La chasse aux dépenses publiques est lancée au niveau national, afin de réduire la dette du pays, mais également au niveau local par les collectivités. Ce qui met en danger, à très court terme, l'avenir des subventions essentielles à la survie des petits clubs de sport. Exemple en Limousin.
"Ne laissons pas la flamme s’éteindre", s'insurgeait le champion olympique Teddy Riner, le 16 janvier 2025 sur X. Une réponse à l'amendement du gouvernement visant à réduire de 34 millions d'euros supplémentaires les crédits alloués au ministère des Sports. Un avis partagé par le coureur cycliste corrézien Mathieu Bosredon, triple médaillé d’or lors des Jo de Paris 2024. Il signe aussi la tribune publiée dans le quotidien l’Équipe, ce 21 janvier, pour maintenir la pression sur le gouvernement.
Il faut dire que le projet de loi de finances 2025 prévoyait déjà une réduction de plus de 100 millions d'euros du budget du ministère. L’amendement a été rejeté par les sénateurs.
Localement, les mesures d’économie programmées par l’État et les collectivités font, dès lors, craindre le pire aux clubs de foot locaux.
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Sponsoring, partenariats, mécénat
Sur le terrain, les temps sont donc difficiles. En novembre dernier, le président du conseil départemental, Jean-Claude Leblois pointait déjà la réduction des aides qui leur seront allouées. Une décision motivée par la perte de recettes annoncée par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances 2025.
La JS Lafarge Limoges, qui organise chaque année un tournoi international, s’attend ainsi à perdre 10% de son budget annuel.
Il est évident que l'on a des craintes. On a déjà reçu un courrier du département qui alertait les clubs sur le fait que les dégrèvements allaient probablement avoir des conséquences. On en est complètement conscient et pour nous, c'est dramatique.
Gaël ChampierPrésident de la JS Lafarge Limoges
Première solution : développer fortement le sponsoring, les partenariats et le mécénat. Mais pour ces petits clubs, le nombre d’entreprises à démarcher reste réduit, sur un territoire souvent limité à une seule commune.
Les petits clubs sont arrivés déjà à l'os quasiment. Les clubs moyens comme nous, on n'est pas loin. On chasse tous au même endroit. Les ressources ne sont pas éternelles. Alors maintenant, quand on fait des partenariats à 500 ou 1000 euros, c'est déjà une très belle somme pour nous.
Philippe RameauxDirigeant de l’AJ Isle
Mutualiser les moyens
La crise financière s’ajoute à une crise du bénévolat pour encadrer les jeunes joueurs. Alors pour survivre, les équipes envisagent désormais de fusionner ou de mutualiser leurs moyens.
L’an dernier, l’ASPTT Limoges s’est associée au club de Beaune-Les-Mines.
On a créé plusieurs ententes comme celle de l'équipe Jeunes. Et cela se passe très, très bien parce que les clubs jouent le jeu entre eux. L'avenir, c'est cela. Cela va être de mutualiser un maximum les moyens si on veut réussir à garder un football départemental, pour nos jeunes.
Christophe VignaudResponsable de la section foot ASPTT Limoges
Démarcher les entreprises, les mécènes, relancer le bénévolat, mutualiser les moyens : autant de chantiers à mener de front au cours des prochains mois.
"C'était une cause nationale en 2024"
Dans ce combat de longue haleine, le milieu sportif limousin peut compter sur le soutien de ses élus. La vice-présidente de l’Association nationale des élus en charge des sports, l’adjointe au maire de Limoges, Sylvie Rozette a signé avec d'autres élus locaux la tribune "Ensemble, entretenons la flamme de #Paris2024 " de l'Association nationale d’élus locaux en charge du sport (ANDES).
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Elle rappelle "c'était une cause nationale en 2024, le sport." Pour Sylvie Rozette, cette diminution des crédits peut avoir des conséquences sur les équipements sportifs du territoire, mais pas seulement. "Il faut pouvoir accueillir les pratiquants, les licenciés. Il faut aussi pouvoir les encadrer. Pour cela, il faut pouvoir former des éducateurs sportifs et cela nécessite des moyens."
Sylvie Rozette conclut en soulignant que le sport, par son caractère formateur, préventif, est aussi un vecteur d'économie en faveur des actions de certains ministères, ceux de la Jeunesse, la Santé, la Politique de la ville, la Sécurité.