Relocaliser l'économie et la consommation, c'est la cinquième priorité qui ressort de l'enquête Ma France 2022. L'objectif pourrait être atteint grâce à la transition numérique. Rencontre avec François Acquatella, chercheur en innovation numérique et maître de conférences à l'Université de Limoges.
Comment la transition numérique peut-elle permettre de relocaliser l’économie ?
Elle le peut en créant des écosystèmes, digitaux notamment. On observe, depuis la crise du Covid, une appétence de plus en plus forte de la part des citoyens pour le localisme, une forme de localisme qui serait digital. Il y a par exemple des initiatives lancées par Limoges métropole, qui visent à créer des plateformes. Ces regroupements concernent l’ensemble des artisans qui travaillent sur le territoire. Ils donneront aux citoyens la possibilité de consommer local via le web .
Comment investir dans les entreprises ?
Cet investissement a déjà été initié par les pouvoirs publics, notamment par la région à travers un accompagnement, un faisceau d’aides diligentées vers la transition numérique, à destination des PME qui représentent 98,8% du tissu économique territorial. Ces aides leur permettent d’acheter du nouveau matériel, des ordinateurs ou des logiciels. Mais cela leur donne aussi accès à des nouvelles formations. Le numérique, c’est aussi de nouvelles méthodes de penser, de produire, de vendre, et donc de nouvelles méthodes pour se développer économiquement.
Pourquoi la transition numérique est-elle un enjeu majeur ?
C’est un enjeu central, et je pense que le numérique n’est pas assez pris en compte, du moins dans son ampleur et sa vitesse de diffusion. Il a bouleversé l’ensemble de nos habitudes, de nos usages, de nos vies, dans nos manières de nous former, d’interagir, de sociabiliser. C’est aussi un enjeu central de souveraineté européenne, de développement économique, à la fois territorial et national. C’est donc un chantier d’avenir, qu’il faut investir.
Quelle place occupe le numérique dans cette élection présidentielle ?
Concernant cette élection, d’une manière générale, les candidats s’en sont saisis. Ils ont tous une proposition sur le volet numérique, et à ce titre je m’en réjouis. Il faut prendre en compte la vitesse de cette révolution. Elle est comparable à la révolution industrielle, sans commune mesure avec les révolutions précédentes. À ce titre, le futur, c’est comment faire du numérique un élément de souveraineté, de responsabilité sociale et environnementale, c’est-à-dire un numérique vert et éthique.