Colère des agriculteurs : les permanences de François Hollande et des députés LFI de Haute-Vienne murées

Les agriculteurs du Limousin sont toujours en colère, et leurs griefs se multiplient. Des membres de la FDSEA 87 se sont rassemblés ce vendredi 6 décembre 2024 devant l’ancien hôtel de région à Limoges (Haute-Vienne), avant de murer la permanence commune de Damien Maudet et de Manon Meunier, députés LFI. Leurs homologues corréziens ont décidé de faire de même en fin début de soirée à Tulle (Corrèze), avec la permanence de François Hollande.

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La mobilisation était moindre qu’à la mi-novembre, mais n’empêche. Ce vendredi 6 décembre 2024, les agriculteurs limousins sont toujours en colère, et ils l’ont fait savoir. À Limoges, tout d’abord, où dans la matinée, une dizaine de membres de la FDSEA 87 ont symboliquement garé un engin devant l’entrée principale de l’ancien hôtel de région. Puis, à Limoges également, mais aussi à Tulle, en Corrèze ce vendredi soir, ils ont décidé de murer les permanences de Damien Maudet et Manon Meunier, députés LFI, et celle de François Hollande (PS), tous trois ayant voté la censure contre le gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre 2024.

Une manifestation limougeaude spécifique

La première action limougeaude était un message direct à Alain Rousset, le président (PS) de la région Nouvelle-Aquitaine. Pour Julien Bonneaud, le secrétaire départemental du syndicat, il s’agissait de demander une augmentation des aides agricoles, et une simplification des démarches pour les obtenir.

"On revendique deux choses. Déjà le montant des subventions pour tout ce qui est bâtiments, CUMA (Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole), jeunes agriculteurs, etc. Elles ont baissé il y a deux, trois ans. On a eu une petite rallonge d’enveloppe, mais ça ne suffit pas. On est en retard, il manque de l’argent, donc on demande à Monsieur Rousset qu’il rallonge l’enveloppe. Deuxième chose, c’est tout ce qui est simplification administrative. Dès qu’on demande une subvention, c’est sans fin. Également quand on demande le paiement. C’est soi-disant informatisé, plus simple, mais en fait, pas du tout."

La censure : chose promise, chose due

Les actions contre les permanences de François Hollande à Tulle, et celle de Damien Maudet et Manon Meunier à Limoges, relevaient d’un autre grief : celui de la censure du gouvernement de Michel Barnier.

La FNSEA avait promis une riposte si cette censure était votée, car, selon elle, elle porte un coup d’arrêt à de potentielles mesures de soutien au secteur, qui devaient se trouver dans le budget 2025. Parmi ces mesures, 400 millions d’euros d’aides, une fiscalité plus avantageuse pour le gasoil non routier, des aides pour les travailleurs saisonniers et un nouveau calcul pour les retraites agricoles.

"On nous avait fait de belles promesses, les choses avançaient", confiait Julien Bonneaud. "Déjà la dissolution avait tout remis à plat. Là, on commençait à voir le jour avec le nouveau gouvernement, et puis ces messieurs les députés ont décidé que ce n’était pas le bon. Alors c’est un choix, mais pour nous, encore une fois, ça retombe à zéro. Je pense qu’un jour ou l’autre, ça va peut-être finir par nous faire devenir beaucoup plus méchants."

Même état d’esprit pour Léa Senon, membre des Jeunes Agriculteurs de la Haute-Vienne." Avec la motion de censure, on se pose beaucoup de questions, et on est là pour montrer que ça nous affecte. Toutes les choses qui nous ont été promises, et qui ont été mises en place jusque-là, ça va rester ou tomber à l’eau ? On est là pour monter notre colère."

Damien Maudet et Manon Meunier avaient pris les devants, et les vitres de leur permanence étaient couvertes d’affiche rappelant leurs positions en faveur, selon eux, des agriculteurs. En fin d’après-midi, Manon Meunier réitérait cette démarche, sur les réseaux sociaux.

 

Mais Léa Senon n’était pas convaincue. "Leurs affiches, c’est juste pour limiter la casse. D’ailleurs, on ne dégrade pas, on n’abîme pas, ils auront juste à démonter un mur. Ça va les embêter un peu, mais ce n’est pas beaucoup. Après, c’est vrai qu’on est dans le flou. Et on entend bien ce qu’ils font par ailleurs, qu’ils sont contre le Mercosur par exemple. Il y en a beaucoup qui déclarent avoir fait beaucoup de choses, mais on n’est jamais sûrs. On nous a tellement promis des choses qu’on n’a jamais eues... On fait ça ici, mais ça aurait pu être ailleurs. C’est symbolique." 

Le MERCOSUR toujours présent 

S’il n’était pas officiellement présent à l’ordre du jour des revendications, le projet de traité entre l’Union européenne et les pays du Mercosur n’était cependant pas loin. Devant l’ancien hôtel de région, Julien Bonneaud déclarait même que si "le Mercosur, c’était notre manifestation d’il y a une dizaine de jours", il était toujours présent dans leur colère. "On a toujours ça en tête, on fait un lobbying de malade, et on est toujours contre. L’élevage n’est pas la monnaie d’échange pour arriver à vendre des Airbus !" 

Et cela, alors qu’Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, était en déplacement à Montevideo, la capitale de l’Uruguay, au sommet des pays du Mercosur justement.

Et quelques heures plus tard, elle annonçait même la conclusion des négociations autour de l’accord de libre-échange, qu’elle qualifiait de "victoire".

Dans la foulée, la FNSEA publiait un communiqué de presse, évoquant une provocation et une trahison, en s’engageant à mettre en œuvre tous les moyens pour que l’accord ne soit pas ratifié (ce qui n’est d’ailleurs pas encore le cas).

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