Propos déplacés, harcèlement sur des policiers... En plein procès des viols de Mazan, le maire de la commune se retire

À Mazan, le mercredi 25 septembre, le conseil municipal n'a pas pu se tenir. Grand absent au rendez-vous, le maire a décidé de se mettre en retrait, craignant pour sa sécurité. Les élus d'opposition ont tourné les talons, réclamant haut et fort sa démission. Le tout sur fond d'ultra-médiatisation d'un procès qui colle à la peau de ce village du Vaucluse.

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C'en était "trop d'atteintes à l'image de Mazan". Les élus d'opposition avaient décidé de faire alliance, bien avant que les portes du conseil municipal ne s'ouvrent, ce mercredi 25 septembre. Depuis le début du procès dit "des viols de Mazan", le nom de ce village du Vaucluse est sorti de l'anonymat pour se poser sur toutes les lèvres. La famille Pélicot étant installée depuis une dizaine d'années sur la commune, les habitants, comme les élus locaux, ont dû faire face à un emballement médiatique qui les très vite dépassé, venant troubler la quiétude municipale. Résultat, ce mercredi, le maire Louis Bonnet, annonce son retrait, l'opposition réclame sa démission, tandis que des "affaires" refont surface.

Des dérapages incontrôlés 

L'élu d’opposition de la liste "Notre Village autrement", Stéphane Claudon, revient sur les déclarations malheureuses de Louis Bonnet au micro de la BBC, le 18 septembre au sujet des viols subis par Gisèle Pelicot, perpétrés par 51 coaccusés, dont son époux : “Personne n’a été tué, ça aurait pu être bien pire s’il avait tué sa femme, mais ce n’est pas arrivé et il n’y a pas eu d’enfants impliqués”, avait déclaré le maire à la télévision britannique, minimisant les faits jugés dans un procès sans précédent. Une interview "inhumaine, irréfléchie et impréparée", selon Stéphane Claudon qui ne décolère pas.

Selon lui, "le maire a manqué d'épaisseur et de finesse d'analyse" et a été trop "orgueilleux, cédant au chant des sirènes de l'information, fier de répondre aux journalistes du monde entier".

Péché d'orgueil, mais pas seulement. Stéphane Claudon souligne par ailleurs l'humour douteux du maire de la commune, et cite pour exemple une plaisanterie de Louis Bonnet dans un entretien au Figaro du 18 septembre : "Et dire que depuis le 18ᵉ siècle, il ne s’était rien passé à Mazan. On a bien eu le Marquis de Sade, qui avait son château à côté, sauf qu’à son époque il n’y avait pas de caméras, donc il n’a rien pu filmer…". Le conseiller municipal se montre gêné, puis conclut : "ça fait mal, vous savez, c'est une atteinte profonde à l'image de notre village".

La démission du maire pourrait calmer les esprits et permettre de temporiser jusqu'à ce que la pression retombe.

Stéphane Claudon, élu de la liste d'opposition NVA

France 3 Provence-Alpes

Assurément, Louis Bonnet a réveillé les ardeurs d'une opposition "plutôt calme et de bonne composition", selon les dires de Stéphane Claudon. Mais le maire de 74 ans a aussi attiré l'attention de la presse. C'est ainsi que des affaires internes, enfermées à double tour dans les placards de la mairie, se retrouvent déballées au grand jour.

Des affaires qui dérangent

Tout d'abord, cet article de Vaucluse Matin qui révèle des plaintes pour harcèlement, déposées par deux policiers municipaux contre le maire de la ville, donnant lieu à une enquête, diligentée par le Parquet de Carpentras.  

Dans la foulée, le Canard Enchaîné revient sur les connexions du maire de Mazan avec le Rassemblement National et fait remarquer qu'il semble "accumuler les casseroles". La Fédération RN du Vaucluse dans un communiqué, s'empresse de réagir, prenant clairement ses distances avec Louis Bonnet. "Il n'est pas adhérent et ne l’a jamais été”, même si le parti de Marine Le Pen concède avoir toutefois apporté son soutien à sa "liste d'intérêt local", lors des dernières élections municipales de 2020. 

Le journal satirique exhume également une affaire qui avait suscité beaucoup d'émotion dans le village. Silvère Jouberteau, adjoint aux affaires scolaires et au sport, a été condamné en 2021 à 12 mois de prison avec sursis et cinq ans de mise à l’épreuve, peine inscrite à son casier judiciaire, pour avoir tenté d’écraser puis de frapper un adolescent d’origine maghrébine à Carpentras. Malgré sa condamnation, il avait été maintenu dans sa fonction municipale par Louis Bonnet. "Un adjoint délégué aux affaires scolaires, en contact avec les enfants, condamné pour coups et blessures sur mineurs, ça pose un problème, non ? ", s'indigne Stéphane Claudon, "mais pas de clause d'inéligibilité, alors on le garde !" Voilà qui gêne aux entournures. 

Le procès de Mazan, un "catalyseur de crise"

Pour Stéphane Claudon, ces deux nouvelles plaintes de policiers municipaux contre le maire, certes, "tombent mal". Mais les affaires étaient déjà là, en souffrance. "Le procès et la médiatisation ont été un catalyseur de la crise, mais les tensions et les atteintes aux personnels de la mairie ne sont pas nouvelles ". Il est temps de retrouver de la sérénité, dit-il, et demande, au nom d'une opposition coalisée, la démission de Louis Bonnet, l'accusant par ailleurs de "mentir" et de "manipuler" ses administrés. Selon lui, l'édile ne bénéficierait d'aucune mesure de protection pour assurer sa sécurité, contrairement à ce qu'il a annoncé. "Il préfère se retirer de la vie publique, pour quelque temps, et rentre tout seul à pied chez lui dans le noir", pour éviter de se retrouver "confronté aux mazanais". 

 

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