Des automobilistes de Haute-Vienne ont saisi une association de défense des usagers des services publics pour dénoncer l'illégalité de certains ralentisseurs, notamment dans la commune du Palais-sur-Vienne, où les automobilistes sont forcés de lever le pied. La municipalité confirme leur conformité et s'étonne de ce débat sur la sécurité des piétons.
Au Palais-sur-Vienne, l'avenue Jean Giraudoux qui traverse la commune du nord au sud a fait peau neuve. Sur environ deux kilomètres, la chaussée vient d'être entièrement refaite. Sur ce ruban de bitume, pas moins de sept ralentisseurs ont été installés. Beaucoup trop, selon l'Association de Défense des Usagers des services publics.
Son président Alain Mauricou veut intenter une action en justice pour dénoncer ce qu'il appelle un abus. Motif invoqué : ces derniers sont positionnés sur une route inclinée, dans des virages, sur le parcours d’un autobus, autant de raisons, selon lui, pour demander au maire de retirer ces aménagements routiers.
Des ralentisseurs à gogo, mais conformes
La ville du Palais-sur-Vienne et Limoges métropole - qui a financé la nouvelle chaussée - sont formels, les dos d'ânes ont été installés dans la plus stricte légalité. Pour Laurence Marin, directrice générale adjointe de Limoges Métropole, chargée de l'aménagement des espaces publics et de la mobilité, il n'y a pas débat. Le président de l'association des usagers des services publics s'appuie sur une décision de justice rendue par le tribunal de Marseille, reposant sur l'application d'un décret, mais cette affaire ne fait pas jurisprudence. "Nous avons construit cette route en toute légalité".
Selon Alain Mauricou, qui conteste ces arguments, invoquant un décret de 1994, ces équipements pénalisent les automobilistes, car ils seraient trop hauts, "il aurait mieux valu installer des feux intelligents" affirme-t-il, au lieu des sept ralentisseurs sur l'avenue Giraudoux.
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À cet argument, Limoges Métropole rétorque que le coût des feux dits "intelligents" est très élevé (environ 30 000 euros) alors qu'en l'espèce, les ralentisseurs du Palais-sur-Vienne n'ont rien coûté, car ils ont été coulés dans la chaussée au moment de sa réfection.
Certains véhicules roulaient à plus de 80 km/heure
L'argument irréfutable reste celui de la sécurité des piétons. L'axe dessert un groupe scolaire, un terrain de sport, des parcours de promenade. Mais il relie aussi le quartier Beaubreuil. Certains automobilistes et livreurs l'utilisaient en raccourci et ne respectaient pas les limitations de vitesse, selon Christophe Barbe, premier adjoint au maire (PS) du Palais-sur-Vienne. "On a vérifié que certains conducteurs pouvaient rouler jusqu'à 80 km/heure sur cette portion, comme s'ils empruntaient une nationale !"
La Ville a donc décidé de limiter la zone à 30 km/ heure et les ralentisseurs sont là pour garantir plus de sécurité aux piétons. La métropole de Limoges rappelle que l'an dernier, ce sont cinquante-cinq piétons qui ont été victimes d'accidents en agglomération, le plus souvent à cause du non-respect de la limitation de vitesse. Quant aux riverains de l'avenue Jean Giraudoux au Palais-sur-Vienne, ils estiment, en majorité, avoir gagné en qualité de vie et en sécurité avec l'aménagement de ces ralentisseurs.