Le théâtre de la Passerelle, à Limoges, propose du 20 au 25 novembre, une nouvelle pièce : "Ce que j'appelle oubli", une création de Michel Bruzat. Seule en scène : Nadine Béchade.
C'est une pièce intense et c'est aussi un défi.
et ce que le procureur a dit, c’est qu’un homme ne doit pas mourir pour si peu, qu’il est injuste de mourir à cause d’une canette de bière
"Ce que j'appelle oubli", c'est d'abord un texte de Laurent Mauvignier, librement inspiré d'un fait divers survenu à Lyon en décembre 2009 : un homme accusé d'avoir volé une bière, est rossé à mort par des vigiles d'un supermarché. Voilà pour l'intensité.
"Ce que j'appelle oubli", c'est un texte de Laurent Mauvignier qui n'est ni un roman, ni une nouvelle. Le livre est une longue phrase qui court sur soixante-deux pages… Voilà pour le défi.
Extrait
un chewing-
gum éclate dans la bouche d’une blonde
décolorée et frisottée, juste avant la ran-
gée des caisses où on entend les bips des
articles sous la douchette des caissières,
et il va sur la droite, vers l’entrée, et bien-
tôt dans le magasin il marche dans les
rayons en se laissant porter par le son
métallique des chansons à la radio et les
couleurs criardes des promos, il laisse
flotter ses pas et ses pensées dans les allées
où il regarde les carrelages blancs, les
marques de roues des chariots, les traces
de pas, les carreaux cassés et ceux qu’on
a changés et qui sont plus clairs, il marche
avec les mouvements et les écarts qu’il
faut pour éviter les Caddie et les gens –
mais je ne sais pas s’il va tout de suite vers
les bières, je ne crois pas, il tombe dessus
presque par hasard, très vite, à droite
dans l’entrée du magasin et non pas au
fond à gauche comme il croit s’en souve-
nir, il se retrouve face aux canettes
Un défi que relève aujourd'hui la comédienne Nadine Béchade, seule sur la scène du théâtre de La Passerelle à Limoges.
Ce n'est pas le texte sur lequel je serai allée naturellement. Ce n'était pas une chose évidente. Il n'a eu de cesse de me dire que ce texte, j'allais pouvoir le servir.
Il, c'est Michel Bruzat. Pour ce metteur en scène, ce texte est plein d'espoir.
Moi qui suis pessimiste par la raison, je suis optimiste par ma volonté et mon obstination. Je crois qu'il ne faut rien lâcher.
"Ce que j'appelle oubli", théâtre de La Passerelle, du mardi 20 au samedi 25 novembre 2018 à 20h et dimanche 26 novembre 18h