Alors que le GIEC publie le 9 août 2021 un rapport alarmant sur des changements du climat "irréversibles" sur des décennies, voire des millénaires, les statistiques météo indiquent que le Limousin vient de connaître son mois de juillet le plus pluvieux depuis 44 ans.
Ce n'est pas qu'une impression : oui, le mois de juillet 2021 a été particulièrement humide en Limousin. La journée la plus arrosée a été celle du 13 juillet avec des statistiques impressionnantes :
- 87 mm de pluie à Saint-Léger la Montagne en Haute-Vienne
- 68 mm à La Souterraine en Creuse
- 62 mm à Peyrelevade en Corrèze
Si l'on cumule les précipitations dans les trois départements du Limousin, on arrive à 69% d'excédent de pluie, soit entre 10 et 15 jours de pluie par rapport à une pluviométrie normale : il faut remonter à 1977 pour retrouver de pareils relevés.
C'est une situation qui d'habitude n'arrive pas en été, nous explique-t-on à Météo France.
C'est à cause d'un phénomène appelé la goutte froide qui a dirigé sur la France à la fois l'humidité et des zones perturbées, occasionnant un temps maussade et des températures un peu fraîches
Cette masse d'air froid se déplace à plus de 5 000 mètres d'altitude, avec des températures allant de -20 à -10 degrés. Elle tourne normalement autour du pôle Nord mais peut parfois bifurquer. Une bulle se forme alors et peut arriver en France. Quand cette masse entre en collision avec les températures plus clémentes au sol, l'instabilité provoque un temps gris, pluvieux et des rafales de vent.
Seule consolation : la France et donc le Limousin ont échappé au déluge qui s'est abattu sur l'Allemagne et la Belgique provoquant plus de 200 morts.
Les phénomènes extrêmes simultanés devraient devenir plus fréquents selon le dernier rapport du GIEC
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié le 9 août 2021 un rapport alarmant faisant état de changements climatiques qui vont s'accentuer dans toutes les régions du monde au cours des prochaines décennies. Il s'agit du sixième rapport publié par le GIEC, le dernier remontant à 2014. Il était donc très attendu en cet été 2021 où se multiplient les catastrophes illustrant le changement climatique : feux de forêt en Sibérie et en Californie, incendies spectaculaires en Grèce et en Turquie, inondations exceptionnelles en Chine et en Allemagne...
Installé en Haute-Vienne à La Meyze, Grégory Derville est enseignant en sciences politiques et spécialisé dans l'environnement. Il travaille depuis plusieurs années sur la question du dérèglement climatique et sur un possible effondrement de notre civilisation industrielle. Citant Valérie Masson-Delmotte, climatologue et coprésidente du GIEC, il rappelle qu'il est désormais "indiscutable, c'est un fait établi, que les activités humaines sont à l'origine du changement climatique". Il alerte également sur les solutions possibles, qui impliquent un effort individuel et collectif "sans précédent".
Ce rapport est publié quelques jours après celui faisant état d'un dérèglement de l'Amoc ("circulation méridienne de retournement atlantique"). Ce courant marin, qui joue un rôle de thermostat au niveau du climat mondial, est en train de se détraquer, s'alarme une nouvelle étude parue le 5 août 2021 dans la revue Nature Climate Change.
? Souvent confondue avec le Gulf Stream, la circulation méridienne de retournement atlantique joue le rôle de thermostat mondial.
— franceinfo plus (@franceinfoplus) August 6, 2021
Et, selon une nouvelle étude, ce dernier est sur le point de disjoncter.
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