Une soixantaine de parlementaires et chefs de partis ont signé un courrier adressé au Premier ministre dans lequel ils demandent la nationalisation de l’entreprise iséroise Vencorex, menacée de fermeture. Une nouvelle étape pour les salariés rencontrés ce mercredi matin.
Un peu d’espoir pour les salariés de l’entreprise Vencorex, spécialisée dans la production de sel, de chlore, de soude, et de leurs dérivés, située à Pont-de-Claix (Isère).
Dans un courrier à l'initiative du président de la Métropole de Grenoble Christophe Ferrari (divers gauche), également maire de la commune, 65 personnalités politiques locales et nationales ont demandé au Premier ministre, François Bayrou, d'envisager une nationalisation partielle de l'entreprise Vencorex menacée par un redressement judiciaire.
Une requête que les élus ne revendiquent pas comme "une position idéologique" mais comme "une revendication pragmatique pour se donner tous les moyens de sauvegarder l'activité du site".
Une lueur d'espoir pour les salariés
L'initiative encourage les salariés et surtout légitime leur combat. Eux qui entament ce mercredi 18 décembre leur 56e jour de grève.
"Toutes les marques de soutien sont importantes. Celle-ci montre que notre combat peut avoir un aboutissement pour sauver l’ensemble des emplois de cette plateforme et de la filière derrière. Évidemment, ça nous donne envie de continuer à nous battre. On se dit que l’on ne fait pas ça pour rien, que ce n’est pas une lubie dans la tête de quelque syndicaliste, mais que ce projet de nationalisation est porté nationalement, politiquement", explique Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex.
Placée en redressement judiciaire en septembre 2024, l'entreprise n'a reçu qu'une seule offre de reprise émanant du groupe hongrois BorsodChem, filiale de l'entreprise chinoise Wanhua, et concurrent direct de l'actuel propriétaire de Vencorex : PTT GC. Cette offre ne prévoit le maintien que de 50 emplois sur les 460 actuels.
Une grève illimitée avait alors débuté sur la plateforme chimique. Les salariés ont obtenu un délai supplémentaire, jusqu’au 6 mars 2025, pour envisager d'autres solutions. Mais face à l'inquiétude, les soutiens politiques se sont multipliés.
Des milliers d'emplois menacés
D'autant que l’enjeu dépasse les frontières de Vencorex : l’entreprise fabrique des sels, une matière première indispensable en chimie. Sans ce sel, de nombreuses industries ne peuvent plus fabriquer leur production.
C’est le cas du groupe Arkema. La fermeture de Vencorex pourrait ainsi menacer des milliers d'emplois dans le bassin grenoblois, selon le président de la métropole.
Se dire que demain, on va dépendre d’intérêts chinois, je me dis que c’est flippant. Je me dis qu’un homme d’Etat, ministre de la France, peut comprendre ça.
Christophe Ferrari, maire du Pont-de-Claix et président de Grenoble-Alpes Métropole
"Peut-on imaginer que la plateforme de Pont-de-Claix ferme et, en cascade, celle de Jarrie ferme également en grande partie, empêchant l’approvisionnement en matière première ou en produit qui vont directement concerner la défense nationale, l’aérospatiale et autre chose ? La réponse est évidemment non, et si on ne veut pas que cette coupure soit brutale et rapide, il n’y a qu’un seul objet possible, c’est la nationalisation temporaire", estime Christophe Ferrari.
Cyrielle Chatelain, députée Les Ecologistes de l’Isère, fait partie des signataires de cette lettre. "C’est un enjeu de défense nationale parce que les produits qui sont créés par Vencorex ou par Arkema sont aujourd’hui utilisés dans des secteurs stratégiques. Aujourd’hui, on ne peut pas expliquer qu’il y a une réindustrialisation en France et laisser partir des activités aussi importantes qu’Arkema et Vencorex", estime-t-elle.
Une source gouvernementale a assuré lundi que le blocage des salariés de Vencorex est contre-productif et menacerait 3.000 emplois directs, voire 10.000 indirectement.