Dans ce procès, une entreprise de désamiantage de Haute-Vienne est mise en cause. Les auditions de l'expert et de l'inspection du travail, ce jeudi, ont révélé des incohérences dans la réalisation des chantiers et des manquements dans les conditions de travail des salariés. La gérante décline toute responsabilité. L'audience se poursuit ce vendredi.

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Le procès de l'entreprise de désamiantage, Nouvelle Société Déconstruction Plus (NSDP), de Feytiat se poursuit ce jeudi 16 mai 2024 au tribunal correctionnel de Limoges. En ce deuxième jour de procès, malgré l'intervention d'un expert et de quatre fonctionnaires de l'inspection du travail, la dirigeante de l'entreprise haut viennoise spécialisée dans le désamiantage, 'Nouvelle société déconstruction Plus' implantée à Feytiat, renvoie la faute sur les cadres de l'entreprise, devant des victimes désabusées.

Incohérences et manquements

Cette deuxième journée d’audience, était très attendue par les plaignants : elle a commencé par l’intervention d’un expert, ce dernier a souligné des manquements concernant les phases de préparation et de confinement, lors des travaux de désamiantage. Les incohérences concernent ainsi les mesures de quantité de fibres d’amiante, réalisées lors des chantiers qui sont, selon lui, insuffisantes. Le volume de déchets des EPI (Équipement de Protection Individuel) dont font partie les masques est aussi anormalement bas.

Autre point, la durée des chantiers a été estimée trop courte au regard des superficies à traiter. L'expert a également mis en lumière des prix cassés, pratiqués par la société NSDP, inférieurs de 40% par rapport à la concurrence.

Parmi les anciens salariés qui ont porté plainte, un employé qui a fait valoir son droit de retrait en 2018 : "la santé déjà, et puis j'en avais marre de poncer à genou, on n'avait pas de matériel, on n'avait rien, on était pris pour des pions. On avait beau se plaindre, on s'en foutait, on nous engueulait. Ils s'en foutaient de nous. Pour eux, c'était l'appât du gain."

La dirigeante nie les faits

Des conditions relevées par l’inspection du travail, au cours de contrôles inopinés, notamment à Bassens, en Gironde, en 2019, où plusieurs infractions ont été constatées, par une inspectrice et trois autres agents, présents ce jeudi à l'audience. 

Mais la dirigeante n’a reconnu aucun fait, amputant ses manquements à son conducteur de travaux, rejetant lui-même la faute aux chefs d’équipes. Un comportement jugé indigne pour les victimes. "On n'est pas deux à porter plainte, on n'est pas quatre : on a été soixante à porter plainte (...) donc je pense bien qu'il y a un gros problème dans cette entreprise." 

Un expert de la DRETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail) a rappelé la dangerosité des fibres d'amiante, invisibles à l'œil nu et reconnue cancérogène pour l'homme.  On sait que ces fibres provoquent des mésothéliomes, qui se peuvent se déclarer trente à quarante ans, après avoir été exposé à l’amiante. 

Procès rallongé

Au troisième jour du procès, les plaignants se succèdent à la barre avec toujours le même discours : pressions, intimidations et menaces pour finir toujours plus vite les chantiers au mépris des règles élémentaires de sécurité.

De l'autre, les cinq prévenus de l'équipe dirigeante continuent de nier en bloc. Le va-et-vient des versions contradictoires fait donc s'éterniser les débats.

Il va falloir deux jours supplémentaires pour venir à bout de cet interminable procès et sans doute encore plusieurs semaines pour en connaître le délibéré. 

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