"C'est notre gagne-pain, nous n'avons pas le choix" : l'installation illégale d'un spectacle de "Monster Truck" fait polémique

Depuis lundi 6 novembre, une dizaine de camions et de caravanes appartenant à une famille de cascadeurs est stationné sur le parking d'un entrepôt désaffecté au Palais-sur-Vienne (Haute-Vienne). Les propriétaires assument une installation illégale de ces camions aux roues surdimensionnées.

Une dizaine d'énormes camions aux affiches colorées et sur plusieurs remorques des Monster Trucks, ces pickups américains montés sur d'énormes roues. Une nouvelle représentation spectaculaire de ces véhicules hors norme se prépare pour ce week-end au Palais-sur-Vienne. Des cartons placardés à chaque carrefour en assurent la promotion. Problème, l'installation sur le parking de l'ancien magasin Carrefour désaffecté de l'avenue Jean-Giraudoux s'est faite en toute illégalité. 

"On veut juste pouvoir travailler"

"Je vais pas vous le cacher, oui, nous nous sommes installés en toute illégalité. Pourquoi ? Parce que dans le secteur de Limoges, nous sommes devenus des indésirables. Toutes les demandes que nous faisons sont refusées. Alors, nous nous installons où nous pouvons. C'est notre gagne-pain, nous n'avons pas le choix. On veut juste pouvoir travailler. Là, un essieu sur un de nos camions s'est cassé. Nous allons nous arrêter là, le temps de réparer et nous donnerons notre spectacle deux week-ends d'affilée, puis nous partirons", explique Wesley Douchet, patron des cascadeurs Douchet.

Cette petite entreprise familiale est sur les routes 365 jours par an. La famille revient du nord de la France et s'achemine vers Bordeaux. Elle affirme avoir déjà connu une déconvenue avec la ville de Limoges il y a deux ans. Leur spectacle devait s'installer sur le parking de Cora puis, devant la foire expo, avant finalement d'être annulé par la ville. La famille en garde une grande amertume. 

"Les policiers et les élus de la ville du Palais sont venus dans la semaine. Ils ont constaté, mais ils savent bien que le temps que la procédure soit lancée, nous serons déjà repartis. Le propriétaire a porté plainte, mais nous lui avons promis de lui laisser son terrain en bon état. Nous n'allons rien casser. C'est pas le genre de la maison.", confie encore Wesley.

Pour appuyer ses allégations, il contacte également Serge Müller, vice-président de la fédération des professions foraines et circassiennes. "On a un vrai problème avec la ville de Limoges qui met des bâtons dans les roues à nos adhérents. Nous avons déjà eu l'occasion de manifester sur l'A20, il y a deux ans. Mais là, malgré les circulaires envoyées par le gouvernement aux villes et aux préfets pour parvenir à des compromis avec nous, force est de constater que Limoges ne joue par le jeu. Si la situation ne s'améliore pas, nous n'excluons pas de manifester à nouveau. Nous bloquerons la ville avec 150 camions. Ça nous désole parce qu'on n'aime pas ennuyer la population, mais pour nous, c'est une question de survie. Il faut garder en tête que le Covid nous a beaucoup affectés, au même titre que toutes les salles de spectacle. Les prix actuels du gasoil nous mettent également en grande difficulté. Il faut que les villes récalcitrantes le comprennent".

Contactée, la mairie de Limoges mise en cause ne nous a pas encore recontacté. 

Ces justifications ne sont toutefois pas de nature à consoler le propriétaire des lieux. Mis devant le fait accompli, il ne peut que prendre son mal en patience. 

"Que voulez-vous que je fasse ? Je ne suis qu'un petit bonhomme, je ne peux pas m'opposer physiquement à eux. Je subis. Ce qui m'inquiète surtout, c'est qu'il y ait un accident pendant leur spectacle. Ma responsabilité pourrait-être engagée. C'est pourquoi j'ai déposé plainte mardi et que j'alerte les médias. J'ai discuté avec eux, je peux comprendre leurs raisons. Les communes devraient pouvoir leur mettre des terrains à disposition.", explique le propriétaire désœuvré.

 "C'est ahurissant ce qui se passe"

La commune justement et plus particulièrement son maire, ne décolèrent pas. "C'est ahurissant ce qui se passe" fulmine Ludovic Géraudie. Et de lister les infractions commises : passage dans une rue interdite aux poids lourds, installation illégale sur un terrain privé, spectacle illégal non déclaré en mairie, affichage sauvage. 

"Ce ne sont pas seulement des professionnels des cascades, ils excellent aussi dans l'illégalité. Nous avons tenté une médiation avec la police, mais visiblement ces gens connaissent bien les délais administratifs. Je vous confirme également que même si j'avais été sollicité pour une installation sur le domaine public, j'aurais dit non. Nous avons quand même le droit de dire quel spectacle nous acceptons ou pas sur la commune. Avec le changement climatique, je trouve que ce type de divertissement avec gasoil et gaz d'échappement est tout à fait déplacé"

Le maire a fait publier un message sur les réseaux sociaux pour informer la population et l'inciter à ne pas fréquenter l'évènement. 

Il a également envoyé un message à la préfecture pour que des mesures soient prises pour faire vider les lieux. 

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