Après une période trouble et de mal-être sans possibilité de se projeter, les jeunes reprennent pied et se lancent dans la recherche de leur job d'été. Plus que jamais, leurs besoins financiers sont importants après cette crise sanitaire.
On le sait, les étudiants ont payé un lourd tribut moral et financier avec cette crise sanitaire. Beaucoup d'étudiants poursuivent leurs études grace à la rémunération qu'ils retirent d'une activité pendant leur temps scolaire, or ils en ont été privés. Une enquête de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) souligne que plus de 35 % des étudiants interrogés ont subi une perte de revenus pendant le premier confinement. Quant à la FAGE, la Fédération des associations générales étudiantes, elle constate qu'ils sont 82 % à avoir rencontré des difficultés financières suite à la perte de l'emploi qu'ils occupaient avant la crise sanitaire.
La course au job d'été est donc bien lancée, d'autant que nous sommes en mai, d'habitude c'est en mars que se tiennent les forums et autres salons qui permettent aux jeunes de rencontrer les employeurs. Ils n'ont pas pu passer non plus leur BAFA, leur brevet d'animateur, qui permettait à beaucoup d'avoir un emploi dans les loisirs pendant l'été.
Les éclaircies de cette fin de printemps laissent donc augurer une forte demande de jobs d'été. Les offres sont là, les demandes aussi, alors entreprises et jeunes se rencontrent-ils vraiment ?
Apolline Cartier, étudiante en notariat, répond à toutes les annonces qu'elle trouve. Elle termine sa première année de BTS mais n'ayant pas eu de réponse positive auprès de toutes les études de notaires qu'elle a contactées, elle change d'orientation à la prochaine rentrée. "Avec le Covid, aucun notaire ne voulait prendre d'étudiant. Je change en septembre prochain pour un BTS dans le social". Elle n'a pas de loyer à payer et a des bourses pour ses études, mais elle doit s'assumer pour son quotidien. "J'ai eu un contrat de 30h par semaine entre décembre et mars, au service charcuterie d'un hypermarché. Mais je me suis blessée avec la trancheuse, du coup ils n'ont pas renouvelé mon contrat". Elle recherche activement une autre activité, elle ne peut pas se permettre de louper le coche cet été. "Je ne recherche pas dans un secteur en particulier, boutiques de vêtements, grandes surfaces, sécurité... je regarde beaucoup les réseaux sociaux. Les annonces ne manquent pas, ce sont les réponses positives qui manquent ! A chaque fois, on me demande de l'expérience..."
L'expérience. C'est là que le bât blaisse. Les employeurs semblent exigeants. Les jeunes se retrouvent dépités lorsqu'on leur oppose, à 18 19 ou 20 ans, leur manque d'expérience. Ils regrettent que ne soient pas davantage reconnues des qualités comme la motivation, la spontanéité, la volonté d'acquérir justement de l'expérience... Certains évidemment avancent quelques compétences, en langue par exemple, ou en action sportive, mais tous disent se heurter à cette fameuse demande d'expérience qui tombe comme un couperet et qui décourage un peu.
Rémy Campana a 19 ans, il est étudiant en première année sociologie à Limoges. Il recherche un emploi depuis le mois d'avril. "Les annonces ne manquent pas mais se faire accepter, c'est autre chose. Systématiquement, ils demandent de l'expérience. Ils disent qu'ils acceptent des débutants, j'ai déposé des CV spontanés en me déplaçant, j'ai répondu à des annonces sur internet, mais rien. Les bars par exemple, ils veulent une expérience systématiquement"
Il sort tout juste d'un entretien avec le directeur d'un parc de loisirs qui cherche trois jeunes pour juin juillet et août. L'entretien s'est bien passé "j'ai espoir, nous étions quatre pour trois places. Le directeur proposait même une formation d'une journée à la mission de sécurité. "
Océane Lacotte, elle, a 20 ans, elle est de Saint-Victurnien. Elle a eu son bac l'an passé. Elle avait aussitôt trouvé un poste de vendeuse dans une boulangerie-patisserie à Saint-Brice-sur-Vienne, le remplacement d'un congé de maternité qui s'est terminé le 30 avril. Elle recherche actuellement un travail en animation sportive pour cet été, puisqu'elle est bénévole en athlétisme à Saint-Junien. Elle envisage de reprendre une formation en éducation physique à la rentrée, comme auprès du CREPS à Poitiers ou l'ENEP à Limoges, mais ce sont des sommes conséquentes qu'il faut débourser, le droit d'entrée est de 8.000€ sans compter l'hébergement et le quotidien. Pour renforcer son CV, elle recherche donc un job dans une association ou une entreprise de loisirs. "Je rame quand même beaucoup, il y a un projet de magasin de sport à Saint-Junien, je scrute les réseaux sociaux, le CRIJ, mais pas de réponse pour l'instant"
Le CRIJ Nouvelle-Aquitaine Limoges est en effet une des portes d'entrées possibles pour être orienté vers une entreprise, une association ou une institution. Les services savent que les jeunes se renseignent surtout via internet et les réseaux sociaux. Alors leurs annonces suivent la tendance. Le rallye des pépites est ainsi organisé le 10 juin prochain, pour faire connaître les entreprises qui embauchent. Il faut s'y inscrire avant le 3 juin prochain.
D'autres sites existent pour relayer les offres publiées en Limousin : Indeed, Jooble, Jobijoba... les jeunes connaissent habituellement ces réseaux.
La lente reprise de secteurs pourvoyeurs d'emplois saisonniers
La restauration, les bars, les boutiques retrouvent de l'activité,. Des secteurs les plus touchés par la pandémie redémarrent timidement et embauchent encore au compte-goutte. Les recrutements dans l'hotellerie-restauration ont bien évidemment chuté, les salariés expérimentés dans ces milieux professionnels les ont de fait désertés et ont pris des engagements ailleurs. Une maind'oeuvre qualifiée qui manque aujourd'hui. Les professionnels doivent donc recomposer leurs brigades en urgence, mais ne peuvent se permettre de passer à côté de la reprise. D'où la demande d'expériences ou de qualifications précises. Les jeunes non expérimentés se tournent donc vers des jobs ponctuels, au jour le jour, les plateformes de livraisons en ligne par exemple.
Faute de ressources, des étudiants pourraient se retrouver contraints d'abandonner ou suspendre leurs études s'ils ne trouvent pas de job d'été.