Les motards en colère ne veulent pas du contrôle technique obligatoire pour les deux-roues. Ils ont prévu de faire du bruit ce samedi.
Ils rongeaient leurs freins jusqu’à maintenant. Ils ont décidé de passer à l’action. Les motards en colère descendent dans la rue et espèrent bien se faire entendre. Dans leur viseur : le retour du contrôle technique des deux-roues de plus de 125 cm3 afin de respecter la réglementation européenne.
La mesure, annulée dans un premier temps par un décret du gouvernement, a été réinstaurée par le Conseil d'Etat le 31 octobre dernier. Pour la fédération, la FFMC, "le Conseil d’Etat outrepasse son rôle, c’est n’est pas à lui de dicter au gouvernement et au Parlement les réglementations à adopter".
Marianne Grand organise le rassemblement à Bordeaux. Le convoi est attendu sur la rocade ce samedi après-midi. Cette motarde de 40 ans ne décolère pas.
"Pour nous ce qu’ils veulent mettre en place, c’est juste pour récupérer de l’argent ! Le contrôle technique ce n’est que du visuel. Nous, on tient à notre vie, on n’a pas de carrosserie, donc quand on veut rouler, on fait déjà ce contrôle nous-même. !"
Christophe Boulais, est le coordinateur FFMC 64. Pour lui aussi cette mesure n’a pas lieu d'être.
"Pourquoi payer quelqu’un qui va faire un contrôle tous les deux ans alors qu’on le fait quotidiennement ?"
Christophe Boulais coordinateur FFMC 64France 3 Aquitaine
Pour ce motard de 58 ans, les deux-roues sont souvent mieux entretenus que les voitures. Et de rappeler que lorsque le contrôle technique a été mis en place pour ces dernières en 1992, 17 % des véhicules nécessitaient une révision.
"Pourquoi payer quelqu’un qui va faire un contrôle tous les deux ans alors qu’on le fait quotidiennement ? Un motard avant de prendre la route fait toujours le tour, vérifie les organes essentiels de sécurité, on l’apprend au permis !"
À Pau, le rendez-vous est donné sur le parking du Zénith. Plusieurs centaines de motos sont attendues ce samedi après-midi pour rallier la préfecture.
Christophe Boulais en est persuadé : le contrôle technique n’aura aucun effet sur l’accidentalité des deux-roues motorisés. "Seulement 0,4 % des accidents motos sont peut-être dus à une défaillance technique. C’est souvent une usure prononcée des pneus qui n’est pas forcément la cause de l’accident".
Cet ardent défenseur des deux-roues motorisés estime que les motos polluent moins que des voitures ou de vieux véhicules. "Les particules fines émises par les pneumatiques et les freins sont beaucoup moins importantes pour une moto que pour une voiture. Une moto étant beaucoup moins lourde elle émet moins de particules".
Pas assez de contrôleurs formés
Christophe Boulais, qui a deux routières, affirme que ce contrôle technique n'est de toute façon pas réalisable par les contrôleurs eux-mêmes. Selon lui, les centres professionnels ne sont pas équipés. Ils ne seraient pas prêts et pas suffisamment nombreux. "Aujourd’hui les contrôleurs, ce sont des franchisés. Un contrôle technique moto nécessite un investissement minimum de 40.000 euros de matériels. Et les personnels ne sont pas formés !"
Si l'exécutif souhaite rendre le "moins pénalisant possible" la mise en place de ce contrôle technique "dans les mois à venir", les usagers des deux-roues espèrent tout de même être entendus du gouvernement.