Procès des viols de Mazan : ce que disent les experts du principal accusé, Dominique Pelicot

A l'ouverture de la deuxième semaine du procès des viols de Mazan ce lundi à Avignon, les experts se sont penchés sur la personnalité du principal accusé, Dominique Pelicot, manipulateur pervers, voyeuriste, tombé dans "une dynamique d'addiction sexuelle".

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Après avoir entendu le témoignage bouleversant de Gisèle Pelicot la semaine dernière, la cour criminelle de Vaucluse a débuté ce lundi 9 septembre l'examen de la personnalité de l'homme qui a orchestré pendant dix ans, les viols commis par des dizaines d'individus : son mari, Dominique Pelicot. Des experts, policiers, psychiatres et psychologues, ont dessiné les traits d'un homme aux multiples visages.

Pour le psychiatre Paul Bensoussan, expert judiciaire, le mot-clé c'est "clivage". "Dans une même personnalité, peuvent coexister des réalités différentes et incompatibles, qui coexistent néanmoins, d'où la cécité psychique de l'entourage", a-t-il expliqué à la presse après l'audience. "J'ai parlé de la banalité du mal, pour ne pas faire de l'accusé un monstre", a-t-il ajouté.

"Un probable fantasme de nécrophilie"

À la barre, une des deux enquêtrices de personnalité a évoqué "un probable fantasme de nécrophilie" et une "tendance à mentir par omission depuis son enfance."

La psychologue Marianne Douteau a pour sa part souligné le caractère "colérique" de l'accusé", "inspirant la crainte", "le mensonge et le secret". Des traits semblables à ceux de son père, qu'il honnissait. 

"La sexualité de monsieur Pelicot apparaît comme calquée sur sa personnalité : elle est décrite comme ordinaire en public, mais au sein de son couple, il a une sexualité tenace, comme l'échangisme que refusait son épouse et qu'il compense par l'utilisation de sites de discussions pornographiques", a-t-elle poursuivi. 

Dominique Pelicot a expliqué à la psychologue consulter des sites pornographiques "comme une addiction". Le retraité donne l'image d'un mari aimant, allant jusqu'à qualifier son épouse de "sainte". Il reconnaît "avoir un gros appétit sexuel" et conçoit que sa femme ne veuille pas consentir à toutes ses envies.

"Il filmait pour se masturber ensuite"

L'un des deux experts psychiatres entendus dans l'après-midi s'excuse de devoir rapporter crûment les raisons pour lesquelles Dominique Pelicot l'a droguée,"puisqu'elle refusait ce qu'il voulait", "endormie, elle ne pourrait rien lui refuser". L'expert psychiatre souligne que ni l'amour de son épouse, ni celui de sa fille n'ont constitué une barrière suffisante, son plaisir l'a emporté sur le reste.

Concernant les vidéos des inconnus recrutés sur internet, il précise qu'il filmait pour se masturber ensuite, et pour se protéger de ces hommes au cas où ils se retourneraient contre lui. "L’absence d’empathie est ici totale", ajoute-t-il.

Du porno gonzo avec "la femme qu'il est censé aimer"

Selon un expert, répondant aux avocats de Gisèle Pélicot, "à certains moments, on est proche du porno gonzo : un porno extrêmement proche, violent, la victime peut avoir des soubresauts, des hauts le cœur, mais c'est une actrice, là, on n'a pas une actrice mais, c'est la femme qu'il est censé aimer". 

Selon plusieurs examens psychiatriques réalisés lors de l'enquête, Dominique Pélicot apparaît "manipulateur", doté d'une personnalité "perverse", utilisant sa femme comme "appât". L'homme ne souffre "d'aucune pathologie ou d'anomalie mentale" mais d'une "déviance sexuelle ou paraphilie de type voyeurisme", concluaient-ils.

Dr Jekyll et Mr Hyde

Pour sa part, l'avocate de Dominique Pelicot conteste le fait que son client "ait pu manipuler" ses co-accusés et considère qu'il y a une "équivalence des rôles" et des responsabilités. "Depuis le début de l'instruction, le propos de Pelicot et de son avocat, c'est de dire 'ok j'ai fauté, OK, j'assumerai, mais je ne suis pas tout seul', j'entends par-ci par-là le fait qu'il soit un chef d'orchestre", mais ils ne sont pas que les musiciens", affirme Béatrice Zavarro.

Elle reconnaît sa "dualité". "On a affaire à un homme qui est aimable le jour, aimé, respectable, respecté, bon père, bon mari, etc. et on a affaire à une face sombre de sa personnalité qui ressort la nuit", un "Dr Jekyll et Mr Hyde, un homme qu'on ne soupçonne pas d'être celui qu'il est la nuit".

Dispensé d'audience ce lundi, en raison de douleurs intestinales, Dominique Pelicot devrait livrer ses premières explications mardi après-midi, si le programme prévisionnel de ce procès est respecté.

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