Les habitants de Mazan redoutent que le nom de leur village soit associé à jamais à l'affaire des viols commis et organisés par Dominique Pelicot sur son épouse en utilisant la soumission chimique. Après trois mois et demi de surexposition médiatique, ils aspirent à retrouver une vie plus tranquille
À la veille du verdict, les Mazanais aspirent à retrouver leur tranquillité. Depuis le début du procès de Dominique Pélicot et des 50 coaccusés, de nombreux habitants souffrent de voir le nom de leur commune définitivement associé à l'affaire. "Pourquoi ne pas dire l'affaire Pelicot au lieu de dire les viols de Mazan. Toujours Mazan ! Ça ne fait pas une bonne réputation pour le village," déplore une habitante.
"On associe le nom de notre commune à ces comportements, ajoute le maire sans étiquette Louis Bonnet. On nous a dit d'écrire aux médias pour changer cela... Mais une fois que le coup est parti, on ne revient pas en arrière. La commune n'était pas préparée à ça et à l'ampleur que ça allait prendre au niveau international."
"Ça jette l'opprobre sur tout le village"
"Cette affaire vient de quelqu'un qui n'est pas du village, s'indigne Bertrand, qui croisait régulièrement Dominique Pelicot au club de tennis, ça jette l'opprobre sur tout le village. Dès qu'on sort de Mazan, on est questionnés, ça nous est tombé dessus comme ça...
"Il passait à côté du club de tennis à vélo avec un panier et le petit chat dedans. J'ai côtoyé un des plus grands criminels de l'histoire de France."
Bertrand Ferrari, habitant de Mazanà France 3 Paca
Pendant des semaines, ce village au pied du Ventoux a vu des dizaines de journalistes, caméras et micros en mains arpenter le village et questionner les habitants. Plutôt pénible à la longue. "Il y avait souvent trois équipes de tournage qui circulaient dans le village, raconte le maire. Au début, on répondait, puis on a arrêté, les commerçants et les habitants en avaient assez..."
L'élu revient d'ailleurs sur les contextes de ses propos polémiques et déplacés, en septembre à la BBC. Il avait alors déclaré : "Ça aurait pu être plus grave, il n’y a pas eu d’enfants impliqués, aucune femme n’est morte. Ce sera difficile pour la famille, mais ils pourront se reconstruire. Après tout, personne n’est mort".
"On veut tourner la page"
Des propos que Louis Bonnet a vite regrettés. "C'était dans un village voisin, raconte-t-il ce mercredi. j'étais un peu poursuivi par les journalistes. Ils ont retenu une phrase que je n'aurais pas dû prononcer. Ça m'a marqué, car j'ai été menacé."
Le maire est impatient que l'on oublie un peu Mazan et cette atroce affaire : "On veut tourner la page. Ici, il y a des festivités, un marché de Noël le week-end dernier avec les enfants et le père Noël, des produits agricoles, c'est une vie de village."
Comme Carpentras ?
L'édile craint toutefois que Mazan subisse le même sort que Carpentras, après l'affaire de la profanation du cimetière juif. "Carpentras, on en parle encore et ça doit faire au moins 30 ans (l'affaire date de 1990, ndlr). "On n'aura plus les touristes, mais on aura toujours les cyclistes, espère Claudine, autre habitante fataliste, mais persuadée que Mazan est toujours "un très beau village".
Article écrit avec Samia Boujamaa, journaliste à France 3 Provence-Alpes