Rien qu'en Haute-Vienne, l'hôtellerie-restauration fait vivre plus de 3 000 personnes. A l'heure du Covid-19, certains font de la livraison, de la vente à emporter mais la plupart des restaurants sont fermés. De nombreux professionnels sont inquiets pour la pérennité de leur activité.
"Je suis en colère !"
Stéphanie Cuq, propriétaire d'une adresse emblématique rue de la Boucherie à Limoges, reste confinée chez elle à l'instar des autres restaurateurs. Son établissement qui compte 8 salariés est mis à mal par la crise sanitaire traversée :Je suis en colère ! J'ai perdu 38 000 € de trésorerie. Mes salariés sont en chômage technique mais nous qui sommes travailleurs indépendants, personne ne nous aide ! Le report des charges c'est très bien, mais à un moment il faudra bien les rembourser. On est livrés à nous-mêmes, c'est une honte !
"On essaie de s'adapter..."
Faire contre mauvaise fortune bon coeur pourrait être le credo de Tony Dao. Après avoir fermé 3 semaines, ce restaurateur limougeaud de la rue des Arènes à rouvert depuis ce lundi 6 avril mais seulement pour de la vente à emporter et des livraisons.On essaie de s'adapter... On fait appel à un livreur indépendant, il est ganté, masqué. Il dépose la commande devant la porte, il n'y a pas de contact physique et tout est désinfecté après chaque passage. Dans le restau, il y a un périmètre d'un mètre devant le comptoir pour que les gens ne s'approchent pas.
En milieu rural aussi...
Pour certains professionnels qui font de la cuisine traditionnelle, il est compliqué d'opter pour la livraison de repas, surtout à la campagne. C'est le cas de Stéphane Villetorte, chef-cuisinier et propriétaire d'un restaurant à La Chapelle-Taillefer en Creuse. Avant la crise, avec son équipe de 3 salariés, ils assuraient 40 couverts par jour.Un chef qui régulièrement propose des recettes sur les réseaux sociaux et qui, ce week-end (11 avril), va préparer des desserts pour le personnel du CH de Guéret.Déjà près de 45 000 € de perte de chiffre d'affaires que l'on ne va jamais récupérer, c'est un sacré coup dur ! Je suis président-gérant-salarié, je n'ai pas le droit au chômage. Vous savez, nous les restaurants, on a été les premiers à fermer, on sera les derniers à rouvrir. Je crains le dépôt de bilan pour tous ceux qui n'ont pas du tout de trésorerie.
Wait and see...
Même s'il sait que tout le monde y laissera des plumes, Laurent Denys, propriétaire d'un bar-restaurant près de la cathédrale de Limoges reste philosophe. Il garde le contact avec son équipe de 12 salariés.On est en standby. On a maintenu une réunion par semaine avec l'équipe cuisine, salle et bar. En temps normal, nous les restaurateurs, nous sommes acteurs plutôt que spectateurs. Là, c'est difficile de se projetter alors que l'on ne sait pas quand nous allons rouvrir et dans quelles conditions sanitaires...avec un espacement de 2 mètres entre les tables ? On ne sait pas...
En attendant des jours meilleurs, Mimi, la cuisinière en chef du restaurant, livre quelques secrets de recettes. Un tiramisu maison et ce samedi 11 avril, un cheesecake en live depuis sa cuisine.
Difficile de se relever
En Haute-Vienne, 200 hôtels et restaurants pâtissent en silence de la crise due au Covid-19. Leurs réserves fiancières, pour ceux qui en ont, s'épuisent. Alain Guillout, président de l'UMIH 87, est dans l'expectative quant à l'avenir de son secteur.Lorsque le confinement sera levé, les repas d'affaires, de famille, on peut faire l'impasse pour les prochains mois. Les touristes, seront-ils là cet été ? On ne sait pas. Les rendez-vous culturels qui attirent du monde seront-ils annulés ? Mais peut-être que les gens auront envie de sortir, de voir du monde, qui sait ? C'est sûr, il y a déjà un impact mais c'est encore trop tôt pour avoir des réponses précises.