Pendant le confinement, pas de messe mais un « drive confession » à Limoges

L’église catholique innove à Limoges avec une initiative unique en France : des confessions proposées sur le modèle du drive. Les évêques des diocèses de Limoges et de Tulle s’indignent de l’interdiction d’organiser des cérémonies religieuses jusqu’au 2 juin 2020.
 

C’est une initiative originale, inspirée de ce qui se fait aux Etats-Unis ou encore en Pologne, et pour l’instant unique en France.
Depuis le 25 avril 2020, la paroisse Saint Jean-Paul II a mis en place un « drive confession », qui permet aux fidèles de venir se confesser au volant de leur voiture, sur le parking de l’église Sainte Jeanne d’Arc.

A l’initiative de ce concept particulièrement  « moderne » : le père David de Lestapis.
Il a pris soin de faire les choses dans les règles, en prévenant l’évêque de Limoges, et en s’assurant que le secret lié au sacrement serait respecté.

C’est le cas, car l’habitable de la voiture permet une certaine discrétion. Finalement, ce n’est pas très différent de la manière dont on confesse l’été, en extérieur, lors des camps avec des jeunes ou des sessions spirituelles.


L’initiative a reçu un accueil favorable de la part des paroissiens, touchés – explique le curé – « de voir qu’on se décarcasse pour leur proposer des choses différemment, car cette période est longue et difficile pour eux ».

La paroisse a fait la promotion du "drive confession" sur les réseaux sociaux. Le nouveau concept a débuté doucement le samedi 25 avril 2020, avec trois fidèles venus se confesser. Ils étaient un peu plus nombreux ce samedi matin.

C’est formidable. Cette initiative nous permet d’avoir accès au sacrement de la confession qui est essentiel dans la vie d’un chrétien. C’est le seul sacrément auquel nous ayons accès pendant le confinement, donc c’est important. – un fidèle venu se confesser

Une mère de famille est même venue avec ses enfants :

Ils sont ravis de cette possibilité. Le dispositif n'est pas du tout choquant, au contraire, je trouve qu’il y a même une plus grande liberté de parole grâce aux deux mètres qui nous séparent.


Mais alors, quelle case faut-il cocher sur son attestation pour justifier de cette sortie ? Avec une pointe d’humour, le père de Lestapis suggère la case « raisons de santé » :

Pour nous, il y a quelque chose de thérapeutique dans la confession, dans cette démarche de pardon. Notre cœur a besoin de trouver la paix, d’être soigné en ces temps difficiles.

 

« Mésestime de la foi et de la religion »


Pour Monseigneur Pierre Bozo, évêque du diocèse de Limoges, ce "drive confession"est une idée originale et intéressante, mais c’est au mieux un pis aller…

L’évêque n’a pas caché sa surprise mardi 28 avril, lorsque le premier ministre a présenté son plan de déconfinement, prévoyant de prolonger l’interdiction des cultes au moins jusqu’au 2 juin. Les messes et cérémonies religieuses restent en effet  interdites, à l’exception des cérémonies funéraires dans la limite de 20 personnes.

Dans un communiqué publié sur le site du diocèse de Limoges, Monseigneur Bozo fait part de son incompréhension face à cette décision dans laquelle il voit « une méconnaissance et probablement une mésestime de ce que représente la dimension religieuse de l’humanité ».

N’est-ce pas au moment précis où cette crise nous fait douter profondément de la culture techno-scientifique, des recherches transhumanistes et du bien-fondé de la fuite en avant dans une croissance et une consommation exponentielles, qu’il faut permettre de réfléchir au sens de la vie ? 



Pour les Chrétiens, qui ont déjà vécu les périodes de Carême, la semaine sainte et Pâques en confinement, la perspective de ne pas pouvoir célébrer l’Ascension (le 21 mai) et la Pentecôte (le 31 mai) a du mal à passer.

 

Des conditions favorables aux mesures barrières dans les églises


Monseigneur Francis Bestion, évêque de Tulle, comprend d’autant moins la décision du gouvernement que les évêques avaient été sollicités pour mettre en place un plan de déconfinement précis, respectant les mesures barrières.
Ce plan prévoyait une reprise progressive des cultes à partir du dimanche 17 mai, en concertation avec les préfectures et en fonction des situations locales. Or les évêques ont l’impression que le premier ministre n’en a pas du tout tenu compte.

La question des cultes a été évoquée en une phrase, entre les commerces et le théâtre. La vie spirituelle des gens n’est absolument pas prise en compte.


Mgr Bestion ne comprend pas que certaines activités reprennent, comme les écoles et les commerces, et que les cultes restent interdits, alors que la mise en place des mesures barrières y est beaucoup plus facile.

L’église n’est pas un simple lieu de réunion ou de rassemblement pour assister à un spectacle. Les gens ont besoin d’aller à l’église, de communier. 


Une réunion en visio-conférence des évêques de France est prévue ce lundi 4 mai.

 

Une action devant le Conseil d’Etat


Civitas, mouvement politique et catholique traditionnaliste, présent notamment en Corrèze, a choisi d’aller plus loin.
Le 1er mai, il a lancé une action devant le Conseil d’Etat pour « rendre la messe aux catholiques ».

Civitas a déposé une requête en référé liberté contre le décret du 23 mars 2020 interdisant l’accueil du public dans les lieux de culte.
A noter que le mouvement sollicite la solidarité des fidèles pour l’aider à financer cette démarche « très onéreuse ».

 
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