Le 7 décembre marquera le retour de la fête foraine au Champ-de-juillet, à Limoges. Jusqu'au 5 janvier, plus de quatre-vingts attractions tourneront pour petits et grands. Les forains finissent d’installer les manèges et les stands. Parmi eux, Romain Mallard est un habitué : sa famille s'occupe des manèges et machines à sous depuis cinq générations.
C'est un matin comme les autres pour Romain et Messon. Juchés à cinq mètres de hauteur, père et fils sont côte à côte pour appareiller les deux manèges du jour. Chez les Mallard, la fête foraine est avant tout une histoire de famille. Ils font partie de ceux sur lesquels la fête foraine de Limoges repose depuis des décennies.
Le 7 décembre, quatre-vingts attractions feront leur retour au Champ-de-juillet. Romain, le papa, ne raterait cela pour rien au monde : "J'ai toujours monté ici, sourit-il. Je me rappelle, quand mon père était là, quand ma mère était, quand mon grand-père faisait la fête foraine d'ici... Avant d'être forains, on faisait des spectacles. On avait des crocodiles ! On avait plein de trucs comme ça !"
Forain dans la peau
Commerçant, artisan, à trente-neuf ans, Romain ne s'imagine pas faire autre chose de sa vie. Pas de week-end, pas d'horaires. Son gagne-pain, c'est sa passion. "Mon travail premier, c'est les machines à sous, raconte-t-il. C'est les gens, la discussion... Je rencontre plein de monde. Il y a des gens que je connais depuis que j'ai douze ans, car j'ai toujours eu ça." Afin que tout soit prêt à temps, durant toute la matinée, il enchaîne les allers-retours, affairé, outils en main, passant de toit en toit, de plateforme en plateforme, multipliant les consignes à l'attention de ses proches.
Plus tard, le fils s'occupera du "Niagara"
Le secret et l'énergie des forains reposent avant tout sur la transmission. Chez les Mallard, le métier de forain s'hérite depuis cinq générations. À huit ans, le fils, Messon, sait déjà de quelle attraction il s'occupera plus tard. Ce sera le "Niagara" : une imposante salle colorée, bardée de néons et de loupiotes, qui abrite différents jeux de hasard.
"Moi, je n'aime pas trop les manèges à sensation. C'est pour ça que j'ai pris celui-là", explique l'enfant. Romain renchérit, tout en observant le garçon déployer un auvent métallique : "En fait, on n'a pas d'école, chez nous. On apprend sur le tas. Il n'y a pas d'obligation. C'est s'ils veulent, hein ! Mais forcément, les enfants aiment ça. C'est familial !"
Je réserve les écoles de foire en foire. Tous les mois, il change d'école.
Ruby Mallard, commerçante foraine
Sur les routes toute l'année, du Limousin à la Picardie, la famille Mallard a garé sa caravane sur le parking du Palais des expositions de Limoges. Elle y restera un mois. Ruby, la mère de famille, détaille un mode de vie qui peut surprendre : "C'est tous les ans les mêmes fêtes foraines que l'on fait. Du coup, je réserve les écoles de foire en foire. Tous les mois, il change d'école."
Chaque année, depuis plus d'un demi-siècle, ce sont soixante-dix familles de forains qui font tourner les têtes des Limousins pour les fêtes de fin d'année.