"C'est une notoriété dont on se serait bien passée" : le village de Mazan, sous les feux des médias, entre sidération et exaspération

Petit village du Vaucluse sans histoire, Mazan se retrouve, bien malgré lui, sous le feu des projecteurs. Depuis l'ouverture du procès inédit de 51 hommes accusés de viols sur la personne de Gisèle Pelicot, habitante de la commune, les médias du monde entier arpentent les rues. Le maire refuse de laisser sa localité devenir le "village des violeurs".

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Depuis l'ouverture du "procès" sans précédent dit "des viols de Mazan", le petit village du Vaucluse est passé subitement de l'ombre à la lumière, perdant au passage sa tranquillité. Pourtant, bien des habitants appréciaient cette discrétion qui faisait son charme. Dans les rues, les mazanais ont désormais pris l'habitude de répondre aux questions des journalistes ou de les esquiver. En réalité, la famille Pelicot, installée depuis une dizaine d'années sur la commune, se fondait dans le décor et la grande majorité des personnes interrogées la connaissait de vue, ou pas du tout.

"C'est une notoriété dont on se serait bien passée", explique ce retraité vivant depuis 44 ans dans la commune, qui reconnaît toutefois que cette affaire est "invraisemblable". Casquette sur la tête, lunettes de soleil et petite barbe grisonnante, il vient d'acheter son journal, dans lequel il dit trouver "trois ou quatre articles sur Mazan chaque jour". Une publicité, selon lui, qui "peut faire du tort aux habitants". Le mazanais illustre son propos par un exemple : "quand je vais à ma partie de pétanque, certains s'étonnent, sur le ton de la plaisanterie, que je sois retenu pour jouer dans une équipe". Désagréable.

L'image du village "écornée"

Une stigmatisation que redoute Louis Bonnet, le maire de Mazan (DVD), sollicité depuis l'ouverture du procès devant la cour criminelle d'Avignon le 2 septembre, par une dizaine de médias étrangers. Il évoque "une fatigue" de ses administrés, dont les déclarations sont convoitées par une presse omniprésente, mais ne cache pas sa propre exaspération : "l'image de Mazan est écornée", s'agace l'édile, "mais si on creuse l'affaire, on s'aperçoit que sur les 6400 habitants de la commune, seulement trois mazanais figurent parmi les accusés". Louis Bonnet s'attache aussi à rappeler que "les Pelicot n'étaient installés sur la commune que depuis 2011", relativisant la profondeur de leur ancrage dans la localité : "ils étaient peu impliqués dans la vie du village".

Le maire refuse de voir Mazan devenir, peu à peu dans l'imaginaire collectif, le "village des violeurs", notamment par le recours abusif, dans la presse, à des raccourcis tels que le "procès des viols de Mazan".

"Bravo à elle"

Les Pelicot, des voisins embarrassants ? Les mazanais semblent avant tout osciller entre sidération, agacement et empathie pour la victime, comme le rappelle cette passante qui s’indigne de "l'horreur" subie par Gisèle Pelicot, tandis qu’une autre habitante tient à rappeler, en quelques mots, que l'image de marque de la commune est moins importante que celle de la plaignante, dont elle "salue le courage de se présenter ainsi devant la France entière et bien au-delà, puisque c'est devenu un scandale international". "Bravo à elle", conclut la dame, avant de filer à un rendez-vous.

L'audience devrait reprendre lundi 15 septembre, le procès est prévu pour durer quatre mois. Les mazanais devront prendre leur mal en patience, ou se résigner, même si beaucoup pensent que l’intérêt des médias pour leur village "va finir par se tasser".

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