Craints des agriculteurs, des maraîchers ou encore des jardiniers, les Saints de Glace, dates supposées des dernières gelées printanières, ne sont plus vraiment ce qu’ils étaient, en raison notamment du réchauffement climatique. Et alors que les trois jours, du 11 au 13 mai, s’annoncent, ils pourraient même être carrément torrides cette année !
Mamert, Pancrace, Servais !
Ces trois Saints ont, depuis le Moyen-Âge, la réputation d’être la dernière période possible de gelées nocturnes printanières.
Les dictons accompagnant cette croyance sont nombreux : « Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace », « Saint Pancrace souvent apporte la glace » ou encore « Avant Saint-Servais, point d’été ; après Saint-Servais, plus de gelée ».
Citons aussi « Saint Servais, Saint Pancrace et Saint Mamert, font à eux trois un petit hiver » ou bien « Pancrace, Servais et Mamert, au printemps ramène l’hiver ».
Si l’on retient communément ces trois-là, certaines régions (souvent en lien avec la production agricole) en ont quelques autres, comme Boniface, Yves ou encore Urbain, le « vrai » dernier.
Il y a également les « saints cavaliers», aux particularités relativement similaires, aux légendes et dictons encore plus nombreux, mais qui se « terminent » un peu plus tôt, le 6 mai.
En parlant de date, le 11, 12 et 13 mai nous viennent en fait du calendrier Julien.
Et, quand la France est passée au calendrier grégorien, en 1582, cela a décalé les dates !
Du coup, les dates exactes seraient plutôt les 22, 23 et 24 mai, que retiennent encore certains quelques anciens comme la vraie date butoir…
Mais la réputation des Saints de Glace est-elle vraie ?
La période est en effet cruciale pour bon nombre de cultures ou de plantes, car c’est l’époque où les fruits sont noués, c’est-à-dire formés.
Or il suffit en effet que le gel reprenne pour anéantir une future récolte.
C’est aussi une période où le printemps annonce l’été, et où les nuits de rayonnement, avec ciel clair, peuvent favoriser le refroidissement nocturne et donc, les gelées.
Et après les sévères gelées d’avril justement, en Creuse notamment, mais également en Haute-Vienne et Corrèze dans les vergers, les dos se tendent…
Mais depuis fort longtemps, et plus encore avec l’accélération du réchauffement climatique, les Saints de Glace ne sont que rarement gelés, notamment en Limousin.
Sur près de quarante ans, si l’on s’en tient aux seules « grandes villes » Limousines, Limoges, Brive et Guéret, aucune n’a connu de « vrai » Saint de Glace.
Seule Guéret en a eu un tardif, le 15 mai 2005, la température étant alors descendue à -2° !
Cela dit, on trouve dans les relevés météorologiques limousins des traces de gelées au mois de juin !
De plus, sauf cataclysme, 2022 ne devrait pas renforcer la légende, bien au contraire…
Les Saints de Glace s’annoncent en effet torrides !
Les températures nocturnes ne devraient pas descendre en dessous des 10 degrés, et les températures de journée s’échelonner entre 23 et jusqu’à plus de 28 degrés !
Ce ne seront pas alors des records maximaux qui seront battus, mais le phénomène n’en demeure pas moins exceptionnel, voir inquiétant : si les températures minimales ne seront qu’un peu plus élevées que la moyenne, les maximales le seront, elles, entre 8 et 10 degrés de plus !