a un réel attachement pour Oradour, un peu comme François Hollande pour Tulle.”
Alors nul doute que les deux hommes évoqueront une nouvelle fois la préservation des ruines.
Depuis 1945, La plupart des présidents de la République sont venus se recueillir à Oradour. Mais seuls Charles de Gaulle et François Mitterrand s’y sont rendus à deux reprises. Emmanuel Macron fait davantage encore : il viendra mardi dans le village pour la troisième fois.
Philippe Lacroix note qu’il a débuté son mandat à Oradour et le termine au même endroit. Le message de tolérance, d’acceptation de l’autre, et des dérives possibles de certaines thèses extrémistes semble clair.