Des manifestations en soutien aux victimes de viols et à Gisèle Pelicot se sont tenues ce samedi à Marseille et à Nice, inspirées par "le courage" de cette femme, droguée par son mari puis violée par des dizaines d'hommes.
Depuis l'ouverture du procès de Mazan, Gisèle Pelicot est devenue la figure de proue des victimes de viol et de soumission chimique, apparaissant notamment à visage découvert et refusant le huis clos. " Un courage" salué unanimement par les militantes féministes et par les femmes de tout âge venues manifester à Nice et à Marseille, pour lui apporter leur soutien ainsi qu'à toutes les victimes de viols.
Répondant à un appel national à la mobilisation, près de 500 personnes se sont rassemblées devant les marches du palais de justice de Marseille en début d'après-midi, au pied de la banderole accrochée aux grilles de l'édifice, portant ce slogan : "la honte doit changer de camp".
"C'est monstrueux et ça arrive en France"
Dominique Pelicot est accusé d'avoir drogué son épouse Gisèle et recruté sur internet des dizaines d'inconnus pour la violer, pendant dix ans. Le retraité comparait devant la cour criminelle d'Avignon aux côtés des 50 autres accusés dans ce dossier. Selon Annie, porte-drapeau de l'association Femmes solidaires, cet homme "incarne l'archétype du patriarcat dans toute son horreur" et elle évoque "la connivence de tous ceux qui n'ont jamais rien dénoncé... C'est monstrueux et ça arrive en France ", s'indigne cette militante. À ses côtés, Martine remercie Gisèle Pelicot d'avoir accepté que le procès soit ouvert au public, ce qui a permis de "remettre la notion de viol à sa place et de faire parler à la fois du consentement et de la soumission chimique", deux sujets de société prépondérants pour la jeunesse.
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Sortir du "oui, mais..."
"Les hommes sont assez absents du discours politique, public et social sur ce sujet", déplore Jérôme qui dit être venu pour "soutenir nos mères, nos grands-mères,nos sœurs (...) victimes depuis des siècles d'un viol systémique". Ce trentenaire marseillais invite la gent masculine à changer de positionnement et à sortir du "Oui, mais" pour "dire stop". Une complaisance de certains hommes envers les accusés que Martine souligne à son tour. Elle se dit même révoltée "par le discours de certains avocats dans ce procès".
À Nice, plus de 150 personnes s'étaient réunies place Masséna en fin de matinée, à instar de cette jeune fille qui tenait à afficher sa solidarité, "car on besoin de se soutenir les unes les autres dans ce combat".
On est tous Gisèle
"Les viols concernent tout le monde, des hommes y compris", fait remarquer une étudiante en droit niçoise, qui suit avec grand intérêt le procès des agresseurs de Gisèle Pelicot, "et c'est important d'être tous représentés." Brandissant sa pancarte en carton "ras le viol!", une féministe retraitée ne décolère pas : " ce qui se passe m'a fait hurler, m'a fait mal, et je trouve que les pouvoirs publics n'en font pas assez".
"On est toutes Gisèle", "violeur on te voit, victime on te croit", "tu n'es pas seule", scandaient pendant ce temps plus de mille manifestantes et manifestants réunis à Paris, place de la République. L'appel à se rassembler avait été lancé avec une affiche montrant le visage de Gisèle Pelicot, coupe au carré et lunettes rondes, dessiné par la graphiste belge "Aline Dessine" aux 2,5 millions d'abonnés sur TikTok.