Le bureau de tabac "Le Marigny" dans le secteur de la gare de Limoges a été braqué le 7 janvier dernier. L'auteur des faits a été présenté en comparution immédiate ce lundi 15 janvier. Il a été condamné à cinq ans de prison avec maintien en détention. Il a 10 jours pour faire appel de la décision.
C'est un braquage qui - peut-être - aurait pu rester non-élucidé, si le braqueur ne s'en était pas vanté sur les réseaux sociaux. Le dimanche 7 janvier à 21h30, un homme au visage caché par une capuche est entré dans le bureau de tabac Le Marigny, près de la gare des Bénédictins à Limoges. Il a ensuite menacé les employées pour lui céder le contenu de la caisse, soit 7 120 euros. L'arme en question était un pistolet à billes, gagné par son fils à la fête foraine.
Les enquêteurs ont rapidement retrouvé l'individu, car ce dernier s'est filmé, avant, et après le braquage, pour ensuite publier ces vidéos sur les réseaux sociaux. Il montrait les liasses de billets en mains, se vantant de son action.
Lors de son interpellation à son domicile le 10 janvier, il a nié les faits, "avec un aplomb certain", selon le procureur. Pourtant, lors de la perquisition, les forces de l'ordre ont découvert son blouson à capuche, ainsi que des liasses de billets. Confronté aux vidéos en garde à vue, il est passé aux aveux.
Traumatisme des victimes
Il était donc jugé ce lundi 15 janvier à la Cité judiciaire de Limoges en comparution immédiate pour vol avec trois circonstances aggravantes : faits commis avec violence, visage dissimulé pour ne pas être identifié, et en état de récidive légale pour des faits similaires en avril 2021.
Le vol avec violence a entraîné une incapacité totale de travail de 8 jours pour l'une des employées pour stress post-traumatique. En effet, selon la vidéosurveillance de l'établissement, l'individu leur a ordonné de se coucher par terre en les menaçant de tirer, puis a pointé son arme en direction de leur tête.
Ce qui ressort, selon Maître Stéphane Chagnaud, avocat des parties civiles, "c'est le traumatisme des victimes. Ces deux personnes qui travaillaient derrière la caisse ont été prises à partie très violemment. On a des images de vidéo surveillance qui sont absolument édifiantes. On apprend après coup que l'arme était factice, mais elles ne le savaient évidemment pas".
Je ne suis pas fier de moi, j'étais alcoolisé et je ne sais pas ce qu'il m'est passé par la tête. C'était un acte de désespoir (...) je suis dans une situation financière très difficile.
Auteur du vol à main armé
Lors de sa comparution, le prévenu a avoué avoir bu de l'alcool et consommé du cannabis : "je ne suis pas fier de moi, j'étais alcoolisé et je ne sais pas ce qu'il m'est passé par la tête. C'était un acte de désespoir, cela fait quelques mois, voire une année que je suis dans une situation financière très difficile. Je pense que ce qui a déclenché ce vol, c'est le fait de ne pas pouvoir acheter de cadeaux de Noël, de ne rien avoir dans le réfrigérateur, d'avoir de fausses promesses d'embauche, des factures qui ne cessent d'augmenter". Concernant les vidéos, "c'est stupide, ce que j'ai dit. Je ne suis pas quelqu'un de mauvais".
L’homme de 34 ans est un client habitué du bar-tabac. Les employées, qui ont reconnu sa corpulence et ses vêtements, l'ont décrit comme un joueur compulsif et grand consommateur d'alcool.
Cinq ans de prison
Son avocate, Maître Marie-Sophie Gouaud, regrette que son client n'ait pas reçu d'injonction de soins : "au-delà d'une peine d'emprisonnement ferme qui était de toute façon inévitable, je le savais et lui aussi, les soins m'apparaissaient indispensables, mais ce n'est manifestement que notre point de vue à nous. Les faits qu'il a commis ne relèvent pas du grand banditisme, loin de là. C'est toujours un acte désespéré quand on fait ce genre de chose. Cela ressort aussi du dossier, et la récidive a forcément joué".
Condamné à 5 ans de prison avec maintien en détention, l'homme devra aussi payer 3 000 euros de dommages et intérêts à chacune des trois parties civiles, 7120 euros de réparation pour l'exploitant du tabac, mais aussi 1 600 euros pour le préjudice moral et l'atteinte à l'image de l'établissement. Le prévenu, qui a gardé la tête baissée tout au long du procès, dispose de 10 jours pour faire appel de la décision.