Procès des viols de Mazan : Dominique Pelicot à la barre, ce qu’il faut retenir des déclarations en dessins

Depuis l’ouverture du procès des viols de Mazan, le 2 septembre, le principal accusé, Dominique Pelicot, échappe aux photographes et aux caméras, dont la présence est interdite dans la salle d'audience. France 3 Provence-Alpes illustre, en dessins, les déclarations à retenir de sa première journée d'audition à la barre.

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Dominique Pelicot, jugé avec 50 autres hommes pour le viol de son épouse, comparaissait ce mardi 17 septembre pour la première fois depuis le début de ce procès hors norme. L’interrogatoire de personnalité, du principal accusé des "viols de Mazan", s'est déroulé dans des conditions inhabituelles. En raison de son état de santé, qui a fait planer le doute sur sa présence à l’audience ce mardi matin, sa comparution a lieu dans des "conditions particulières d'adaptation, à savoir un séquençage des auditions et un temps de repos régulier", a précisé son avocate Béatrice Zavarro.

En déclarations et en dessins, ce qu’il faut retenir de la première journée d'audience de Dominique Pelicot.

"Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle"

Dominique Pelicot est accusé d'avoir drogué son épouse pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet. Interrogé par le président de la cour, le retraité a reconnu "les faits dans leur totalité", sur sa femme Gisèle, victime de viols en état de soumission chimique." Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle", a-t-il admis, en évoquant ainsi les 50 coaccusés du procès. L'homme de 71 ans a ensuite affirmé d'une seule traite." Ils savaient tous son état avant leur venue, ils savaient tout, ils ne peuvent pas dire le contraire".

Tandis qu'on lui demande ce que ça lui fait d'avoir "embarqué des dizaines d'inconnus", le septuagénaire rétorque avec assurance : " j'ai embarqué personne, ils sont venus eux-mêmes me chercher. On m'a demandé, j'ai dit oui. Ils ont accepté, ils sont venus. Je n'ai menotté personne pour venir chez moi".

"On ne naît pas pervers, on le devient "

Durant toute la matinée, Dominique Pelicot a aussi semblé vouloir se justifier. Le septuagénaire est revenu sur le moment où tout a basculé. "Quand devient-on pervers ?", lui demande Antoine Camus, l'avocate de Gisèle Pelicot. Réponse du retraité : "on essaye, en fonction de ce qu'on a vécu, de parer à ce qui peut arriver… Ce n'est pas toujours facile". La défense pose ses questions. Dominique Pelicot fait tourner ses réponses autour des violences sexuelles qu'il dit avoir subies enfant. Il raconte notamment avoir été violé à neuf ans par un infirmier à l'hôpital de Châteauroux, avant de s'interrompre, en pleurs. Il parle ensuite de son deuxième traumatisme sexuel, lorsqu'il était apprenti sur un chantier, à 14 ans : on l'aurait forcé à avoir eu des relations sexuelles avec une femme.

"On le devient (pervers) quand on rencontre quelqu'un qui nous donne les possibilités : internet. Là ça devient pervers oui. Je pense que ça a réellement commencé en 2011". Antoine Camus lui demande s'il a eu de la haine envers Gisèle Pelicot. "Absolument pas, je n'ai jamais eu de haine envers mon épouse. Ce que j'ai fait est abominable, mais je n'ai jamais eu de haine, même quand il y a eu des moments difficiles", assure-t-il d'une voix forte. 

"Je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable"

Gisèle Pelicot est appelée à revenir à la barre pour réagir à ses propos. "Pour moi, il est difficile d'entendre ce que dit Monsieur Pelicot vient de dire. En 50 ans, j'ai vécu avec un homme... Je n'ai pas imaginé une seule seconde qu'il aurait pu faire ces actes de viol", déclare-t-elle.

"Et moi, j'ai été à côté de la plaque", répond Dominique Pelicot, "je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable", ajoute-t-il. 

Un avocat lui fait remarquer qu'il a mis en place un "schéma criminel atypique et hors normes". Sa réponse : "c'est abominable, je l'ai dit dès le départ… Je ne pensais pas en arriver là, mais l'addiction m'a emmené là".

"Je souffrais aussi de la voir comme ça, mais l'addiction était plus forte"

Après l'émotion du matin, Dominique Pelicot se montre plutôt froid à la prise de l'audience. Toujours assis, jambes croisées, il justifie sa posture par le port d'une sonde urinaire.

L'assesseure le questionne sur pourquoi il a minutieusement conservé et classé dix ans de vidéos et photos des viols sur sa femme, signalant que les experts le voient comme un "collectionneur""D'abord, il y avait une part de plaisir, mais c'était également une mesure d'assurance. Aujourd'hui, on peut, grâce à ça, retrouver ceux qui ont participé", estime-t-il, n'hésitant pas à se positionner en bienfaiteur, que les enquêteurs devraient presque remercier. "Ils ont très bien fait leur travail", glisse-t-il d'ailleurs.

"Pourquoi, alors que vous assistiez au spectacle de son déclin, vous n'avez pas trouvé la volonté d'arrêter ce que vous lui faisiez subir ?" Dominique Pelicot rétorque alors : "Je souffrais aussi de la voir comme ça, mais l'addiction était plus forte", illustrant son égocentrisme et son défaut d'empathie, décrit par les psychiatres.

"Je ne t'ai jamais touchée, jamais droguée, ni violée, je n'ai jamais fait ça".

Antoine Camus lui demande pourquoi il n'y avait pas de photos de ses fils dans son matériel informatique. "Je n'ai pas eu besoin de ce comparatif, je ne suis pas attiré par les hommes", répond Dominique Pelicot.

Un échange tendu se produit ensuite entre l'avocat des parties civiles et le principal accusé. Ce dernier est alors interrogé sur des photos de sa fille, Caroline Darian, retrouvées sur le disque dur de son père. Elle apparaît nue, avec une culotte qui n'est pas la sienne, a-t-elle affirmé. "Je ne t'ai jamais touchée, jamais droguée, ni violée, je n'ai jamais fait ça", lance Dominique Pelicot d'une voix forte, à l'attention de sa fille. Antoine Camus lui demande s'il serait capable d'inceste. "En aucun cas, je n'ai touché mes enfants, ni mes petits enfants. Je n'ai jamais touché à ma fille", affirme-t-il. Caroline Darian le fusille du regard.

"Vous reconnaissez que c'est bien vous qui avez pris cette photo ?", insiste-t-il. "Non, ce n'est pas moi, aucune des deux", assure l'accusé. "Tu mens !", lance Caroline Darian à l'autre bout de la salle face à lui. À l'extérieur de la salle d'audience, elle confiera  "J'ai envie de vomir", aux journalistes présents. 

Antoine Camus poursuit, insiste : "reconnaissez-vous que vous avez eu un regard incestueux ?". réponse de l'intéressé :  "Je n'ai jamais eu ce regard-là sur elle, c'est une demande qui m'a été faite".

"Si elle se rendait compte qu'elle était filmée, elle hurlait".

Le président lui demande ensuite s'il a déjà filmé des scènes de sexe entre lui et son épouse, avec son consentement. Dominique Pelicot assure que, si elle se rendait compte qu'elle était filmée, "elle hurlait". "Quel intérêt dans ce cas ?", demande le président. "Du plaisir, de l'égoïsme, une part de perversion", analyse le septuagénaire. Il poursuit ses questions : "comment avez-vous procédé pour arriver à ce niveau d'inconscience, pour arriver au dosage idéal pour qu'elle (Gisèle Pelicot) puisse dormir, ne pas se réveiller ?" Dominique Pelicot : "la solution finale, c'était trois comprimés (de Temesta)", ajoutant : "j'ai procédé par étapes : j'ai donné un cachet, puis un et demi, puis deux, puis deux et demi, puis trois".

"La seule personne que j'ai manipulée, c'est mon épouse. Je ne suis pas manipulateur", assure-t-il en réponse à une question de l'avocat de Jean-Pierre M, l'un des 50 coaccusés de ce procès. 

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