"Au Parlement européen, ça fonctionne très bien !" Cohabitation ou coalition, ces hommes et femmes politiques racontent leur expérience

Alors que les tractations se poursuivent pour tenter de constituer une majorité à l'Assemblée nationale, quel regard portent sur cette situation politique inédite les élus qui ont connu des périodes de cohabitation, ou de coalition ?

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"Le contexte aujourd'hui, il est très différent. La gauche a une majorité très, très relative." Élue députée de la 3ᵉ circonscription de la Haute-Vienne en 1997, Marie-Françoise Pérol-Dumont a évolué dans un hémicycle où la gauche, dite plurielle, arrivait à s’entendre : "Je me souviens d'un texte sur l'aménagement du territoire que je suivais pour le parti socialiste avec un autre camarade, il y avait aussi un camarade communiste, et il y avait Dominique Voynet qui était à la fois ministre et qui représentait les Verts. Et tous les mardis soir, nous allions travailler au ministère de l'Environnement pour arriver à négocier et nous mettre d'accord", se souvient l'ancienne députée PS, qui a aussi été sénatrice et présidente du conseil général de la Haute-Vienne.

Durant cette cohabitation entre la gauche plurielle et le président Chirac, PS, PCF, PRG, Verts et Chevènementistes ont fait voter des lois qui ont marqué la Vᵉ République : 35 heures, PACS ou CMU :  "C'est un Chirac en retrait qui a laissé gérer un parti socialiste qui était équipé d'une masse de ministres brillants. Je ne suis pas socialiste, mais il y avait des hommes et des femmes, pas mal de femmes, qui étaient des toniques. Et on a vu passer de nombreuses lois qui jouent encore en France", se souvient Raymond Archer, ancien conseiller régional du limousin et conseiller départemental 87, membre du RPR puis de l'UMP.

Le reportage d'Emmanuel Denanot, Valérie Agut et Julie Radenac :

Une France ingouvernable ?

La majorité absolue comme nécessité est une spécificité française, et pour certains, comme l'ancien conseiller municipal RPR puis UMP et leader de l’opposition à la mairie de Limoges de 1983 à 2014 Camille Geutier, la composition de l'Assemblée nationale issue des élections législatives anticipées conduit à une situation de blocage : "Aujourd'hui, le président de la République se retrouve devant la IVᵉ République, il a le régime des partis en face de lui, il va être obligé de composer avec tout le monde, il n'y a aucune majorité. Donc un pays difficilement gouvernable, si ce n'est ingouvernable."

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Figure locale du RPR puis de l'UMP, Camille Geutier est assez pessimiste sur la situation politique actuelle ©Emmanuel Denanot et Valérie Agut-France 3 Limousin

Adopter la culture de la coalition ?

Au Parlement européen ça fonctionne très bien, selon les textes ce ne sont jamais les mêmes majorités.

Jean-Paul Denanot

Député européen jusqu‘en 2018

Dans bien d'autres pays d'Europe, il est inscrit dans la culture politique que la gouvernance se mène au gré de coalitions, qui se font et se défont selon les textes et les sujets. C'est d'ailleurs selon ce modèle que fonctionne le Parlement européen. Député européen jusqu'en 2018, Jean-Paul Denanot a appris à composer avec : "Au Parlement européen, il n'y a jamais de majorité, et quand on porte un rapport, on est obligé de convaincre un certain nombre de partenaires de voter ce rapport. Ça nécessite de mettre un peu d'eau dans son vin, d'expliquer qu'ici ou là, on tient, mais qu'ailleurs, on laissera un certain nombre d'amendements se produire. Au Parlement européen, ça fonctionne très bien, ce ne sont jamais les mêmes majorités d'ailleurs."

Dans sa lettre aux Français publiée ce 10 juillet, le président de la République acte bien la nécessité imposée par le vote de ce dimanche de "l’invention d’une nouvelle culture politique française". Il s'en fait le garant, mais appelle toutefois à la constitution d'une "majorité solide". Ça prend du temps de changer les habitudes.

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