La nuit du 3 au 4 avril 2022 était la plus froide pour un mois d'avril depuis 1947 d'après Météo France. Ces basses températures ont des conséquences directes sur les vergers en Limousin, déjà impactés par le gel depuis trois ans. Témoignages.
La nuit du 3 au 4 avril 2022 était la plus froide depuis 1947 pour un mois d’avril, d’après Météo France. Des conditions météorologiques à l’impact immédiat sur certains vignobles et vergers en Limousin.
- 8,5 °C enregistrés encore à l’aube, à Bénévent-l’Abbaye, en Creuse. Hervé Gorse, producteur de pommes, a fait nuit blanche pour tenter de limiter les dégâts sur ses fruits. Chez lui, pas de tour à vent ou de systèmes d’aspersion. Sa seule solution : brûler une quarantaine de bottes de paille. « Dans l’urgence, nous avons rallumé des bottes de foin pour essayer de faire un écran de fumée, pour empêcher le froid de descendre. Nous avons commencé vers minuit jusqu’à 4 heures et demie, ce matin. », confie-t-il.
Ce matin, en découvrant son verger, il confie avoir eu peu d’espoir d’avoir des bourgeons rescapés au gel. « Cette méthode a un peu fonctionné, mais il n’y avait pas beaucoup de vent. La nuit d’avant, nous n’avions pas d’amplitude thermique si forte et là… Malheureusement, la météo ne s’est pas trompée. »
Parmi ses 23 variétés de pommes, certaines sont à un stade avancé. Pour d'autres, les fleurs commencent tout juste à se former et sont donc très fragiles. « Entre -3 et -4°C, le fruit est compromis, et là, c’est le cas. »
Ce cap est très lourd à passer.
Hervé Gorse, Les Vergers du Grand Murat
Cela fait quatre ans qu’Hervé Gorse a repris ce verger. Ces trois dernières années de gel qui engendre systématiquement un coût financier. « J’avais pris cette diversification car j’ai un atelier bovin à côté, mais je vois que ce n’est pas mieux de ce côté-là. C’est très lourd à gérer ». En effet, Hervé Gorse estime à 70 000 euros de pertes sur ses 4 hectares et demi. « Nous faisons tout en vente directe. Nous n’avons pas d’assurance, en sachant que nos frais sont fixes, ajoutés à cela nos coûts de main d’œuvre, la protection de nos fruits contre les maladies. »
D'autres méthodes pour limiter les dégâts
Hier soir, pour repousser le froid, certains producteurs avaient opté pour des bougies, parfois confondues avec des incendies par le voisinage, en témoigne ce post Facebook de la Gendarmerie de la Corrèze.
Aux Vergers de l'Aumaillerie, à Tersannes, en Haute-Vienne, la nuit fût tout aussi courte. Après avoir enchaîné avec le service de la crêperie "Chez Ma Pomme", tous sont restés pour veiller sur les 17 hectares de pommiers.
Bougies, chaufferettes... Avec les périodes de gel consécutives ces dernières années, tout avait été anticipé. « On était prêts. Ces périodes de froid ne sont jamais anodines, mais à la fin, on a quand même une récolte. Cela vaut le coup de travailler la nuit. », confie Delphine Brunier. Mais pour le moment, difficile d'évaluer l'ampleur des dégâts.
Des températures plus élevées en Corrèze
Perlim, le leader de commercialisation et production de l'AOP Pommes du Limousin, reste prudent face à cette vague de froid et ses conséquences sur les vergers. Le groupement travaille avec 26 gros producteurs. « C'est prématuré de dire quoi que ce soit. En Corrèze, il a fait moins froid que ce que l'on attendait, mais très froid la nuit d'avant, nous verrons donc en fin de semaine prochaine. »
En effet, les vergers AOP du Limousin sont souvent situés en altitude, sur des zones ventilées, « cela permet de limiter l'impact du froid sur les arbres. »
Partout en France, un redoux est attendu à partir du 5 avril prochain.