Une trentaine d'enseignants du lycée Ettore Bugatti d'Illzach (Haut-Rhin) s'est mobilisée ce mercredi 18 décembre pour dénoncer des agressions de professeurs et le manque de soutien de leur direction et du rectorat.
"À qui le tour ?" Le slogan sur leur banderole est simple et percutant. C'est en fait la question que se posent les enseignants du lycée professionnel et polyvalent Ettore Bugatti d'Illzach, dans le Haut-Rhin.
"Le 3 décembre, un élève a lancé une chaise sur un enseignant et en a agressé verbalement deux autres. C'est ce qui a déclenché ce mouvement de grève" explique Serge Rossello, coprésident du syndicat Action et Démocratie CFE-CGC. "Il faut savoir que nous, les enseignants, subissons des agressions tous les jours. Cette agression est celle de trop, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase."
Entouré des professeurs de l'établissement, il développe : "On vient au lycée avec la boule au ventre" continue-t-il, "on ne sait pas ce qui va se passer dans notre journée de cours. Ce collègue est venu en cours normalement, il s’est pris une chaise dans la figure et ça peut arriver à n’importe qui d’entre nous."
Des sanctions inadaptées ?
Cet élève est passé devant le conseil de discipline, qui a prononcé une “exclusion définitive avec sursis”. Après quoi, l'élève a été changé de classe, mais a pu revenir en cours. C'est ce que la trentaine de professeurs et représentants syndicaux mobilisés ce mercredi midi, ne peut comprendre et accepter.
"L’élève qui a lancé une chaise sur l’enseignant est revenu en classe, donc les autres élèves ont vu que lorsqu’on lance une chaise sur un prof aujourd'hui, il n’y a plus de sanction."
Des élèves qui ont de moins en moins de limites d'une part et un manque de soutien de leur direction et du rectorat d'autre part, constituent une double peine aux yeux de ces enseignants. "Quand on fait une fiche d’incident, (ce qui signifie que c’est grave, précise-t-il) il n’y a pas de conséquence derrière, aucune sanction et aucune punition. Donc les élèves se croient tout permis."
Vous vous imaginez travailler tous les jours dans un climat où on vous menace, on vous agresse ? Ça suffit, c’est le ras-le-bol
Serge Rossello, Co-président du syndicat Action et Démocratie CFE-CGC
“On est dans l’ère du “pas de vague” et on étouffe nos problèmes, c’est pourquoi nous faisons cette grève. On aimerait être suivi par notre direction. Quand il y a des agressions, que ce soit puni" préconise simplement le représentant des profs. On n’arrive plus à tenir nos élèves, surtout quand on n’a pas le soutien de notre direction et de l’administration au rectorat," insiste Serge Rossello "certains enseignants sont entièrement démotivés."
Pour sa part, le rectorat déclare que "la protection fonctionnelle a été activée auprès des personnels. Cette mesure inclut des actions de prévention, de protection, d’assistance et de réparation. Un signalement au procureur de la République a été réalisé, une enquête de police est en cours. Toutes les mesures nécessaires seront prises pour assurer un environnement de travail serein et respectueux, tant pour les élèves que pour les enseignants."
Le syndicaliste affirme que lors d'une entrevue avec le recteur ce mardi, ce dernier s'est engagé à se pencher sur la question de leur lycée et à se rendre sur place prochainement. Le syndicat action démocratie CFE-CGC a déposé trois jours de préavis jusqu’aux vacances de Noël.