Qu'est-ce qui provoque autant de débats autour des projets d'agrivoltaïsme ?

Depuis quelque temps, l'implantation de panneaux photovoltaïques sur les terres agricoles est fortement encouragée. Des projets qui permettraient d'accélérer la transition écologique tout en augmentant le revenu des agriculteurs. Problème : les oppositions sont nombreuses, dénonçant les nuisances et le faible intérêt agricole. Exemple en Charente.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Ce type de projet est regrettable pour le sud Charente et nos campagnes qui sont magnifiques. Elles vont être défigurées par ces projets qui poussent partout." Thierry Le Neillon regrette la naissance d'un projet d'agrivoltaïsme sur sa commune de Challignac, en Charente. La mise en place de panneaux photovoltaïques sur les terres agricoles est censée relancer l'agriculture et aider les paysans à obtenir un meilleur revenu. Mais Thierry Le Neillon ne l'entend pas de cette oreille et pointe des incohérences. Afin de protester, il a fondé un collectif "Les champs survoltés". Pourtant, chez bon nombre d'agriculteurs et pour les pouvoirs publics, qui encouragent ces projets, l'agrivoltaïsme représente l'avenir.

Une des solutions aux maux de l'agriculture ?

"Non seulement on soutient ce projet, mais on l'a aussi initié, affirme Jacques Chabot, président communauté de communes des 4B sud Charente. Tout simplement parce que l'on a une politique de développement durable depuis plusieurs années. On est en territoire "énergie positive" donc l'idée, c'est de créer de l'énergie verte." Mais l'élu l'assure, ce type de projet est poussé avant tout pour aider l'agriculture locale.

La communauté de communes réfléchit à la question, conjointement avec la chambre d'agriculture. "On s'est aperçu que les revenus agricoles dans le sud Charente étaient catastrophiques et on avait des agriculteurs en grande difficulté, continue Jacques Chabot. Nous pensons que l'agrivoltaïsme, peut être une des solutions pour que les agriculteurs puissent gagner correctement leur vie et rester sur le territoire à faire leur métier." Car selon le président de la communauté de communes, de plus en plus de terres restent en friches sur son territoire parce que les agriculteurs disparaissent.

Dans l'agriculture, aujourd'hui, on a des revenus qui fluctuent énormément. On a absolument besoin de les diversifier.

Christophe Le Neillon

agriculteur céréalier qui souhaite poser des panneaux photovoltaïques sur ses terres cultivées

Une diversification de revenus qui plaît à Christophe Le Neillon, l'agriculteur céréalier qui souhaite implanter des panneaux photovoltaïques sur ses champs. "Il y a aussi une synergie au niveau des panneaux qui vont nous aider à combattre les aléas climatiques type fortes chaleurs, vent, grêle en protégeant les cultures, apporte-t-il. On peut avoir une production agricole et une production d'énergie verte !"

Mais Thierry Le Neillon, du collectif "Les champs survoltés" dénonce une "hérésie". "On va perdre 30 à 40 % de la production. De plus, ici, nous sommes sur de très bonnes terres agricoles, avec de bons rendements. C'est quand même dommage de mettre un frein à notre autonomie alimentaire", regrette-t-il. Pour l'heure, les bienfaits, comme les méfaits de l'agrivoltaïsme sur les rendements agricoles, sont difficilement mesurables, faute de recul sur cette nouvelle activité.

La nuisance sonore est très importante parce que les panneaux ne sont pas fixes, ils sont montés sur des "trackers", qui orientent les panneaux toutes les 15 minutes.

Estéban Araujo

riverain et membre du collectif "Les champs survoltés"

Quoi qu'il en soit, l'État encourage fortement l'agrivoltaïsme depuis plusieurs mois. En janvier dernier, un décret, a même exempté de permis de construire la pose de panneaux photovoltaïques au sol, en dessous de six hectares. Une manière d'accélérer les choses pour des projets qui souffrent de contestation et divisent fortement.

Une pollution visuelle et sonore ?

À Challignac, le projet doit, lui, représenter neuf hectares, en dessous des ambitions initiales. L'agriculteur Christophe Le Neillon, l'explique : "On a entendu les requêtes des riverains au cours de diverses réunions et donc le projet a été un petit peu réduit. On est passé d'une surface de 16 hectares à neuf hectares par souci d'acceptabilité du projet, avoir le plus de tolérance possible de la part de tout le monde."

Pour le collectif "Les champs survoltés", dénonçant un projet fait dans le dos des citoyens, la pilule ne passe toujours pas. Estéban Araujo en fait partie. Il est premier voisin du champ dans lequel le projet doit naître. Installé ici pour la tranquillité, il avait un projet d'accueillir des artistes chez lui. À présent, il considère que le photovoltaïsme l'en empêchera. "Il y a la nuisance sonore qui est très importante parce que les panneaux ne sont pas fixes, ils sont montés sur des "trackers". Il va y avoir à peu près 250 à 300 moteurs qui font 75 décibels chacun. Donc, on se retrouve avec l'équivalent d'un concert de rock", avance le riverain qui craint du bruit depuis la levée du jour au coucher du soleil.

Estéban Araujo dénoncent les nuisances futures du projet d'agrivoltaïsme qui devrait naître dans le champs situé juste à côté de sa maison. © Cécile Landais - France Télévisions

"Il n'y a pas de nuisances particulières, répond simplement Hervé Bayard, le directeur de l'agence Nouvelle-Aquitaine TSE energy, porteur du projet. Il n'y a pas de nuisances sonores ou d'ondes. Il y a simplement le fait que l'on peut venir forcément modifier le paysage, mais comme toute construction. Notre souci est de faire en sorte que l'intégration soit maximale." Il assure que des paysagistes travaillent sur ces questions de pollution visuelle. "La seule solution qu'on nous propose est simplement l'installation de haies. Ça ne marchera pas, car une haie à taille adulte n'arrive qu'à quatre mètres et on va se retrouver avec des structures de cinq mètres de haut", soulève Estéban Araujo, agacé.

Le projet d'agrivoltaïsme de Challignac est censé voir le jour en 2027. Pour le moment, aucun permis de construire n'a été octroyé, ni déposé. D'ici là, la polémique continue dans le sud Charente comme un petit peu partout où les projets de panneaux photovoltaïques dans les champs fleurissent.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information