Ce lundi 9 septembre se poursuit le procès des viols de Mazan. La semaine dernière, Gisèle Pelicot est revenue sur son histoire avec son ex-époux et sur les faits qu'elle a vécus. Sa fille ainsi que ses belles-filles ont également été entendues à la barre de la cour criminelle de Vaucluse. Pour cette deuxième semaine, Dominique Pelicot va être au cœur du procès. Qui est-il ? France 3 Provence-Alpes fait le point.
La sixième journée du procès de Dominique Pelicot, s’ouvre ce lundi 9 septembre. La première semaine, la principale victime, Gisèle Pelicot ainsi que la fille et les belles-filles, ont été entendues à la barre. Le procès des viols de Mazan se tourne désormais vers le principal accusé et sa personnalité est au cœur de la cour criminelle de Vaucluse. Dominique Pelicot est le “chef d’orchestre” des violences sexuelles commises sur son épouse. Durant dix ans, il l’a droguée puis livrée à des dizaines d’inconnus recrutés sur un site interne, pour qu’ils la violent. Qui est Dominique Pelicot ?
Soumission chimique pendant dix ans
La sombre histoire de Gisèle Pelicot est mise au grand jour après que son époux, Dominique, aujourd’hui âgé de 74 ans, soit pris en flagrant délit en train de photographier en dessous des jupes de clientes d’un supermarché. À noter qu’il avait déjà écopé d’une amende en 2010 pour des faits similaires. Suite à cela, les enquêteurs fouillent l’ordinateur du principal accusé et trouvent 92 vidéos sur lesquelles Gisèle se fait violer par un ou plusieurs individus. Ces dossiers étaient triés et nommés : Abus/nom du violeur/date/nature de l’acte.
Dominique droguait son épouse avec des anxiolytiques puissants, puis faisait appel à des individus recrutés via un site internet, pour la violer. Plus de 200 viols ont été recensés entre juillet 2011 et octobre 2020 et 72 individus doivent être identifiés. Au total, 50 hommes âgés de 26 à 74 ans, en plus de Dominique, seront jugés durant ce procès hors norme.
Un mari “bienveillant” et un grand-père attentionné
Gisèle et Dominique Pelicot avaient tout du couple parfait. “En cinquante ans, je l’ai toujours soutenu. On a été un couple solide face à la maladie et aux ennuis financiers. On a eu des problèmes de couple, mais on est toujours restés soudés”, se souvient l’ex-épouse lors de son audition à la barre de la cour criminelle de Vaucluse. Lorsqu’elle est entendue par les enquêteurs en novembre 2020, elle décrit son mari comme un “chic type”, un “homme attentionné”.
Caroline Darian, elle, a confié à la barre qu’ils avaient “une famille unie” et qu’elle “aimait son père”. “J'aimais l'image de l'homme que je croyais connaître. L'image de cet homme sain, bienveillant, prévenant". Elle aussi a été victime de son père. Lorsqu’elle se rend au commissariat en novembre 2020, les policiers lui montrent deux photos d’une femme nue, qui semble endormie. Des photographies que son “géniteur” a diffusées sur internet. “Je découvre que mon père m'a photographiée, à mon insu, dénudée. Pourquoi ? ", interroge-t-elle.
Céline, 48 ans, épouse de David Pelicot, et Aurore P., 37 ans, ex-épouse de Florian Pelicot, ont, elles aussi, été photographiées dénudées à leur insu par Dominique Pelicot. Elles étaient pourtant persuadées d'avoir rejoint la "famille idéale", "démonstrative" et "aimante", avec un beau-père "serviable". Des clichés de Céline, enceinte de ses jumelles, nue, zoomées sur ses parties intimes, sont retrouvés. En 2019, la scène se répète.
Une enfance difficile
Lors de son audition, Gisèle Pelicot a confié connaître l'enfance difficile de son ex-époux. Elle confie que sa belle-mère était soumise à son mari tyrannique. Elle explique également que la famille avait accueilli une petite fille de cinq ans déficiente, fille avec laquelle le père était incestueux. Durant son audition, elle a également évoqué le viol que "Mr Pelicot" aurait subi à l'age de neuf ans par un infirmier, lors d'une hospitalisation. Elle livre également avoir pris connaissance qu'à l'âge de 14 ans, alors qu'il était apprenti sur un chantier a été témoin d'un viol en réunion. Gisèle Pelicot regrette qu'il ne lui en ait pas parlé et qu'ils n'aient pas traversé cela ensemble. Dominique Pelicot, lui, a pris un chemin tout autre.
Dominique à la barre
La deuxième semaine du procès débute avec les expertises de personnalité, mais aussi psychologiques et psychiatriques concernant Dominique Pelicot. Le principal accusé dans cette affaire sera normalement entendu à la barre la 10 septembre. "Il prendra le temps nécessaire pour s’expliquer… Ça risque d'être long", exprime son avocate, Me Béatrice Zavarro, qui s'attend à une "semaine d'audience très intense". "Il s'expliquera encore une fois sur les raisons pour lesquelles il a fait ça. Il s'expliquera, il se justifiera, si encore il fallait une justification à cela, parce que c'est impardonnable”, avait-elle déclaré à la presse lors de la première semaine du procès.
Mis en examen pour deux crimes
Si jusqu'en novembre 2020 rien ne venait entacher la vie du bon père de famille, depuis, son implication dans d'autres affaires fait surface. À l'autonome 2022, il est mis en examen au pôle "cold case" de Nanterre pour le viol et le meurtre de Sophie Narme, 23 ans, commis en 1991 dans le 19ᵉ arrondissement de Paris. Ces accusations sont "basées uniquement sur des rapprochements", dénonce son avocate, Béatrice Zavarro, auprès de l'AFP.
Les accusations ne s'arrêtent pas là puisqu'il est également mis en examen pour une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999. Son ADN est retrouvé sur les lieux, il reconnaît les faits. Le mode opératoire est similaire sur les deux affaires : les deux femmes étaient agentes immobilières et les faits se sont déroulés lors de visites d'appartements. Il les a alors droguées à l'éther.