Au début de la sixième journée du procès des viols de Mazan, les avocats de la défense ont lancé un appel au respect la présomption d’innocence devant la presse. Des plaintes vont être déposées suite à la diffusion d'informations personnelles suivies de menaces envers leurs clients.
Ce lundi 9 septembre s’est ouvert la sixième journée du procès des viols de Mazan. L’audience a été suspendue à la demande des avocats de la défense suite à la diffusion d'informations personnelles suivies de menaces envers leurs clients. “Nous, avocats de la défense, adressons ce jour un appel solennel à chacun à respecter la présomption d’innocence et à l’apaisement dans les médias”, a déclaré à la presse Me Isabelle Crépin-Dehaene, avocate de la défense, dans le hall du palais de justice d'Avignon.
Divulgation d'informations personnelles des accusés
Elle détaille que "des informations à caractère personnel des accusés : leur identité, nom, prénom, profession, adresse et parfois des photos prises dans l'enceinte même du tribunal ont été diffusées sur les réseaux sociaux, au mépris des règles les plus élémentaires de notre droit, socle de notre démocratie". En effet, sur les réseaux sociaux, de nombreuses publications ont vu le jour depuis le début du procès, dont deux qui tournent beaucoup. L'une d'elle, une liste avec l'identité des 21 accusés de cette affaire sur fond noir, précédé de l'intitulé "All men".
@france3paca Deuxième semaine du procès "des viols de Mazan" à Avignon. Après avoir écouté les victimes, la cour criminelle va s'intéresser aux 51 accusés. Ce matin, les avocats de la défense ont appelé à respecter les familles des accusés. 🎥 F. Poret / FTV #justice #proces #mazan #avocat ♬ son original - France3Paca
À ce sujet, Lilou Jourdant, membre de l’association Osez le féminisme 83 indique que la liste des prévenus est publique, tout comme le procès. "Par contre, étant donné que le procès n’est pas terminé, on ne peut pas accoler la notion de violeurs à leurs noms, souligne-t-elle. On se doit de rester dans la limite du droit. La diffusion de leur identité est dans l’intérêt général et dans l'intérêt de la protection des femmes, de savoir qui sont les prévenus dans cette affaire. Nous n’appelons ni à la haine ni au harcèlement, ce n’est pas l’objet de notre démarche."
La seconde, un trombinoscope avec les photos de certains accusés ainsi que leur identité. Des révélations qui ont conduit à des comportements délictueux durant le week-end : "des enfants d'accusés ont été pris à partie au sein de leur établissement scolaire, des épouses et proches d'accusés ont été insultés, des appels téléphoniques malveillants reçus par des accusés, avec tentatives d'intrusion à leur domicile".
Des plaintes déposées
Elle détaille qu’au vu de “la gravité de ces faits”, les avocats de la défense vont saisir le ministère public de poursuites pénales afin “de prévenir toute nouvelle forme de violence, voire, ce qui est à craindre, d'atteinte à l'intégrité physique des accusés et de leurs proches”.
Elle déclare également qu’une quinzaine de plaintes sera déposée par les différents avocats et que d’autres suivront dans les semaines à venir. Elle ajoute que chaque personne qui diffuseraient des informations à caractère personnel ou qui tiendraient des propos à connotation raciale à l'égard des accusés aux noms patronymiques à consonance étrangère seront systématiquement poursuivis. "La justice s'exerce par nos lois, dans le calme du temps et non dans la frénésie de l'instant", a-t-elle conclu.