Dans leur prochain spectacle intitulé Brady, les Limougeauds Jennifer Cabassu et Théo Bluteau, de la compagnie ATLATL, feront monter sur scène un troisième comédien, ou plutôt une comédienne, pour le moins hors du commun : leur lévrier Tabu.
Mi-Apollon, mi-Arnold Schwarzenegger, Brady est le personnage central du deuxième spectacle de la compagnie ATLATL. "C'est un personnage de fiction, un bodybuilder qui prépare son come-back à la compétition que l'on retrouve au moment où, dans sa routine, arrive un chien", explique Jennifer Cabassu, co-autrice de la pièce avec Théo Bluteau.
On va suivre sa routine, son come-back à la compétition, l'après-compétition, toute sa métamorphose... par le regard du chien.
Jennifer Cabassu,co-autrice de la pièce Brady
Pour jouer le rôle du canidé, les deux Limougeauds n'ont pas choisi n'importe quel animal : leur chienne, Tabu."On n'avait pas envie de faire exécuter à un chien des tours, des choses précises. On avait vraiment envie de mettre en scène une relation entre le bodybuilder et le chien. On avait envie qu'il y ait une vraie connexion, un amour... Donc pour nous, c'était évident que ce soit notre chien", argumente la comédienne et metteuse en scène.
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"Un vrai challenge"
Ce lévrier de deux ans et demi n'avait pourtant aucune expérience dans le monde du théâtre. Le duo a fait appel à Victorine Reinewald, dresseuse et comportementaliste canin ayant déjà travaillé pour le spectacle vivant et le cinéma : "C'est un vrai challenge d'avoir des chiens sur un plateau, à cause de leur énergie."
Il se passe plein de choses en même temps : il y a plein d'odeurs, des gens qui toussent, qui réagissent, qui rient, etc.
Victorine Reinewald,dresseuse et comportementaliste canin
Un contexte particulièrement délicat pour cette jeune chienne, qu'il a fallu apprivoiser. "Réussir à garder un chien dans l'attention avec l'acteur ou sur partition, sur ce qu'il doit faire, c'est ça qui peut être très compliqué", confie Victorine Reinewald.
Son approche du dressage est singulière : hors de question de faire obéir l'animal au doigt et à l'œil, mais au contraire de lui laisser le choix de faire ou de ne pas faire : "Ils ne jouent pas eux. Ils sont juste là, et la vie continue. C'est vraiment le travail des humains de faire en sorte de les happer et d'être assez intéressants pour eux pour qu'ils décident de les suivre."
Deux avant-premières
Le dressage ne peut commencer tant que les décors n'ont pas été réalisés. "J'ai vraiment besoin que les chiens prennent cet espace comme leur maison numéro 2", explique Victorine Reinewald. Chaque journée commence par le même rituel : une balade en forêt. Puis, les deux comédiens et la comportementaliste travaillent ensemble plusieurs heures pour que la chienne se sente le plus à l'aise possible au milieu des décors en suivant son rythme.
Pour l'aider, Tabu est entourée de deux autres congénères : Mesa et Olrun, les chiens de Victorine Reinewald. "Parfois, Tabu se lassait des choses qu'on lui proposait. Ce qui est normal, comme un enfant pourrait se lasser d'un jeu qu'il a déjà fait quinze fois", détaille l'experte. "Pour remobiliser son attention et son désir, on la mettait sur le côté et je faisais faire exactement la même chose à Mesa et Olrun. En voyant ça, Tabu avait de nouveau envie et revenait gonflée à bloc !"
Pour habituer la chienne à la présence du public, deux avant-premières auront lieu les 4 et 7 novembre au Théâtre de l'Union à Limoges. La compagnie se produira ensuite à la Mégisserie le 21 novembre et au Théâtre du Cloître de Bellac au mois de février 2025.