"À un moment donné, il va falloir nous écouter" L'exaspération des agriculteurs face aux dégâts des sangliers

Des cultures ravagées par les sangliers à Razès près de Limoges. Ce matin, le préfet de la Haute-Vienne s’est rendu sur deux exploitations pour constater les dégâts. Des échanges musclés entre les chasseurs et les agriculteurs qui s’estiment envahis par les sangliers dans la commune.

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C'est le petit matin dans la campagne près de Razès. Le soleil peine à se lever en ce jour pluvieux. Les esprits sont pourtant déjà bien échauffés. Imperméable et casquette sur la tête, le préfet de Haute-Vienne est entouré d'une quinzaine d'agriculteurs. Silencieux, il observe dans un premier temps ces agriculteurs et quelques chasseurs s'invectiver. Les échanges restent corrects, mais la tension et l'exaspération des agriculteurs est palpable. 

"Est-ce qu'on privilégie la chasse, le loisir ou notre métier d'agriculteur ? Comment on nourrit nos bêtes ?" s'insurge un premier éleveur.

"On voit les animaux dans les maïs à 7 h le soir et on ne peut rien faire" complète un autre. 

"Vous allez pouvoir le faire, on est en train de travailler sur le schéma cynégétique" se défend le préfet. 

"Ce que nous demandons depuis 10 ans, c'est ce qu'il aurait fallu faire, alors à un moment donné, il va falloir nous écouter" s'énerve un autre interlocuteur. 

Plusieurs hectares ravagés et piétinés

Dans ce secteur, les dégâts sont particulièrement importants cette année. Chez Baptise Catinaud notamment, la coupe est pleine. Il nous emmène sur une parcelle de maïs totalement ravagée par une trentaine de sangliers. Toutes les nuits, ils viennent faire leur marché. Trois hectares sur quatre ont été ravagés et piétinés. Les plants sont presque tous à terre, les rares épis qui n'ont pas été consommés par les sangliers pourrissent au sol. 

"Les dégâts ont commencé il y a une quinzaine de jours sur le haut de la parcelle, ils sont descendus en fonction de la maturité des épis et là tout est couché. Si on revient dans quatre jours, il n'y a plus rien".  8 000 euros de dégâts. Même s'il va être indemnisé en début d'année prochaine, reste le préjudice moral et le travail supplémentaire pour remettre en état la parcelle. L'abattement l'emporte sur la colère. 

"C'est un sentiment de désespoir, le dégoût du métier. C'est une passion, mais au bout d'un moment, je n'ai plus envie" se désespère l'éleveur qui a cette année renoncé à clôturer ses cultures, préférant consacrer ses moyens à ses bêtes. 

En cause, la population de sangliers dont la croissance est exponentielle dans le département. Le préfet se dit conscient des enjeux. 

"Les agriculteurs ont demandé d'avoir la possibilité de tirer à l'affût et à l'approche, ce que le règlement intérieur de l'ACCA, (association communale de chasse agréée) interdit. On a des discussions en cours avec le président de la fédération de chasse. On essaye de faire évoluer les choses sur ce point-là. Si on n'y arrivait pas, il faudrait passer à des mesures plus drastiques comme déclarer le sanglier comme un nuisible".

"Aujourd'hui, il faut envisager des solutions fortes qui auront pour conséquence de réguler fortement ce niveau de population" abonde Philippe Goursaud, chef de l'Office français de la biodiversité en Haute-Vienne.   

L’année dernière, 84 sangliers ont été tués dans la commune. Certains agriculteurs estiment ce nombre insuffisant et demandent une chasse intensive avec l’autorisation des tirs de nuit. Qu'en dit le représentant de la fédération des chasseurs, agriculteur lui aussi ?

"On est là, on est présent, se défend Thierry Michaud, le patron de l'ACCA de Razès, on essaie de réduire tous ses dégâts. On est présents tous les samedis, tous les dimanches, on reste des gens bénévoles. À chaque appel d'agriculteur, on répond présent. On a malgré tout un territoire hyper propice à cette population de sangliers. L'autoroute est un refuge pour les bêtes. Ça n'est pas si simple". 

Une battue administrative de nuit avec des louvetiers devrait être organisée prochainement pour limiter la propagation des dégradations sur les autres exploitations de la commune. 

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