Les députés ont à nouveau refusé d'inscrire les amendements sur l'interdiction du glyphosate dans la loi dans la nuit du 14 au 15 septembre 2018. Les membres de la confédération paysanne de Haute-Vienne réunis à Coussac-Bonneval oscillent entre exaspération et désillusion.
Légumes, viandes, laines : à la fête agricole organisée par la Confédération paysanne de Haute-Vienne à Coussac-Bonneval, tout est bio : un choix dans l'air du temps, en tout cas celui des consommateurs mais visiblement pas celui des députés. Dans la nuit du 14 au 15 septembre 2018, ils ont de nouveau rejeté les amendements visant l'interdiction du glyphosate d'ici 3 ans, une désillusion de plus dans les rangs de la confédération paysanne.
"La loi votée cette nuit ne permet toujours pas d'interdire les produits phyto-sanitaires. Il faut que les Régions, les départements aillent vers une agriculture plus respectueuse de l'environnement" réagit le conseiller régional écologiste délégué à l'agriculture bio Jérôme Orvain
Même constat sur le rééquilibrage des rapports commerciaux entre la grande distribution et les agriculteurs. Là encore, la loi a été vidée de son sens pour Frédéric Lascaud, le porte-parole de la Confédération Paysanne 87 : "On pensait à un rééquilibrage, on pensait que l'Etat jouerait son rôle d'arbitre, mais ce n'est pas le cas", explique-t-il.
Cette inscription "ne sert à rien" pour le député de la Creuse
Pour le député de la Creuse Jean-Baptiste Moreau (LREM), rapporteur du projet de loi Egalim cité par l'AFP, inscrire l'engagement dans la loi sur cette substance jugée "cancérigène probable" par l'Organisation mondiale de la santé "ne sert à rien". Jean-Baptiste Moreau s'est aussi appuyé sur les déclarations de Matthieu Orphelin (LREM), un des fers de lance du combat contre le glyphosate en mai, qui avait expliqué jeudi dans l'hémicycle avoir pris note de toutes les "avancées obtenues depuis" et ne pas vouloir "refaire le match".
Le débat se tend autour de cette question des pesticides avec un appel à la résistance baptisé "Nous voulons des coquelicots" qui a été lancé au niveau national le 12 septembre 2018 par une centaine de personnalités : elles réclament l'interdiction de tous les pesticides, la situation étant devenue "trop grave".
C'est aussi un sujet d'inquiétude supplémentaire pour les agriculteurs bio, entre le non-versement des aides de la PAC qui a donné lieu à une manifestation à Limoges le 12 septembre 2018 et les accords commerciaux controversés avec le Canada et l'Amérique du Sud.