Procès des viols de Mazan : vidéos, factures téléphoniques, reconnaissance faciale, comment les enquêteurs ont identifié les accusés ?

Ils sont 51 hommes, jugés depuis lundi devant la cour criminelle de Vaucluse pour les viols commis sur Gisèle Pélicot, préalablement droguée par son époux, Dominique. Ces individus recrutés sur internet ont pu être identifiés par les enquêteurs, on vous explique comment.

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Voilà maintenant trois jours que le tant attendu procès des viols de Mazan a débuté. Devant la cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, 51 hommes vont passer à la barre pour les viols qu’ils ont commis sur Gisèle Pélicot, droguée au préalable par son mari. Le procédé était toujours le même : Dominique Pélicot administrait des anxiolytiques puissants, comme du Temesta, et recrutait des hommes sur un site de rencontre pour violer sa femme. Pas de parfum, pas de vêtements, se réchauffer les mains… tout était rodé pour que Gisèle P. ne se rende compte de rien. Tous les abus étaient filmés et conservés dans un disque dur externe. Au total, 92 faits de viols sur son épouse sont recensés, par 72 hommes. Mais seule une cinquantaine d'accusés sera formellement identifiée.

Mais alors, comment les enquêteurs ont-ils réussi à identifier 51 des 72 des accusés ? Lors de ce troisième jour de procès, le commissaire en charge du dossier des viols de Mazan a détaillé, devant la cour, le long et fastidieux travail des enquêteurs pour retrouver les agresseurs de Gisèle Pélicot. 

Des vidéos retrouvées sur l'ordinateur de Dominique Pélicot 

C'est le point de départ de l'enquête. En septembre 2020, Dominique Pélicot est surpris par un vigile de magasin, en train de filmer sous les jupes des clientes, à Carpentras. C’est en fouillant dans l’ordinateur du principal accusé, saisi à son domicile, que les enquêteurs tombent sur les enregistrements vidéos des viols de son épouse.

"Chris le pompier", "David le Black"... un dossiers pour chaque homme 

Jérémie Bosse Platière, alors commissaire divisionnaire au moment des faits - et désormais directeur de la police interdépartementale (DIPN) des Hautes-Alpes - détaille que le travail de la police judiciaire a été fortement facilité par les milliers de photos et vidéos prises par le mari, enregistrées sur un disque dur puis méticuleusement décrites et classées dans un dossier "abus". Avec un sous-dossier pour chaque homme venu violer son épouse. "Une liste va alors être dressée pour chaque individu en fonction du nom du dossier", précise le commissaire. L’objectif est alors d’identifier "Chris le pompier", "Quentin", "Gaston" ou "David le Black".

Une liste de 72 individus 

Jérémie Bosse Platière explique qu’après avoir recensé quelque 200 viols sur la victime, entre juillet 2011 et octobre 2020, la plupart par son mari lui-même, les enquêteurs ont finalement dressé une liste de 72 individus restant à identifier. Face à l’ampleur du nombre de personnes soupçonnées, les policiers vont devoir étaler leurs interpellations en cinq vagues, entre fin 2020 et septembre 2021. À ce moment-là, 50 hommes, âgé de 26 à 74 ans, sont formellement identifiés, en plus du mari.

Le fil des conversations en ligne

Le directeur d'enquêtes explique qu’en parallèle, les policiers se servent des nombreuses traces laissées par les innombrables échanges téléphoniques et les conversations en ligne entre le mari et les agresseurs de son épouse.

"On va partir des numéros de téléphone (sur les factures téléphoniques de Dominique P.) et regarder à chaque date s'il y a un lien entre l'appel passé et les faits retrouvés" sur les images retrouvées, indique M. Bosse Platière.

Ce qui a également aidé les enquêteurs, c’est la (trop) longue liste de contacts bloqués sur ses téléphones, éveillant ainsi leurs soupçons. "C'est inhabituel, on voit qu'un grand nombre de contacts sont bloqués, et on pense que dans le lot, des gens seraient concernés" par les viols, poursuit le policier.

Extraction de photos et reconnaissance faciale

Vidéos à l’appui, numéros de téléphone… Autant d’informations qui permettent aux policiers de remonter aux identités de ces hommes, notamment en sollicitant les opérateurs téléphoniques : "un travail qui va s'étaler sur quasiment deux années", assure le directeur de la police interdépartementale (DIPN) des Hautes-Alpes. 

Grâce aux images retrouvées, ils vont passer les extraits dans un logiciel utilisé par la police nationale et se servir de la reconnaissance faciale. "À partir de l'extraction de la photo, cela va nous donner un taux de ressemblance. Cela va nous permettre d'identifier un tiers des auteurs", explique Jérémie Bosse Platière.

Ces 50 hommes, en plus du mari, sont jugés depuis le 2 septembre et jusqu’au 20 décembre, et tous risquent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

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