L’annonce fait grincer des dents. À partir du 15 avril 2024, les contrôles techniques vont devenir obligatoires pour les deux-roues immatriculés avant le 1ᵉʳ janvier 2017. En 2027, tous les véhicules deux roues seront concernés. À Limoges, la Fédération des motards en colère a lancé un hashtag en signe de protestation.
Plusieurs centres techniques se préparent à accueillir les deux roues aux côtés des voitures. Un arrêté publié au Journal officiel le 24 octobre 2023 indique le calendrier de mise en application du contrôle technique obligatoire pour les deux-roues, trois-roues et quadricycles motorisés. Le contrôle sera échelonné en fonction de l’ancienneté des véhicules afin d’éviter un encombrement dans les centres de contrôle.
Des contrôles visuels contestés
“Dans un premier temps, on va faire des contrôles visuels et de la pollution, ce qui évoluera dans le temps en fonction des normes du contrôle technique, comme pour les véhicules”, explique Jean-Marc Meillaud, responsable d’un centre de contrôle à Limoges.
De son côté, la fédération française des motards est très remontée contre cette mesure. “Pour nous, le contrôle technique, c'est une aberration”, clame Thierry Durant, membre du bureau de la Fédération française des motards en colère 87. “Il y a d’autres moyens de faire de la prévention à la sécurité routière, comme mettre son casque et ses gants”, constate le président.
Point de blocage pour les motards, les contrôles dits visuels. Selon eux, ils sont déjà effectués par les pratiquants au quotidien. “On va amener notre moto dans un centre, et ils vont simplement regarder. Cela n’a rien à voir avec la sécurité”, s’exclame un motard.
Le #balancetoncentre lancé
En signe de contestation, la Fédération française des motards en colère a lancé le hashtag "Balancetoncentre" pour boycotter les centres qui effectueront ces contrôles techniques.
Autre argument mis sur la table : le coût de ce contrôle. Une dépense non négligeable pour certains motards. “Si je veux garder ma moto, bien sûr que je vais le faire, mais à contrecœur”, regrette Ismael Lefèvre, motard. “C’est de l’argent sur le budget que je n’ai pas envie de mettre en plus. Avec l’équipement, tout finit par coûter cher”, conclut-il.
Des contrôles jugés utiles pour certains
Malgré les critiques, plusieurs motards insistent aussi sur l'utilité du contrôle technique. "En tant que motard débutant, j'ai déjà eu des défaillances techniques auxquelles je n'avais pas prêté attention" explique un motard. "Je ne suis pas contre le contrôle technique pour ceux qui font n'importe quoi, il faut sensibiliser et ne pas rouler avec des poubelles", remarque-t-il.
De leur côté, les centres techniques l'affirment, ces contrôles sont de plus en plus demandés. "On a déjà des clients qui veulent prendre rendez-vous pour faire ce type de contrôle", indique Jean-Marc Meillaud, responsable d’un centre de contrôle à Limoges. "Ce ne seront pas des contrôles plus compliqués que pour les voitures", conclut-il.
Un calendrier échelonné
Ce contrôle technique devra être effectué avant le 31 décembre 2024 et concernera dans un premier temps les deux roues immatriculées avant le 1ᵉʳ janvier 2017. Puis, en 2025, les motos immatriculées entre le 1ᵉʳ janvier 2017 et le 31 décembre 2019. En 2026, ce sera au tour des deux roues mises en circulation avant le 31 décembre 2021. Puis en 2027, tous les véhicules seront concernés et personne ne pourra y échapper. La durée de validité de ce contrôle sera de trois ans.
Ce contrôle technique concernerait près de quatre millions de motards en France. Certains ont prévu de manifester le 13 avril prochain, deux jours avant l’entrée en vigueur de cette mesure.
Pour rappel, selon les chiffres de la Sécurité Routière, 3 170 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en 2023. Parmi elles, 707 sont des usagers de deux-roues motorisés.