"Ces violences au sein de nos cabinets sont sous-estimées", hausse inquiétante des agressions de médecins en Haute-Vienne

Alors que le Conseil National de l'Ordre des médécins vient de rendre public son rapport sur les violences subies par les praticiens, la question est de plus en plus abordée. Sensibilisation pour les internes, enquêtes et dispositifs de sécurité doivent permettre aux professionnels de santé d'appréhender plus sereinement leur métier.

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En Haute-Vienne comme sur tout le territoire français, les agressions envers les médecins sont en hausse. Ces derniers subissent de plus en plus d'insultes, de menaces, de violences verbales ou physiques. Des professionnels de santé, au contact de patients, estiment que le risque s'est accru depuis la fin du premier confinement lié à la pandémie de Covid 19, en 2020.

À l'échelle nationale, selon un recensement réalisé par Ipsos pour le Conseil National de l'Ordre des médecins, 1581 incidents ont été rapportés en 2023, contre 1244 en 2022, soit une augmentation de 27 %. Les causes de ces agressions relèvent en particulier de "reproche relatif à la prise en charge", de "refus de prescription", de "falsification de document" ou encore de "temps d'attente jugé excessif". Dans 62 % des cas, aucune suite judiciaire n'a été donnée.

À Limoges, Éric Rouchaud est généraliste, mais aussi référent départemental en charge de la sécurité des médecins. Il recueille les déclarations de ses consœurs et confrères. En 2023, il a reçu 13 signalements, mais depuis janvier 2024, les déclarations se multiplient : "Je crois qu'on est passés à 24 signalements au conseil de l'ordre mais ça ne se traduit que par neuf plaintes et mains courantes au niveau général." Quel que soit le type de violence, le taux de procédure reste faible : "Il n'y a que 40 % des agressions physiques qui entraînent une main courante ou un dépôt de plainte, et pour les agressions verbales c'est à peine 30 %", ajoute le médecin.

Former les médecins pour les protéger

À Limoges, l’agression à main armée, d’une praticienne il y a 3 ans, dans le quartier de Beaubreuil, a marqué la profession. En octobre 2021, deux hommes l'avaient brutalement séquestrée avant de lui voler sa voiture.

>> À LIRE AUSSI : À Limoges un cabinet médical fermé après l'agression d'un médecin

Au plan national, les cas d'agressions concernent des généralistes dans six cas sur dix. Le plus souvent, ces victimes sont des femmes. Océane Brisset a décidé de se pencher sur ce fait de société. Jeune diplômée en médecine, elle lui consacre sa thèse, avec une question : "Quelles sont les attentes des médecins généralistes de Haute-Vienne concernant les dispositifs de sécurité médicale ?"

En tant que femme, désireuse de s'installer dans un cabinet, elle se pose elle-même cette question : "Ça m'a toujours fait un petit peu peur de me retrouver toute seule quand on entend, quand on voit ce qui se passe aux informations. J'avais à cœur de demander à mes collègues ce qu'ils en pensaient, si on était aidés, si des dispositifs existaient."

Forte de cette enquête, elle a déjà réfléchi à une manière d'exercer plus sereinement, en s'installant avec d'autres praticiens. Elle envisage également d'adapter son cabinet pour "garder une porte de sortie", et pourrait sécuriser son lieu de travail, avec des caméras de surveillance par exemple.

L'université prend désormais ce phénomène en compte dans la formation des futurs médecins.

"On leur parle effectivement de l'importance de déclarer, de ne pas négliger parce qu'on sait que ces violences au sein de nos cabinets sont sous-estimées", explique Karen Rudelle, maîtresse de conférence à la faculté de médecine de Limoges. "Nos internes vont aussi auprès de maîtres de stage dans leur cabinet. Au contact direct de médecins généralistes, ils peuvent parler de la sécurité au sein des cabinets."

Ça m'a toujours fait un petit peu peur de me retrouver toute seule quand on entend, quand on voit ce qui se passe aux informations.

Océane Brisset

Diplômée en médecine

En 2018, le Dr Éric Rouchaud a mis au point un dispositif de sécurité, baptisé Sécurimed. Il s'agit d'un simple bouton sur lequel un médecin peut appuyer s'il se sent en danger. Une alerte est alors envoyée au Samu et au commissariat de police. Le praticien est alors contacté par le Samu et géolocalisé par la police.

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