"C’est un cri d’alarme" : de droite et de gauche, les députés du Limousin tombent d'accord pour rejeter la loi immigration

Les motivations sur le fond sont totalement contraires, mais les six députés du Limousin se retrouvent dans une même volonté de sanctionner un comportement du gouvernement jugé méprisant envers l'Assemblée nationale.

Frédérique Meunier et Francis Dubois chez Les Républicains, Stéphane Delautrette au Parti socialiste, Manon Meunier, Catherine Couturier et Damien Maudet à La France Insoumise… Tous ont fait le même vote ce lundi 11 janvier : le rejet de la loi immigration présentée par le gouvernement.

Sur le fond, ce vote s’appuie sur des positions très différentes. La Corrézienne LR Frédérique Meunier le reconnaît sans hésiter : "On est radicalement opposés. La gauche souhaite une immigration massive alors que nous, on souhaite une immigration contrôlée." Le Haut-Viennois LFI Damien Maudet confirme ce désaccord : "C’est le rejet d’un texte de durcissement, sans réflexion sur l’accueil et sur l’intégration."

Sentiment d’être "muselés" chez les LR

Mais les élus se retrouvent sur un autre point : ce rejet est aussi une sanction pour le gouvernement. 

Côté LR, Frédérique Meunier et son collègue Francis Dubois soutenaient la version de la loi immigration votée précédemment au Sénat. Mais Frédérique Meunier s’est ensuite sentie flouée : "La loi a été revue et corrigée en commission. Deux points n’étaient plus respectés : les métiers en tension qui ouvrent la porte à une immigration massive et l’aide médicale d’État qui était remise alors qu’on avait demandé à la place une aide d’urgence." Francis Dubois partage sa frustration : "C’est à chaque fois la même chose. Quand le gouvernement nous dit qu’on refuse le débat, de qui se moque-t-on ? Si on dit qu’on n’est pas d’accord, on nous traite d’irresponsables…"

Pour Frédérique Meunier, ces changements ont fait déborder un vase déjà bien rempli : "Emmanuel Macron veut contenter une aile gauche en essayant de museler la droite qui, au bout du bout, est plutôt son alliée. Il faut arrêter de nous traiter comme si on était des moins-que-rien. C’est un cri d’alarme pour dire qu’on en a marre."

Il faut arrêter de nous traiter comme si on était des moins-que-rien. C’est un cri d’alarme pour dire qu’on en a marre

Frédérique Meunier, députée LR de Corrèze

France 3 Limousin

Selon LFI, "Ça leur pendait au nez"

Chez les députés LFI, Damien Maudet pointe la difficulté récurrente pour le gouvernement de trouver une majorité : "Soit ils clarifient et ils vont chercher des votes à droite, soient ils ne clarifient pas et c’est un risque. Ils ne peuvent pas rester entre les deux. Ça fait longtemps que ce cinéma dure. Ça leur pendait au nez."

Mais selon Manon Meunier, on ne peut pas parler de la fin du fameux "en même temps" d’Emmanuel Macron : "En réalité, depuis le début, il n’essaye pas de contenter à la fois la droite et à la fois à gauche. C’est plutôt la division que l’union. Il n’est pas dans le compromis, mais dans la stratégie. Il cherche l’union en fonction du moment."

On se parle très bien avec Damien Maudet, et on a le même ressenti.

Francis Dubois, député LR de Corrèze

France 3 Limousin

Au final, LFI et LR se retrouvent selon Francis Dubois : "On se parle très bien avec Damien Maudet, et on a le même ressenti. Nous n’avons pas les mêmes convictions, mais c’est dommage qu’on ne puisse pas en débattre avec le gouvernement."

Vers un immobilisme ?

Si le vote de ce lundi ne devrait pas entraîner à court terme une dissolution de l'Assemblée nationale, il est bien synonyme de crise politique. Frédérique Meunier assume : "On a des outils institutionnels, on les utilise. C’est le droit de chaque parti." 

Encore une fois, ce sentiment semble partagé par Damien Maudet. Pour lui, le problème ne vient pas de l'Assemblée nationale : "Le problème, c’est Emmanuel Macron qui est buté au point de refuser la démission de son ministre de l’Intérieur."

Le problème, c’est Emmanuel Macron qui est buté au point de refuser la démission de son ministre de l’Intérieur.

Damien Maudet, député LFI de Haute-Vienne

France 3 Limousin

Alors comment la situation peut-elle évoluer ? Damien Maudet regrette : "Je ne vois pas comment ça peut changer positivement. Après, ils peuvent augmenter les salaires et entamer une vraie transition écologique, mais ce n’est pas le chemin qu’ils sont en train de prendre."

Manon Meunier souhaite aussi consacrer du temps parlementaire à d’autres sujets : "J’aimerais qu’on puisse enfin se pencher sur le pouvoir d’achat, l’hôpital public, le renouvellement générationnel des agriculteurs et la sécurité alimentaire… Ce n’est pas possible de ne pas se concentrer sur ces sujets-là."

Francis Dubois, lui, voudrait "co-construire" une loi sur l'immigration, mais sans vraiment y croire : "Ce qui est le plus affligeant pour les élus et le plus attristant pour les Français, c’est que le président de la République ne nous considère pas. C’est flagrant envers les élus et c’est flagrant envers les citoyens. Je suis de nature optimiste, mais sur cette affaire, je suis pessimiste. On va vivre un immobilisme terrible."

Les députés ont tout de même encore l’intention de se faire entendre. Frédérique Meunier le martèle : "On existe, on est là pour voter les lois, et contrôler le gouvernement…"

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