Les maires de Rouen et de Grand-Couronne ainsi que la CGT ont adressé un courrier, ce mardi 17 décembre 2024, au Premier ministre, François Bayrou. Ils lui demandent d'accorder un prêt de l’État au potentiel repreneur de la papeterie de Chapelle-Darblay. 200 emplois sont menacés.
L'ancienne papeterie Chapelle-Darblay, à Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime), attend toujours de connaître son sort. Fibre Excellence, associé à Véolia, est le candidat à la reprise du site et s'est fixé une date limite au 20 décembre 2024. Mais sans "un signal positif de l'Etat" d'ici là, le projet pourrait ne pas voir le jour.
Une lettre adressée à François Bayrou
Le président de la métropole de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, la maire de Grand-Couronne, Julie Lesage, et la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet ont adressé, ce mardi 17 décembre, un courrier au nouveau Premier ministre, François Bayrou.
Une lettre où ils lui demandent d'apporter des garanties : "Le temps est compté : sans signal positif de l'État d'ici au 20 décembre, le repreneur renoncera à ce projet de réindustrialisation (...) et à la création de 185 emplois directs", préviennent ces derniers. Ils ajoutent qu'un prêt "de 27 millions d’euros" de l'Etat est "nécessaire pour boucler ce projet".
Il faut sauver Chapelle Darblay! Pour l'Etat, c'est maintenant ou jamais. Un projet magnifique de réindustrialisation écologique, qui mobilise syndicats, industriels, collectivités depuis 5 ans ! Nous interpellons le 1er ministre pour sortir de l'incertitude et enfin réussir ⬇️ pic.twitter.com/IFQu0C1ufR
— Nicolas Mayer-Rossignol (@NicolasMayerNMR) December 17, 2024
Au total, le besoin est estimé à 43 millions d'euros. Mais dans un communiqué, la métropole de Rouen explique que cette estimation serait à la basse avec "la séparation des actifs 'énergies' et 'papetiers', notamment grâce à la perception par l'État de l'impôt sur la plus-value de cession des actifs 'énergies', estimés à 16 millions d'euros environ".
Un manque de 27 millions d'euros pour boucler le financement
Il ne manque donc que ces fameux 27 millions d'euros que le repreneur souhaite emprunter à l'Etat.
Un projet qui pourrait être en péril... Pourtant, cette potentielle reprise était décrite comme un accord historique. Il y a presque un an, deux industriels annonçaient s’associer pour relancer l’activité de l’usine Chapelle Darblay. La fin de quatre ans de lutte pour les anciens salariés de la papeterie. Ils sont 217 à avoir perdu leur emploi en 2020.
Veolia, numéro un mondial de l’eau et des déchets, et Fibre Excellence, premier producteur français de pâte à papier marchande, s'étaient associées pour reprendre l'entreprise en mai 2022 avec pour objectif de consolider et permettre à un nouveau projet papetier de voir le jour.
Fibre Excellence doit prendre le leadership de cette potentielle reprise
Pressentie un temps pour être le leader de l'usine, l'entreprise Veolia spécialisée notamment dans le traitement des déchets et la production de matières premières recyclées, sera finalement son fournisseur. Elle s'est engagée à fournir le carton et le papier recyclés pendant les 10 prochaines années. Le groupe Veolia a déjà investi 14 millions d’euros pour le rachat du terrain, la maintenance, et les expertises.
Ce projet de reprise est une aubaine pour les auteurs du courrier. Selon eux, cette opération permettrait à Fibre Excellence "de boucler plus facilement le financement du projet". Ils tiennent également à alerter sur le fait que : "Les plans de licenciements se multiplient et que notre industrie est à la peine, nous avons besoin de bonnes nouvelles pour monter que la désindustrialisation n’est pas une fatalité".
Le repreneur et les élus locaux ont été reçus lundi au ministère de l’Industrie. Une réponse est attendue dans les prochains jours.