La région Nouvelle-Aquitaine a voté, lundi 13 mai, une aide de 650 000 euros pour l'installation d'une usine de granulés de bois pour le chauffage dans une zone industrielle au nord de Guéret. Ce projet est controversé. Ses détracteurs demandent la réalisation d'une étude d'impact.
"La seule voix qui s'est fait entendre, c'est la nôtre", regrette Jean-Louis Pagès, élu écologiste de Haute-Vienne au Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine. Lundi 13 mai, la Région a voté le soutien financier au projet d'implantation d'une usine de granulés de bois de chauffage à Guéret. Une aide financière de 650 000 euros. En mars, cette même subvention avait été retirée des délibérations.
Cette usine de chauffage portée par l’entreprise Biosyl fait polémique depuis plusieurs mois. Elle doit s'implanter sur deux communes, Saint-Fiel et Guéret. Mais ses détracteurs, dont la maire de Guéret, la députée de la Creuse, certaines associations et les écologistes limousins, dénoncent l'absence d'étude d'impact.
"On est pour la production de pellets, mais le fait que la Région accepte, ça va empêcher ce qu’on veut depuis le début, une étude d’impact (...) ça va bloquer toutes les demandes faites par les associations et les collectivités territoriales", craint Jean-Louis Pagès, présent lors de la délibération au Conseil régional.
Si la Région a bien voté l'aide financière à l'entreprise Biosyl, celle-ci est conditionnée à l'obtention du permis de construire et à une exploitation qui respecte la norme PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières). Des conditions auxquelles ne croit pas l'élu : "Ça donne des gages à Biosyl."
Monsieur Rousset, vous qui parlez de décentralisation : on a des associations, la mairie de Guéret, des riverains qui s’opposent et vous (...) depuis Bordeaux vous décidez que c‘est bien pour la Nouvelle-Aquitaine. Ça ne va pas dans le sens du respect de la population.
Jean-Louis Pagèsélu écologiste de Haute-Vienne et conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Un futur site implanté sur une zone humide ?
Une partie de la population s'oppose à ce projet qu'elle estime dangereux pour l'environnement. C'est le cas du collectif Forêt Debout. Carmen Munoz, naturaliste, en est membre. Elle craint pour la biodiversité présente sur le site d'implantation de la future usine. Le collectif a réalisé son propre inventaire en avril dernier sur les 10 hectares concernés, propriété de l’agglomération de Guéret. Résultat : le site est une zone humide riche en biodiversité. De plus, un crapaud, espèce menacée et protégée, y serait présent.
Mettre en danger une zone humide avec des espèces présentes et protégées nous semble absurde à l’heure où la biodiversité s’effondre. Pour nous, ça nous semble une aberration d’installer une usine qui va détruire nos forêts et au préalable détruire une zone humide.
Carmen Munoznaturaliste, collectif Forêt Debout
Du côté de l'entreprise Biosyl, on se réjouit de la subvention votée par les élus de la Région, à hauteur de 650 000 euros : "Pour nous, c’est une bonne nouvelle. Nous sommes très satisfaits, réagit Antoine de Cockborne, directeur-général de Biosyl. C’est notre troisième usine. Dans nos précédentes implantations, on a toujours eu le soutien de la région et des élus. Pour nous, c’est important d’avoir ce soutien et cet ancrage avec le territoire."
L’usine de Guéret va permettre à 70 000 personnes de se chauffer avec une énergie décarbonée. Le granulé de bois est 10 fois moins émetteur de CO2 que le fioul.
Antoine de CockborneDirecteur Général Biosyl
Le collectif, lui, poursuit son bras de fer. Un recours contentieux devrait être déposé dans les prochains jours. Ce qui pourrait rendre obligatoire la réalisation d’un inventaire complet de la faune et de la flore et donc, par conséquent, de retarder le projet. Biosyl a annoncé, de son côté, être bien décidé à démarrer les travaux à l'automne prochain.