Amiante : une entreprise devant le tribunal correctionnel de Limoges

Ce sont les pratiques de cette entreprise spécialisée dans le désamiantage qui sont mises en cause devant le tribunal correctionnel de Limoges, pendant un procès qui va durer trois jours. Près de cinquante salariés se sont constitué parties civiles dans cette affaire qui les oppose aux dirigeants de cette société du bâtiment.

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Entre 150 et 200 salariés se sont succédé dans l'entreprise Nouvelle Société Déconstruction Plus, spécialisé en désamiantage à Feytiat en Haute-Vienne. Ils sont près de la moitié à demander des comptes à leur ancien employeur.

Ils ont déposé plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, falsification des registres mentionnant le temps d’exposition à l’amiante et harcèlement moral. 

Des infractions poursuivies par le Parquet qui en a rajouté d'autres : non-respect du Code du travail et du Code de l'environnement. Des manquements et des comportements supposés qui se retrouvent, ce mercredi 15 mai, jugés par le Tribunal correctionnel, après de longues années d'attente puisque les premières plaintes ont été déposées en 2019.

À l'ouverture du procès, une demande de nullité de citation a été déposée par l'un des avocats de la défense, un salarié encadrant technique, mais qui n'avait pas le statut de cadre. 

Il ne connaît pas précisément ce qu'on lui reproche, les salariés ont été nombreux, les chantiers aussi, mon client ne se rendait pas sur les chantiers, donc il ne comprend pas ce qu'on lui reproche.

Michel Prouzergue

Avocat d'un encadrant technique

Les débats se sont poursuivis et lors de cette première journée de procès, le couple dirigeant a été longuement entendu, tout comme deux chefs de chantiers et l'encadrant qui a quitté la société depuis.

Dans la salle, seuls sept anciens salariés ont assisté à ce premier jour d’audience. Ils dénoncent des faits graves.

Les camions étaient remplis d'amiante, les aspirateurs, les pelles, les raclettes n'étaient pas filmés dans le camion, on repartait comme ça avec nos affaires, parce qu'ils nous ont toujours dit que si on finissait les chantiers plus tôt, on aurait des primes.

Fréderick de Susa

Désamianteur licencié en 2015

 À l'issue de cette première journée, les avocats des parties civiles pointent du doigt l’attitude de la dirigeante de l’entreprise mise en cause. La cheffe d’entreprise qui avait été, par le passé, administratrice de la CAPEB, en tant que référent amiante.

Pour Nathalie Preguimbeau, avocate de l'une des parties civiles accidenté sur un chantier n'ayant pas de filet de protection, chaque procès en matière d'atteinte aux droits des salariés et notamment aux règles de sécurité a une valeur pédagogique "sauf pour la dirigeante de l'entreprise qui ne manifeste aucune empathie et on a l'impression qu'elle ne se sent pas concernée par la moindre accusation".

Ce qu'attend mon client, c'est qu'on reconnaisse qu'on l'a exposé à des risques inconsidérés et que ça cesse, que ça ne se reproduise pas parce qu'il y a déjà trop de personnes exposées à ces risques.

Nathalie Préguimbeau

Avocate d'un salarié

Le procès se poursuit avec ce jeudi l'audition de l'Expert et des contrôleurs intervenus sur site. 

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