Procès des viols de Mazan :"Je suis un violeur" lance Dominique Pelicot devant la cour

Après des jours de suspens, sur la présence ou non de Dominique Pelicot à l'audience, c'est le jour J. Le principal accusé est dans le box des accusés ce mardi 17 septembre. Il reconnaît les faits, Gisèle Pelicot vient témoigner aussi à la barre en réaction aux propos de son ex-mari.

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C'est d'une voix faible et tremblante, limite audible et assis sur un fauteuil aménagé "plus confortable" que Dominique Pelicot prend la parole ce mardi 17 septembre. Il est arrivé vêtu d'une veste grise, marchant lentement vers le box des accusés, appuyé sur une canne. Au début de cette troisième semaine de procès, il va enfin pouvoir s'expliquer. Son audition est très attendue et a été retardée par des soucis de santé, l'éloignant dès la salle d'audience. Les enfants de Gisèle Pelicot sont absents de la salle d'audience. 

"Je suis un violeur"

Dès sa prise de parole, Dominique Pelicot a reconnu les faits. "Je reconnais les faits dans leur globalité", avant d'ajouter "je suis un violeur" comme les coaccusés "dans cette salle", affirme-t-il. Gisèle Pelicot "ne méritait pas ça", déclare son ex-mari. À ces mots, Gisèle Pelicot a remis ses lunettes fumées.

"Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire", a ajouté le retraité de 71 ans, évoquant l'état d'inconscience de sa femme Gisèle qu'il droguait pour la violer et la faire violer au domicile familial de Mazan (Vaucluse) par d'autres hommes recrutés sur internet. Invité en début d'audience à évoquer son parcours de vie, Dominique Pelicot est d'abord revenu sur deux agressions sexuelles qu'il dit avoir subies pendant sa jeunesse : un viol par un infirmier lors d'une hospitalisation à l'âge de neuf ans, puis sur un chantier quand il était apprenti à l'âge de 14 ans, où il a selon lui été forcé de participer au viol collectif d'une jeune femme handicapée.

Mais pour Me Zavarro, ces évènements ne lui servent pas à excuser la décennie de viols qu'il a fait subir à celle qui était encore à l'époque sa femme : "il constate plusieurs traumas de l'enfance, et il peut supposer que ces traumas de l'enfance ont conduit à cette personnalité-là. Mais en aucun cas, il vient dire 'Plaignez-moi' j'ai subi ça, donc fatalement il faut me pardonner de ce que j'ai fait à mon épouse'", détaille l'avocate.   "

Quel que soit le comportement que Dominique Pelicot puisse adopter à la barre, il sera toujours critiqué. Je crois que cet homme-là n'a pas vocation à être cru", a-t-elle ajouté, tout en reconnaissant avoir affaire à "des faits affreux, immondes, monstrueux".

"Il ne se dérobe pas"

Dominique Pelicot, "ne se dérobe pas" devant les faits "monstrueux" qui lui sont reprochés, a souligné son avocate, Béatrice Zavarro à l'issue de la matinée d'audience mardi.

Il ne se dérobe pas, il explique, il justifie, il est coopératif. Il aurait pu se retrancher derrière son droit au silence, malgré sa présence physique, ce n'est pas ce qu'il fait.

Maître Zavarro, avocate de Dominique Pelicot

"J’avais toute confiance en lui”

Gisèle Pelicot est allée à la barre “il est difficile d’entendre ce que dit M. Pelicot. Pendant 50 ans, j’ai vécu avec un homme dont je n’imaginais pas qu’il puisse faire ces actes de viol. Il est conscient de ses actes de viol, mais moi pas une seule seconde, je n’ai douté de cet homme. J’avais toute confiance en lui” a-t-elle déclaré. "Et moi, j'ai été à côté de la plaque", répond Dominique Pelicot, "je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable", ajoute-t-il. 

 "Je suis coupable de ce que j'ai fait. Je prie ma femme, mes enfants, mes petits-enfants, madame M. (violée par son mari selon le même procédé et en présence de Dominique Pelicot, NDLR), de bien vouloir accepter mes excuses. Je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable", a-t-il plaidé après que Gisèle Pelicot eut assuré à la cour avoir "aimé cet homme pendant 50 ans".

Soumission chimique et viols

Ce lundi soir, une expertise médicale ordonnée par le président de la cour criminelle avait conclu qu'il était en état de comparaître, éloignant, pour le moment, le scénario craint par les victimes d'un report de plusieurs semaines, voire plusieurs mois de ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique.

Le septuagénaire, accusé d'avoir pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, drogué sa femme aux anxiolytiques pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet, témoigne pour la première fois. Ils sont près de 18 coaccusés dans le box, dont Dominique Pelicot.

Les faits visant M. Pelicot avaient éclaté au grand jour après son interpellation en septembre 2020 en train de filmer sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial de Carpentras, dans le sud-est de la France. En fouillant dans son ordinateur, les enquêteurs avaient alors découvert une décennie de viols perpétrés sur celle qui était alors son épouse, principalement au domicile conjugal à Mazan (Vaucluse). Gisèle Pelicot, qui a refusé que ce dossier soit jugé à huis clos, a remercié lundi à Avignon les quelque 10.000 manifestants qui ont défilé à travers la France samedi, brandissant son visage stylisé, pour la soutenir."Grâce à vous tous, j'ai la force de mener ce combat jusqu'au bout"

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